Six mois après les séismes, des élèves afghans toujours sans école
Les habitations fragiles en terre séchée, juchées sur un plateau poussiéreux, du village de Kashkak ont été soufflées par les trois séismes qui en octobre avaient, selon l'ONU, fait plus de 1.500 morts et détruit plus de 63.000 habitations dans cette province d'Hérat.
L'école locale a aussi été anéantie. Et six mois plus tard, elle n'a toujours pas été reconstruite. "Nous n'avons aucun livre ni cahier pour étudier et écrire", constate tristement Sefatullah, 11 ans.
A Kashkak, dans le district de Zindah Jan, quatre enfants ont été tués dans l'effondrement de l'école, souligne Mohammad Dawood, un enseignant. Maintenant, il donne ses cours sous une tente portant un logo de l'Unicef.
Il est seul pour enseigner à six classes, formées d'écoliers venant de deux villages. "Certains jours, quand il y a du vent ou de la pluie, c'est très compliqué", constate-t-il. "On ne peut pas rester dans cette situation encore bien longtemps."
Kashkak n'est pas un cas isolé. En mars, la rentrée s'est faite tant bien que mal dans la province d'Hérat, où des centaines d'écoles sont encore endommagées et de nombreuses personnes continuent à vivre sous des tentes ou dans des abris temporaires.
L'éducation a payé un nouveau lourd tribut lors des séismes. Elle est le deuxième secteur le plus touché par la catastrophe, selon l'ONU. Quelque 300 écoles ou centres d'enseignement ont été détruits et la scolarité de 180.000 élèves a été perturbée.
A Nayeb Rafi, dans le même district de Zindah Jan, le caisson métallique dans lequel garçons et filles étudient est posé entre des tentes et des petites maisons neuves, peintes en bleu, sur une étendue désertique.
En s'agenouillant devant son sac à dos bleu d'écolière, fourni par l'ONU, Siyah Gul, 11 ans, dit espérer qu'une vraie école sera bientôt bâtie.
Avenir incertain
"Je veux vraiment étudier, avoir une école, et devenir enseignante pour éduquer mes amies", affirme la jeune fille. Mais elle n'a guère de temps devant elle. A partir du secondaire, elle sera interdite d'école, comme toutes les filles afghanes.
Les autorités talibanes ont banni les filles des écoles secondaires et les femmes des universités, faisant de l'Afghanistan le seul pays au monde où leur éducation est interdite après l'école primaire.
Des décennies de conflit en Afghanistan ont dévasté le système éducatif. Près de 3,7 millions d'enfants ne sont pas scolarisés -- dont 60% sont des filles --, d'après le Fonds des Nations unies pour l'enfance (Unicef).
La pauvreté et la difficulté d'accès aux écoles dans les zones rurales isolées sont un frein majeur, alors que les normes sociales entravent la scolarisation des filles.
En outre, environ 20% des enfants âgés de 5 à 17 ans sont victimes de travail forcé, selon l'ONU, dans un pays confronté à de graves crises économique, humanitaire et climatique.
A Chahak, dans le district d'Injeel, de profondes fissures lézardent les murs et le plafond du bâtiment scolaire bleu. Des vitres cassées pendent encore sur leurs gonds et la poussière s'accumule dans chaque recoin.
"Le village de Chahak a été complètement détruit par le séisme et on ne nous a pas encore fourni d'abris permanents", proteste l'enseignant Mohammad Naseem Nasrat, âgé de 25 ans.
"Notre école aussi, qui avait été démolie par le tremblement de terre, n'a pas encore été reconstruite. Je ne sais pas s'il est prévu de le faire ou non", dit-il. Sans école, s'inquiète-t-il, les enfants du village "font face à un avenir incertain".