Proche-Orient : un «corridor maritime» attendu entre Chypre et Gaza, afin d’acheminer l'aide humanitaire
La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a déclaré le 8 mars à Chypre espérer l'ouverture le 10 mars d'un corridor permettant d'acheminer de l'aide humanitaire depuis l'île méditerranéenne vers la bande de Gaza, déchirée par la guerre entre Israël et le Hamas.
Cette annonce a suivi celle du président américain Joe Biden le 7 mars sur une opération humanitaire majeure par mer impliquant selon des responsables américains la construction d'un «port temporaire» à Gaza pour permettre l'arrivée d'«aides massives», qui pourrait cependant prendre plusieurs semaines.
Israël s'est «félicité» du corridor humanitaire maritime prévu entre Chypre et Gaza, distantes d'environ 370 km. Cette initiative «permettra l'augmentation de l'aide (entrant) dans Gaza après un contrôle de sécurité correspondant aux standards israéliens», selon les Affaires étrangères.
Après cinq mois d'une guerre dévastatrice déclenchée le 7 octobre par une attaque sanglante du Hamas contre Israël, les frappes israéliennes sur Gaza ne connaissent aucun répit : ces dernières 24 heures, au moins 78 personnes y ont péri, portant à 30 878 le bilan des morts à Gaza depuis le début du conflit selon les autorités du mouvement islamiste.
Les États-Unis, principal soutien militaire et politique d’Israël, mettent une pression grandissante sur l’État hébreu qui assiège Gaza depuis le 9 octobre et ne laisse entrer les camions d'aides qu'au compte-gouttes en provenance d'Égypte.
Selon l'ONU, sur les 2,4 millions d'habitants dans le territoire exigu, 2,2 millions sont menacés de famine avec d'importantes pénuries de nourriture et d'eau potable et 1,7 ont été déplacés par les combats et les frappes israéliennes qui ont provoqué des destructions colossales.
«La situation humanitaire à Gaza est désastreuse»
«Nous sommes très proches de l'ouverture de ce corridor», a déclaré la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen au port de Larnaca dans le sud de Chypre, le pays de l'Union européenne géographiquement le plus proche de Gaza. «Avec un peu de chance ce dimanche [10 mars]» a-t-elle poursuivi.
«La situation humanitaire à Gaza est désastreuse [...] C'est pourquoi la Commission européenne, l'Allemagne, la Grèce, l'Italie, les Pays-Bas, Chypre, les Émirats arabes unis, le Royaume-Uni et les États-Unis annoncent aujourd'hui leur intention d'ouvrir un corridor maritime pour acheminer l'aide humanitaire supplémentaire qui fait cruellement défaut», selon une déclaration commune des participants.
Tout en reconnaissant que cette opération serait «complexe», ils ont souligné leur détermination à œuvrer pour «garantir que l'aide soit acheminée le plus efficacement possible».
Accompagnée des Premiers ministres de Grèce Kyriakos Mitsotakis et de Belgique Alexander De Croo, Ursula von der Leyen doit se rendre le 17 mars en Égypte, médiateur dans le conflit et qui maintient fermée sa frontière terrestre avec la bande de Gaza.
Le 8 mars, plusieurs pays arabes et occidentaux, dont les États-Unis et la France, ont effectué de nouveaux largages aériens de nourriture et d'aides médicales. Mais ces parachutages, de même que l'envoi d'aide par la mer, ne peuvent se substituer à la voie terrestre, estime l'ONU qui met en garde contre une «famine généralisée presque inévitable» à Gaza.
Par ailleurs, cinq personnes ont été tuées et dix autres blessés par la chute de colis d'aide humanitaire largués par des avions sur la ville de Gaza, selon une source hospitalière. D'après le ministère de la Santé du Hamas, au moins 20 civils, la plupart des enfants, sont morts de malnutrition et de déshydratation à Gaza.
Les soldats israéliens ont pris de vastes secteurs du territoire palestinien depuis le lancement de leur offensive terrestre le 27 octobre, dont le petit port de Gaza.
Occupée par l'armée israélienne de 1967 à 2005, la bande de Gaza, déjà soumise à un blocus israélien depuis la prise du pouvoir par le Hamas en 2007, est bordée par Israël, l'Égypte qui garde sa frontière fermée et la mer Méditerranée.
La guerre a été déclenchée le 7 octobre par une attaque d'une ampleur sans précédent du Hamas qui a entraîné la mort d'au moins 1.160 personnes, la plupart des civils, dans le sud d'Israël, selon un décompte de l'AFP établi à partir de sources officielles.
Environ 250 personnes ont aussi été enlevées et emmenées à Gaza ce jour-là, et 130 otages y sont encore retenus, dont 31 seraient morts d'après Israël.
Cessez-le-feu : le Hamas ne fera «aucun compromis»
En riposte, Israël a juré d'anéantir le Hamas, qu'il considère comme une organisation terroriste de même que les États-Unis et l'Union européenne.
«L'armée israélienne continuera à opérer dans toute la bande de Gaza, y compris à Rafah (sud), le dernier bastion du Hamas», a répété le 7 octobre le Premier ministre Benjamin Netanyahu. Pour parvenir à la «victoire totale», Israël déclare préparer une offensive terrestre sur Rafah, à la frontière égyptienne, où sont massés près de 1,5 million de Palestiniens selon l'ONU.
«Nous dormions quand un missile a touché la maison. Tout le monde a commencé à crier. Ma belle-sœur et ses enfants ont été tués. Nous ne savons pas où aller maintenant avec nos enfants», a relaté en pleurs à Rafah Jamila Abou Audeh, une déplacée de 55 ans.
Après quatre jours de négociations infructueuses au Caire, les négociations sur une trêve impliquant les pays médiateurs - Égypte, Qatar, États-Unis- doivent reprendre la semaine prochaine, selon le média égyptien progouvernemental Al-Qahera News.
Les médiateurs espéraient pouvoir arracher un accord sur une trêve associée à une libération d'otages en échange de prisonniers palestiniens avant le ramadan, le mois sacré du jeûne pour les musulmans, qui commence en début de semaine prochaine.
Le Hamas ne fera «aucun compromis» sur ses exigences d'un cessez-le-feu définitif et d'un retrait des troupes israéliennes en échange de tout accord sur une libération des otages, a déclaré ce 7 mars le porte-parole de sa branche armée. Des conditions refusées par Israël.