La vente du pavillon iconique de l'architecte Jean Prouvé, conservé intact à Issoire, mise en stand-by
Coup de tonnerre dans le ciel bleu de l’Hôtel Drouot, à Paris. lundi soir, tout est prêt pour la vente aux enchères d’un bien exceptionnel. Un bien dont le prix d’achat pourrait bien battre des records. Mais ce mardi 26 mars, c’est la douche froide pour les potentiels acquéreurs. Le pavillon conçu par l’architecte Jean Prouvé et conservé par un particulier à Issoire est retiré de l’adjudication prévue ce jour.De l'extérieur, ce bâtiment pourtant exceptionnel ne paie pas de mines. Photo Thierry NICOLAS
Report de la vente« Nous avons reçu un mail du ministère de la culture nous informant du lancement d’une procédure de classement du pavillon au titre des monuments historiques », explique Quentin Charraudeau, président de Néo Enchères et chargé de la vente. Inquiet des répercussions d’une telle procédure sur les velléités d’achat des enchérisseurs étrangers, le commissaire-priseur a préféré reporter la vente.
Il s’agit de donner plus de visibilité aux enchérisseurs. C’est comme si vous vous apprêtiez à acheter une maison et que vous appreniez que l’on parle d’implanter un champ d’éoliennes sur le terrain voisin. Il faut aux potentiels acquéreurs une parfaite connaissance des éléments avant la vente.
« Il s’agit de donner plus de visibilité aux enchérisseurs. C’est comme si vous vous apprêtiez à acheter une maison et que vous appreniez que l’on parle d’implanter un champ d’éoliennes sur le terrain voisin. Il faut aux potentiels acquéreurs une parfaite connaissance des éléments avant la vente », argumente-t-on.Le pavillon a été parfaitement conservé. Photo Thierry NICOLAS
Les collectionneurs français, américains et asiatiques qui s’étaient prépositionnés sur le bien auront donc « plusieurs semaines voire plusieurs mois » pour aviser.« Nous avons été surpris, c’est un recours assez étonnant. Mais ce sont des choses qui arrivent. Et c’est bien pour nous : cela démontre que ce pavillon est exceptionnel, que c’est une pièce rarissime », relativise Quentin Charraudeau, qui entend tout de même « discuter » avec le ministère à propos de ce classement.Un portique axial soutient presque à lui seul la toiture du pavillon. Photo Thierry NICOLAS
Une fois estampillé monument historique, il est en effet à prévoir que le bâtiment (conçu pour être facilement démontable et déplaçable) ne puisse plus quitter Issoire pour rejoindre un musée ou une collection privée. « Nous restons tout de même très confiants sur notre capacité à discuter avec le ministère, à comprendre leur décision et à finaliser la vente », positive Quentin Charraudeau. Affaire à suivre.
Contexte. Ce pavillon est signé de l’architecte visionnaire Jean Prouvé, dont le travail a profondément marqué l’histoire de l’architecture moderne.C’est un particulier issoirien qui a remonté lui-même dans son jardin ce bien destiné à l’origine aux ingénieurs de l’usine Constellium. Le pavillon a été mis en vente suite à son décès.Son prix pourrait bien atteindre des sommets car « c’est quelque chose que tout le monde veut et qui n’apparaîtra sur le marché qu’une seule fois ».
Louise Llavori