"Je devrais payer 2.500 € en plus" : ils manifestent contre la hausse du tarif de l'eau à Cosne-d'Allier

Agriculteurs et particuliers ont manifesté contre "une hausse de 53 %" du tarif de l’eau, ce mardi 26 mars, à Cosne-d’Allier (Allier). Le syndicat de la région minière, qui regroupe quarante-six communes, répond qu’il n’a pas le choix.

Le 26 novembre 2023, le conseil syndical du service eau et assainissement de la région minière vote à la majorité des délégués présents une augmentation du tarif de l’eau. Il passe de 2,10 € en 2023 à 3,22 € le mètre cube et n’entraîne aucun mouvement de mécontentement.

Ce mardi matin, une petite centaine de personnes, agriculteurs et particuliers, ont manifesté leur colère devant la salle polyvalente de Cosne-d’Allier où se tenait l’assemblée générale du syndicat. Pourquoi un tel revirement??

Parce que les 17.000 abonnés ont reçu, il y a deux à trois semaines, un courrier signé du président Guy Courtaud leur expliquant "le surcoût mensuel pour un foyer consommant 100 m³ par an". Cela représenterait une hausse de 9,80 € TTC par mois pour l’eau et 14 € TTC par mois pour l’assainissement.

"C’est une trop forte augmentation", conteste Chantal venue de Doyet. "C’est un peu dur à avaler", complète Isabelle de Chamblet dont la colère est partagée par Dominique, une autre Doyetoise. Un consommateur a chiffré. "Pour moi, cela représente 286 € en plus par an."

À l’appel de la FDSEA (Fédération départementale des syndicats d’exploitants agricoles) et des Jeunes agriculteurs, les exploitants se sont également mobilisés ce mardi matin. Car ce sont eux qui vont payer la note la plus salée. " Moi, je consomme entre 1.500 et 2.000 m³ par an, avance Christophe Jardoux, le président de la FDSEA. J’ai fait les calculs. Sur six mois, je devrais payer 2.500 € en plus. C’est énorme !"?

L’ancien maire de Bézenet, qui a présidé pendant dix-sept ans le syndicat de la région minière, est sur la même longueur d’onde. " J’ai un fils qui est agriculteur et il devra supporter 4.000 € en plus ", souligne Daniel Piquandet. Très remonté, le maire de Sazeret, agricultrice de profession, avance une facture de 5.000 €. " C’est quatre broutards", peste Viviane Alloin qui a eu un échange tendu par courriers interposés avec les services du syndicat. "Les explications qui nous ont été données ne sont pas très claires."

Ce n’est pas l’avis du président du syndicat qui fait valoir plusieurs réunions sur le sujet au sein du bureau et de la commission des finances. Selon Guy Courtaud, cette augmentation du tarif de l’eau doit permette de faire face à "l’énorme hausse des coûts de l’énergie".

Entre 2023 et 2024, les frais liés à l’énergie et aux matières premières vont passer de 250.000 € à un 1 M€. On ne pouvait pas maintenir nos investissements sans toucher au prix de l’eau.

Chaque année, le renouvellement des réseaux coûte 3 M€ (eau potable) et 1,5 M€ (assainissement) au syndicat qui veut faire des économies en installant notamment du photovoltaïque. "On fait en moyenne 22 km de canalisations par an, dit Guy Courtaud. L’an passé, c’était 15 et cette année ce sera 10. On ne peut pas faire moins."

Christophe Jardoux ne conteste pas les difficultés financières rencontrées par le syndicat. Ce que le président de la FDSEA ne comprend pas, c’est "la hausse de 53 % du jour au lendemain. Pour que ça soit acceptable, il faut lisser cela sur plusieurs années." L’ancien président du syndicat, Daniel Piquandet, dit la même chose. "En 2014, afin de développer notre réseau, on avait augmenté le prix de l’eau d’un euro mais on avait étalé ça sur trois ans."

Info plus. Le syndicat regroupe 46 communes entre Cosne-d’Allier et Saint-Fargeol pour un total de 17.000 abonnés.

Fabrice Redon