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2024

Spoliation, pillage et beauté : une autre histoire de nos musées

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À qui appartient la beauté ? Pour Oscar Wilde, « la beauté est dans les yeux de celui qui la regarde » . Mais comment expliquer les multiples phénomènes d’appropriation culturelle et de déplacements d’objets d’arts en provenance du monde entier vers les grands musées nationaux européens de Paris, Londres, Amsterdam ou encore Berlin ? L’historienne de l’art Bénédicte Savoy propose dans son ouvrage d’étudier tour à tour des déplacements d’objets d’art relevant de contextes très variés, qu’il s’agisse de fouilles archéologiques, de pillages, de spoliation ou encore d’acquisitions qualifiées de légales. L’engouement récent du 7 e art pour le sujet, notamment à travers le blockbuster hollywoodien Monuments Men réalisé par le célèbre George Clooney en 2014, est le signe d’une prise de conscience à grande échelle d’un phénomène pourtant ancien. Un vocabulaire à questionner D’emblée, l’historienne de l’art insiste sur la dimension hautement politique du vocabulaire employé pour désigner les actions qui ont mené ces œuvres à l’exil. Elle cite alors le cas français où les termes de « spoliation » et de « pillage » renvoient inévitablement à la période de l’Occupation mais ne sont jamais utilisés pour désigner nos propres agissements. Sont ainsi préférés les expressions de « conquêtes artistiques » ou de « confiscations révolutionnaires » qui adoptent le point de vue des vainqueurs, là où le terme de spoliation évoque le point de vue des victimes. Afin d’éviter toute lecture politique de ces déplacements d’œuvres d’art, Bénédicte Savoy propose ainsi le terme plus neutre de « translocations patrimoniales ». En outre, le vocabulaire soulève un problème supplémentaire : celui de l’impossible traduction des concepts de « musées » ou de « patrimoine » dans bon nombre de langues parlées dans les régions victimes de dépossession, et notamment en Afrique subsaharienne. Comment alors penser un phénomène sans disposer des concepts appropriés ? Les musées européens, vitrines de la géopolitique des XIX e et XX e siècles Dès la fin du XVIII e siècle, des transferts massifs de biens culturels ont eu lieu et ont très largement contribué à la « renommée des musées européens ». Ainsi, les collections présentes dans ces lieux nous renseignent non seulement sur l’histoire de l’art mais aussi sur l’évolution de la géopolitique mondiale. Le buste de Néfertiti, découvert par un archéologue allemand au Caire en 1912 et rapatrié à Berlin dans le cadre de ce que l’on qualifie d’ « impérialisme scientifique », devient pendant les années de guerre une conséquence collatérale de l’antagonisme historique franco-allemand. En effet, l’affrontement militaire et politique de ces deux puissances se prolongent d’un point de vue scientifique et artistique, et c’est dans ce contexte que les premières demandes de restitution du buste de Néfertiti sont adressées à Berlin, soutenues par les Français qui y voient une opportunité de « poursuivre avec des moyens scientifiques et culturels la guerre contre les "Boches" » . Pour sa part, la statue de la « Reine Bangwa » apparaît comme un exemple symptomatique de la spoliation patrimoniale menée au cours de l’expansion allemande au Cameroun, et plus largement lors des occupations coloniales.  L’historienne de l’art porte en outre un regard neuf sur le traité de Versailles, signé le 28 juin 1919, dont l’un des points des négociations demeure méconnu. En effet, au-delà des sommes d’argent exigées de l’Allemagne au titre des réparations pour sa responsabilité dans le déclenchement de la guerre, Bénédicte Savoy nous rappelle que la restitution d’œuvres d’art a également été imposée aux musées berlinois. Ainsi, le retour du retable de l’ Agneau Mystique des frères Van Eyck en Belgique fait partie des dispositions légales présentes dans le traité de Versailles. Ce qui ne fut pas le cas pour l’ Enseigne de Gersaint de Watteau, malgré l’insistance des Français… Ce dernier a toutefois fait partie d’une exposition itinérante après 1945, à l’initiative des États-Unis, afin de rendre hommage à la culture européenne sortie indemne des atrocités de la guerre, comme une sorte de victoire supplémentaire face à l’Allemagne nazie. Cette diplomatie patrimoniale se poursuit d’une certaine manière au XXI e siècle, comme en témoigne la restitution par le milliardaire François Pinault des têtes de bronze du Palais d’été de Pékin à la Chine en 2013. Questionner l’accessibilité réelle de ces lieux qualifiés d’universels Bénédicte Savoy poursuit sa réflexion en abordant l’une des thématiques les plus éclairantes de son ouvrage : comment justifier que certains jouissent d’un patrimoine réputé universel quand d’autres en sont tenus éloignés, tant physiquement qu’économiquement ? Elle pose ainsi la question de l’accessibilité réelle des musées européens qui n’ont de cesse de se présenter comme les dépositaires de ce shared heritage (héritage partagé, universel). Dans un contexte de renforcement des frontières et de difficultés croissantes pour obtenir des visas, mais aussi face aux coûts de mobilité qui ne sont accessibles et abordables que pour une infime minorité de citoyens issus des pays d’origine des œuvres, la plupart d’entre eux ne pourront jamais visiter ces lieux qualifiés d’universels. Pour illustrer ces problématiques, l’historienne de l’art s’appuie sur l’exemple de la statuette de la « reine Bangwa » : elle explique ainsi que « tout objet transporté d’un endroit à un autre crée aussi un manque là où il n’est plus » . Ainsi, le peuple camerounais subit une « double perte » : il est privé de son patrimoine depuis l’époque coloniale allemande et, de surcroît, ne peut y accéder ni par le biais de publications en langues française ou anglaise, ni par le biais d’internet – où les œuvres ne sont pas répertoriées –, ni même en se rendant sur place dans les musées allemands, bravant ainsi les difficultés de visas et de frais de déplacement, car les objets Bangwa ne sont quasiment pas exposés. Ainsi, en 2023, un collectif de chercheurs germanistes de l’université de Dschang (ville proche du lieu de production originel de l’art Bangwa) s’est associé à l’université technique de Berlin pour publier un Atlas de l’absence qui répertorie le patrimoine manquant. Elle termine sa réflexion en mentionnant, à juste titre, le fait que « si des restitutions devaient effectivement avoir lieu un jour, cela aurait des conséquences géopolitiques majeures pour l’art africain dans le monde entier » . Penser le retour Le 9 novembre 2021, l’hypothèse d’un retour en Afrique de biens culturels spoliés est devenue pour la première fois réalité : les ministres de la culture français et béninois ont signé l’acte de restitution de 26 statues monumentales, trônes, éléments d’architecture, textiles et objets religieux provenant d’Abomey, ancienne capitale du royaume du Daxiomè, dans l’actuel Bénin. La France est ainsi devenue le premier pays au monde à rendre à son pays d’origine des biens culturels saisis en situation coloniale, ouvrant une nouvelle ère dans la géopolitique mondiale. Or, Bénédicte Savoy insiste : « Les restitutions patrimoniales ne se limitent pas au retour physique des œuvres » ; elles recouvrent également d’importants enjeux culturels, économiques et sociaux. Le retour d’une partie de ces traces matérielles issues du passé pose la question de la reconnexion de ces biens culturels avec les réalités du XXI e siècle et implique un temps de réacclimatation, mais aussi de réappropriation, à la fois culturelle et épistémologique. Il s’agit à présent de (re)trouver une signification à ces œuvres, de les rendre intelligibles et accessibles au peuple béninois en dehors des systèmes de pensées occidentaux qui se les sont appropriés si longtemps et en ont écrit la narration. Bénédicte Savoy forge le concept de « géopoétique » du patrimoine africain qui doit se resocialiser dans son contexte d’origine qui lui est, au fil des décennies, devenu étranger. Pour les pays et les peuples lésés qui réclament à grand cris une forme de « justice patrimoniale » s’appuyant sur les déclarations de l’UNESCO qui stipulent que la propriété culturelle est un élément fondamental de chaque civilisation, il s’agit désormais de penser le retour de leurs biens culturels, non seulement sur leur sol, mais aussi dans leur identité, dans leur sensibilité en tant que communautés. Les musées européens se sont affirmés, au cours de l’histoire, comme les dépositaires de l’art mondial, ces lieux universels qui abritent, protègent et valorisent le « patrimoine commun de l’humanité ». L’ambition de l’ouvrage de Bénédicte Savoy est de « faire la lumière sur le passé et les conditions d’exil de ces objets » . En effet, il paraît crucial de porter à la connaissance des visiteurs les contextes qui ont permis à ces musées d’acquérir une telle renommée, ce que l’historienne de l’art appelle « regarder en face notre Histoire » .  Elle termine son ouvrage en opposant les termes de possession et de propriété que nous avons pourtant tendance à utiliser indifféremment. La possession désigne la puissance effective d’un individu sur une chose, là où la propriété apparaît comme la disposition du pouvoir légal sur une chose. Or, d’un point de vue légal, la propriété reste attachée à l’individu même quand la chose en question lui est soustraite. Cette distinction pourrait-elle permettre de répondre à la question posée par l’ouvrage : « À qui appartient la beauté exposée dans nos musées ? »   *Crédit photo : Jean-Pierre Dalbéra par Flickr, statues du palais royal d'Abomey.

À qui appartient la beauté ? Pour Oscar Wilde, « la beauté est dans les yeux de celui qui la regarde ». Mais comment expliquer les multiples phénomènes d’appropriation culturelle et de déplacements d’objets d’arts en provenance du monde entier vers les grands musées nationaux européens de Paris, Londres, Amsterdam ou encore Berlin ? L’historienne de l’art Bénédicte Savoy propose dans son ouvrage d’étudier tour à tour des déplacements d’objets d’art relevant de contextes très variés, qu’il s’agisse de fouilles archéologiques, de pillages, de spoliation ou encore d’acquisitions qualifiées de légales. L’engouement récent du 7e art pour le sujet, notamment à travers le blockbuster hollywoodien Monuments Men réalisé par le célèbre George Clooney en 2014, est le signe d’une prise de conscience à grande échelle d’un phénomène pourtant ancien.

Un vocabulaire à questionner

D’emblée, l’historienne de l’art insiste sur la dimension hautement politique du vocabulaire employé pour désigner les actions qui ont mené ces œuvres à l’exil. Elle cite alors le cas français où les termes de « spoliation » et de « pillage » renvoient inévitablement à la période de l’Occupation mais ne sont jamais utilisés pour désigner nos propres agissements. Sont ainsi préférés les expressions de « conquêtes artistiques » ou de « confiscations révolutionnaires » qui adoptent le point de vue des vainqueurs, là où le terme de spoliation évoque le point de vue des victimes. Afin d’éviter toute lecture politique de ces déplacements d’œuvres d’art, Bénédicte Savoy propose ainsi le terme plus neutre de « translocations patrimoniales ». En outre, le vocabulaire soulève un problème supplémentaire : celui de l’impossible traduction des concepts de « musées » ou de « patrimoine » dans bon nombre de langues parlées dans les régions victimes de dépossession, et notamment en Afrique subsaharienne. Comment alors penser un phénomène sans disposer des concepts appropriés ?

Les musées européens, vitrines de la géopolitique des XIXe et XXe siècles

Dès la fin du XVIIIe siècle, des transferts massifs de biens culturels ont eu lieu et ont très largement contribué à la « renommée des musées européens ». Ainsi, les collections présentes dans ces lieux nous renseignent non seulement sur l’histoire de l’art mais aussi sur l’évolution de la géopolitique mondiale. Le buste de Néfertiti, découvert par un archéologue allemand au Caire en 1912 et rapatrié à Berlin dans le cadre de ce que l’on qualifie d’ « impérialisme scientifique », devient pendant les années de guerre une conséquence collatérale de l’antagonisme historique franco-allemand. En effet, l’affrontement militaire et politique de ces deux puissances se prolongent d’un point de vue scientifique et artistique, et c’est dans ce contexte que les premières demandes de restitution du buste de Néfertiti sont adressées à Berlin, soutenues par les Français qui y voient une opportunité de « poursuivre avec des moyens scientifiques et culturels la guerre contre les "Boches" ». Pour sa part, la statue de la « Reine Bangwa » apparaît comme un exemple symptomatique de la spoliation patrimoniale menée au cours de l’expansion allemande au Cameroun, et plus largement lors des occupations coloniales. 

L’historienne de l’art porte en outre un regard neuf sur le traité de Versailles, signé le 28 juin 1919, dont l’un des points des négociations demeure méconnu. En effet, au-delà des sommes d’argent exigées de l’Allemagne au titre des réparations pour sa responsabilité dans le déclenchement de la guerre, Bénédicte Savoy nous rappelle que la restitution d’œuvres d’art a également été imposée aux musées berlinois. Ainsi, le retour du retable de l’Agneau Mystique des frères Van Eyck en Belgique fait partie des dispositions légales présentes dans le traité de Versailles. Ce qui ne fut pas le cas pour l’Enseigne de Gersaint de Watteau, malgré l’insistance des Français… Ce dernier a toutefois fait partie d’une exposition itinérante après 1945, à l’initiative des États-Unis, afin de rendre hommage à la culture européenne sortie indemne des atrocités de la guerre, comme une sorte de victoire supplémentaire face à l’Allemagne nazie. Cette diplomatie patrimoniale se poursuit d’une certaine manière au XXIe siècle, comme en témoigne la restitution par le milliardaire François Pinault des têtes de bronze du Palais d’été de Pékin à la Chine en 2013.

Questionner l’accessibilité réelle de ces lieux qualifiés d’universels

Bénédicte Savoy poursuit sa réflexion en abordant l’une des thématiques les plus éclairantes de son ouvrage : comment justifier que certains jouissent d’un patrimoine réputé universel quand d’autres en sont tenus éloignés, tant physiquement qu’économiquement ? Elle pose ainsi la question de l’accessibilité réelle des musées européens qui n’ont de cesse de se présenter comme les dépositaires de ce shared heritage (héritage partagé, universel). Dans un contexte de renforcement des frontières et de difficultés croissantes pour obtenir des visas, mais aussi face aux coûts de mobilité qui ne sont accessibles et abordables que pour une infime minorité de citoyens issus des pays d’origine des œuvres, la plupart d’entre eux ne pourront jamais visiter ces lieux qualifiés d’universels.

Pour illustrer ces problématiques, l’historienne de l’art s’appuie sur l’exemple de la statuette de la « reine Bangwa » : elle explique ainsi que « tout objet transporté d’un endroit à un autre crée aussi un manque là où il n’est plus ». Ainsi, le peuple camerounais subit une « double perte » : il est privé de son patrimoine depuis l’époque coloniale allemande et, de surcroît, ne peut y accéder ni par le biais de publications en langues française ou anglaise, ni par le biais d’internet – où les œuvres ne sont pas répertoriées –, ni même en se rendant sur place dans les musées allemands, bravant ainsi les difficultés de visas et de frais de déplacement, car les objets Bangwa ne sont quasiment pas exposés. Ainsi, en 2023, un collectif de chercheurs germanistes de l’université de Dschang (ville proche du lieu de production originel de l’art Bangwa) s’est associé à l’université technique de Berlin pour publier un Atlas de l’absence qui répertorie le patrimoine manquant. Elle termine sa réflexion en mentionnant, à juste titre, le fait que « si des restitutions devaient effectivement avoir lieu un jour, cela aurait des conséquences géopolitiques majeures pour l’art africain dans le monde entier ».

Penser le retour

Le 9 novembre 2021, l’hypothèse d’un retour en Afrique de biens culturels spoliés est devenue pour la première fois réalité : les ministres de la culture français et béninois ont signé l’acte de restitution de 26 statues monumentales, trônes, éléments d’architecture, textiles et objets religieux provenant d’Abomey, ancienne capitale du royaume du Daxiomè, dans l’actuel Bénin. La France est ainsi devenue le premier pays au monde à rendre à son pays d’origine des biens culturels saisis en situation coloniale, ouvrant une nouvelle ère dans la géopolitique mondiale.

Or, Bénédicte Savoy insiste : « Les restitutions patrimoniales ne se limitent pas au retour physique des œuvres » ; elles recouvrent également d’importants enjeux culturels, économiques et sociaux. Le retour d’une partie de ces traces matérielles issues du passé pose la question de la reconnexion de ces biens culturels avec les réalités du XXIe siècle et implique un temps de réacclimatation, mais aussi de réappropriation, à la fois culturelle et épistémologique. Il s’agit à présent de (re)trouver une signification à ces œuvres, de les rendre intelligibles et accessibles au peuple béninois en dehors des systèmes de pensées occidentaux qui se les sont appropriés si longtemps et en ont écrit la narration. Bénédicte Savoy forge le concept de « géopoétique » du patrimoine africain qui doit se resocialiser dans son contexte d’origine qui lui est, au fil des décennies, devenu étranger. Pour les pays et les peuples lésés qui réclament à grand cris une forme de « justice patrimoniale » s’appuyant sur les déclarations de l’UNESCO qui stipulent que la propriété culturelle est un élément fondamental de chaque civilisation, il s’agit désormais de penser le retour de leurs biens culturels, non seulement sur leur sol, mais aussi dans leur identité, dans leur sensibilité en tant que communautés.

Les musées européens se sont affirmés, au cours de l’histoire, comme les dépositaires de l’art mondial, ces lieux universels qui abritent, protègent et valorisent le « patrimoine commun de l’humanité ». L’ambition de l’ouvrage de Bénédicte Savoy est de « faire la lumière sur le passé et les conditions d’exil de ces objets ». En effet, il paraît crucial de porter à la connaissance des visiteurs les contextes qui ont permis à ces musées d’acquérir une telle renommée, ce que l’historienne de l’art appelle « regarder en face notre Histoire ».  Elle termine son ouvrage en opposant les termes de possession et de propriété que nous avons pourtant tendance à utiliser indifféremment. La possession désigne la puissance effective d’un individu sur une chose, là où la propriété apparaît comme la disposition du pouvoir légal sur une chose. Or, d’un point de vue légal, la propriété reste attachée à l’individu même quand la chose en question lui est soustraite. Cette distinction pourrait-elle permettre de répondre à la question posée par l’ouvrage : « À qui appartient la beauté exposée dans nos musées ? »

 

*Crédit photo : Jean-Pierre Dalbéra par Flickr, statues du palais royal d'Abomey.




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