Cold cases : une vidéo mise en ligne pour retrouver le "violeur au couteau", premier appel à témoins d'un nouveau genre
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Les ministères de la Justice et de l’Intérieur ont décidé de produire des « capsules vidéo » consacrées à certains crimes sériels ou non élucidés traités par le pôle national « cold cases », créé il y a deux ans à Nanterre. Le premier contenu vient d’être mis en ligne.
La pastille s’ouvre sur une succession de gros plans montrant un tableau d’enquête couvert de photos, de cartes et d’annotations reliées entre elles par des fils rouges, dans une semi-obscurité stylisée et sur un fond sonore « 100 % mystère ».
La première vidéo d’« En quête d’indices » reprend très largement les codes incontournables des émissions de faits divers. Avec l’ambition affichée de s’adresser au « grand public » et donc de maximiser les chances de retours utiles aux investigations.
A la recherche du « violeur au couteau »La vidéo inaugurale de trois minutes, mise en ligne le 2 avril, est consacrée à l’affaire dite du « violeur au couteau ». À ce stade, trois faits sont imputés à ce criminel toujours introuvable. Le premier date de février 2002, dans un parc municipal de Melun (Seine-et-Marne) ; les deux suivants ont eu lieu en décembre 2011, à dix jours d’écart, d’abord devant la gare de Gujan-Mestras (Gironde), puis près d’un lac de Sant-Paul-les-Dax (Landes).
Dans les trois cas, un même mode opératoire : l’homme aborde sa victime dans un lieu public, parvient à l’isoler, avant de lui infliger des attouchements et une relation sexuelle sous la menace d’une arme blanche « rétractable ».Le parcours du violeur – ou tout du moins ce que l’on en sait aujourd’hui – est détaillé face caméra par le procureur de la République du tribunal de Nanterre et deux des policiers en charge du dossier. Description physique, portrait-robot, tenue vestimentaire le jour des passages à l’acte… De nombreux détails sont rappelés ou révélés dans l’espoir d’éveiller des souvenirs, voire de briser le silence. Avec un triple objectif : « identifier l’auteur », « apporter une réponse aux victimes » et « éviter que d’autres femmes » subissent les assauts de « ce prédateur sexuel ».
"Je témoigne"L’espace dédié, sur le site web du ministère de l’Intérieur, propose également une chronologie et un rappel des informations principales. Sous la mention « Grâce à votre témoignage, vous avez la possibilité de relancer l’enquête ! », l’internaute qui aurait des éléments à transmettre peut cliquer sur un lien et écrire en direct un mail.
« Les informations collectées seront ensuite exploitées par l’un des services d’enquête dédiés de la police, de la gendarmerie ou de la préfecture de police de Paris », en fonction des unités saisies, indique Beauvau.
Le ministère de l’Intérieur, déjà associé avec M6 depuis juin 2021, sur le même principe, pour l’émission « Appel à témoins », précise que les magistrats du parquet et de l’instruction « apprécieront l’opportunité de recourir » à ce « dispositif innovant », « en concertation » avec les enquêteurs. « Il y aura une analyse très fine, dossier, par dossier », afin d’évaluer « la plus value potentielle », précise Pascal Prache, le procureur de Nanterre. Les plus de 100 cold cases actuellement traitées par le pôle spécialisé ne feront donc pas l’objet d’une déclinaison d’« En quête d’indices ».
En dire, mais pas trop...Question : ces formats très fouillés, et la quête du témoignage « clé » qui y est associée, ne risquent-ils pas de compromettre l’indispensable confidentialité des investigations en cours, et au final l’élucidation tant espérée ? Pascal Prache dessine la ligne de crête : « Il faut à la fois permettre des remontées d’informations utiles à l’enquête, sans pour autant en dévoiler tous les secrets. » Bel exercice d’équilibrisme judiciaire.
Stéphane Barnoin
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Une initiative saluée par France Victimes
« On ne peut que se réjouir de voir émerger des dispositifs novateurs au service de la manifestation de la vérité », salue Jérôme Moreau, porte-parole de la fédération France Victimes, qui regroupe 130 associations du secteur et travaille en relation étroite avec le pôle « cold cases » de Nanterre.
« Des outils comme celui-là, poursuit-il, qui font appel à des techniques et à des procédés différents, contribuent au fait d’avoir un nouveau regard sur des affaires bloquées. Pour les victimes, il est fondamental de savoir que les faits qui les concernent vivent toujours, que des pistes continuent à être explorées. »
Jérôme Moreau se dit également « rassuré » que le dispositif soit « ciblé sur des affaires précises, choisies », et encadré par les magistrats. On imagine aussi que ces appels à témoins en vidéo ne viennent pas de nulle part. S’ils sont activés pour tel ou tel dossier, c’est sans doute que les enquêteurs ont des éléments nouveaux et qu’ils savent où ils vont. En tout cas, nous leur faisons toute confiance. »