Présidentielle au Sénégal : la campagne débute sans le principal opposant, toujours emprisonné
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C’est officiel : la campagne pour l’élection présidentielle a débuté au Sénégal ce samedi 9 mars. Après de longues semaines d’attente et d’incertitudes, la décision de Macky Sall de fixer l’élection présidentielle au dimanche 24 mars vient mettre un coup d’accélérateur à un processus qu’il avait lui-même stoppé. Le 3 février dernier, le président sénégalais avait en effet annoncé annuler la présidentielle du 25 février, à peine dix heures avant le début de la campagne électorale. Sa décision avait provoqué de vives tensions dans ce pays de 18 millions d’habitants, réputé stable et démocratique.
La campagne, qui vient donc de débuter, se terminera vendredi 22 mars, selon un décret présidentiel publié jeudi soir, soit une semaine de moins que le délai normalement prévu par le code électoral. Elle se déroulera pendant le mois de jeûne musulman, le ramadan, qui doit débuter ce lundi. "Cet horizon qui se dégage, c’est la victoire de tout le peuple qui voulait aller à une élection dont il était privé", a indiqué Babacar Guèye, membre d’un mouvement citoyen, à l’AFP.
Les 19 candidats retenus par le Conseil constitutionnel sont tous en ordre de bataille pour réorganiser leur campagne. Ils ont tous été convoqués vendredi à la RTS, la chaîne de télévision publique, pour enregistrer les clips de campagne qui seront diffusés à partir de dimanche. En coulisses, certains candidats se disent néanmoins déboussolés de voir l’élection arriver si vite, rapporte Jeune Afrique. "Nous n’étions pas dans cette logique. Nous, nous nous attendions à un forcing de Macky Sall, puisqu’il refusait de prendre un décret convoquant l’élection. Il nous faut désormais nous réorganiser totalement. Cela représente beaucoup de logistique", confie l’un d’entre eux.
19 candidats dont un en prison
Ce samedi 9 mars, le candidat du pouvoir, l’ancien Premier ministre Amadou Ba, tout juste démis de ses fonctions pour briguer campagne, doit présenter son programme devant la presse à Dakar, tout comme le principal parti d’opposition dissout, le Pastef. Toutefois, ce dernier connaît une situation particulière et inédite au Sénégal : ses deux principales figures sont toujours en détention. Ousmane Sonko, chef de file du parti antisystème et acteur principal d’un bras de fer avec le pouvoir qui a tourné depuis 2021 à une confrontation meurtrière dans laquelle des dizaines de personnes ont perdu la vie et des centaines d’autres ont été arrêtées, reste hors course pour la présidentielle. Et son suppléant, Bassirou Diomaye Faye, candidat officiel du parti pour le scrutin, est lui aussi en détention - il avait été arrêté en avril 2023 pour outrage à magistrat après une publication sur Facebook. Cette situation est l’une des grandes zones d’ombre de cette campagne électorale.
Selon leurs avocats, tous deux devraient bénéficier de la loi d’amnistie générale votée dans la controverse le 6 mars dernier. Proposée par le président Macky Sall pour "pacifier l’espace public", elle concerne tous les délits ou crimes commis entre le 1er février 2021 et le 25 février 2024, jugés ou non, "se rapportant à des manifestations ou ayant des motivations politiques". Mais si la loi a été votée à l’Assemblée nationale avec une large majorité, elle n’a toujours pas été promulguée. Selon le journal Jeune Afrique, celle-ci ne sera pas promulguée avant le 14 mars, mais le candidat pourrait bénéficier d’une remise en liberté plus tôt.
Autre incertitude : la date du second tour de l’élection. Il doit normalement avoir lieu 14 jours après le premier. Toutefois, cela conduirait au 7 mars, soit 5 jours après la fin officielle du mandat de Macky Sall. Le président de l’Assemblée nationale pourrait prendre le relais de la passation de pouvoir avec le successeur de Macky Sall, mais la question n’est pas encore tranchée.