BD, série, film, musique, jeu : ce qu'il faut retenir des nouveaux coups de cœur "culture" de la rédaction
C'est la toute nouvelle sélection "culture" des journalistes de la rédaction ! Ceux-ci vous conseillent de découvrir la série en streaming "The regime", de lire la BD "Aurore et l’orc", d'écouter le dernier album de Neil Young et de découvrir le jeu Kronologic avec vos enfants. On vous dit pourquoi. Et "The fall guy" au cinéma, qu'en ont-ils pensé ?
Retrouvez la dernière sélection "culture" des journalistes de la rédaction :
SérieThe regime. Elle est drôle et ridicule, cette Elena Vernham, non ? C’est ce qu’on se dit au début du premier épisode de The regime, en découvrant une dictatrice paranoïaque et hypocondriaque qui utilise des moyens bien curieux pour se débarrasser de la moisissure dans son palais. On sourira encore au fil des six épisodes diffusés par Prime Vidéo. A d’autres moments, on sera glacé. La série est inclassable. Manoeuvres politiques, noirceur, relations toxiques, comique y sont entremêlés, au gré des événements, répartis dans cette année passée au coeur d’une dictature que l’on situe en Europe de l’est. Côté casting, c’est du sans faute, avec une Kate Winslet (parfaite dans tous les registres) en "humble servante du peuple" déconnectée des réalités, autocentrée, tour à tour hautaine, plaintive, froide, dangereusement douce ou carrément venimeuse. Matthias Schoenaerts est également très bon dans le personnage du soldat au mental instable Herbert Zubak, ainsi que Guillaume Gallienne en Nicholas, mari de la dictatrice, et Andrea Riseborough en Agnès. Les décors, le générique, tout nous emmène dans un régime cauchemardesque où on s’enfonce peu à peu. L’élégance d’Elena Vernham, ses "mes amours" adressés à son peuple et ses subalternes, ne font que renforcer le décalage entre des scènes parfois ubuesques et un régime dans lequel on ne voudrait surtout pas vivre. Nathalie Goursaud
BDAurore et l’orc. Ne nous remerciez pas. Quand sortira le tome 100 d’Aurore et l’orc et que vous pourrez dire : "Hein ? Le dernier Lewis Trondheim ? Mais bien sûr, moi je le lis depuis le premier volume". D’abord, quand Trondheim sort une BD, la curiosité s’affûte. Et là, petite pépite. Le genre de livres qu’on achète à 20 exemplaires pour offrir à ses neveux, nièces et à leurs parents. L’histoire est simple : un nouvel élève débarque dans la classe d’Aurore et c’est un orc. Tout le monde trouve cela normal sous l’effet d’un envoûtement. Sauf Aurore. Le petit orc, "issu d’une famille violente", pas vraiment éduqué, sert évidemment de métaphore. Mais laissons là une intellectualisation surannée pour ce livre. Parce que l’essentiel n’est pas là. L’essentiel, c’est qu’on se marre. Vraiment. Un gag par page et de vrais rires. L’orc mange des chiens, tue des elfes (oui, parce qu’il retrouve son pays chaque fois qu’il franchit une porte, mais passons), tente de s’intégrer. Il fait rire alors qu’il est orphelin et dort sur le banc de la cour d’école. Il y a tout en si peu. C’est merveilleux. (Aurore et l’orc, de Lewis Trondheim, éd. Albin Michel, 64 pages, 10,90 €)Simon Antony
MusiqueNeil Young : Fu##in’ up. "Il vaut mieux exploser plutôt que de s’éteindre à petit feu", chantait Neil Young il y a plus de quarante ans. Le chanteur canadien ne suit pas ses propres conseils, puisque sa carrière continue de s’étirer, de décennie en décénnie. Pour ce nouveau projet, il retrouve son fidèle groupe, le fougueux Crazy Horse, pour une chevauchée en terrain connu. En effet, ces complices de toujours revisitent leurs anciens morceaux dans les conditions du direct. Les fans connaissent ces morceaux par coeur : Love to burn, Love and only love, etc... En surface, rien n’a changé. Mais en tendant bien l’oreille, on se rend compte, au contraire, que tout est différent. En cause : le processus naturel du vieillissement, qui recouvre les chansons d’une patine inédite. Il y a encore quelques années, les cavalcades du “Loner” et de sa troupe étaient pleines d’assurance. Aujourd’hui, elles se teintent de fragilité et d’inquiétude. Signe que le temps passe inexorablement...Rémi Bonnet
Jeu de sociétéKronologic dans les pas du Cluedo. 1920, à l’opéra de Paris. Six personnages sont impliqués dans des affaires mystérieuses… mais qui est coupable ? Dans quelle pièce, et quand a-t-il commis son méfait ? Oui, Kronologic Paris 1920 (Origames) a furieusement des airs de Cluedo. Mais il apporte clairement un nouveau souffle au genre. Du grand escalier de l’opéra au foyer de la danse, de la servante au journaliste : grâce à un ingénieux système de superposition des cartes, vous obtiendrez tour à tour des informations. Le but, forcément, est d’être le premier à résoudre l’enquête. Un jeu de déduction accessible (dès 10 ans) et addictif. Ça tombe bien : le jeu propose quinze enquêtes, et des versions à Cusco et Babylon sont annoncées.Arthur Cesbron
CinémaThe fall guy. Les adaptations de séries télé ont souvent déçu les quadras et les quinquas qui n’ont pas retrouvé dans Charlie et ses drôles de dames, L’Agence tous risques, Starsky et Hutch, Chapeau melon et bottes de cuir, Wild wild west (vous en voulez encore ?) le goût de la madeleine de Proust dont ils rêvaient. The fall guy (L’homme qui tombe à pic) se vautre dans le sillon tracé par ses prédécesseurs. Ryan Gosling et Emily Blunt assurent mais l’histoire d’amour entre Colt Seavers et Jody plombe le film. Et l’intrigue cousue de fil blanc laisse penser que le scénariste a voulu reproduire le schéma d’un bon vieil épisode de cinquante minutes. Mais ça dure deux heures ! Il reste tout de même de bonnes scènes d’action (pouce levé) et un hommage vibrant au métier de cascadeur. Le style parodique assumé, lui, pourrait plaire aux plus jeunes (et à ceux qui ont aimé Barbie). Pour ma part, je suis tombé de haut, la madeleine était trop sèche.Thierry Senzier