Ils ne veulent pas d'enfants et assument : "La société dans laquelle on vit est dégueulasse"
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Ils s’appellent Alexandra, Antoine, Fanny, Aude, Louis… Comme beaucoup de Français, ils sont certains d’une chose : ils ne veulent pas d’enfants. Que ce soit pour des raisons économiques, environnementales ou encore d’indépendance, ils assument leur choix de ne pas vouloir participer au « réarmement démographique » annoncé par Emmanuel Macron, lundi 15 janvier. Depuis cette date, ils n’ont pas changé d’avis et s’expriment.
On les appelle les « childfree ». C’est-à-dire les personnes qui ne veulent pas d’enfants. Pour « réarmer démographiquement » le pays, il ne faudra pas compter sur eux. Élever un bébé, donner des biberons, changer des couches ne leur donnent en aucun cas envie. Mais attention, ce n’est pas parce qu’ils ne désirent pas d’enfants qu’ils ne les aiment pas. « J’aime ceux de mes proches. Par contre, si une classe passe sous ma fenêtre au bureau, ça me tend », annonce Alexandra, 35 ans.
Cette habitante de Vieille-Brioude (Haute-Loire) est formelle : elle ne donnera pas la vie. Jamais. Elle le sait « depuis toujours », mais se l’est avoué il y a peu. Cette réflexion lui « torturait l’esprit ». La « pression de la société » l’étouffait. Elle a dit stop. Pour Antoine, 35 ans et originaire de Brioude, la « réflexion est toujours en cours, mais elle penche vers le “non” pour le moment ».
Avant de rencontrer ma compagne, je me disais "bien sûr que j’en aurai". C’était dans l’ordre des choses.
Et pourtant, face à tout un tas de raisons, son cheminement a été modifié.
L’indépendance
C’est la première raison évoquée par Alexandra : l’indépendance, la qualité de vie. « Quand on a un enfant, on ne vit plus pour soi. J’ai envie de continuer à me coucher et me lever tard. Je n’ai pas envie qu’on dépende de moi. Ça ne me plaît pas du tout. »
La relation qu’il a avec sa compagne, Antoine n’a aucune envie de la voir changer. « On est très bien comme ça, à deux. On a notre équilibre et ça nous suffit. » Leur quotidien entre travail, sport et vie sociale est parfait. « Notre rythme nous apporte de la satisfaction personnelle. On ne souhaite pas abandonner certaines choses, ce qui signifierait réduire notre satisfaction », explique-t-il.
La question économique
C’est un chiffre qui peut faire peur : 180.000 €. C’est, selon une étude du ministère des Solidarités et de la Santé, le « coût » d’un enfant de sa naissance jusqu’à ses 20 ans. Couches, vêtements, meubles, frais de garde, fournitures scolaires… Il faut penser à tout. « Qu’on se le dise : ça coûte cher », tranche Alexandra.
La société actuelle, l’environnement
« La société dans laquelle on vit est dégueulasse. Chez les adultes, la bienveillance n’existe pas. Et puis il y a la guerre, la pollution… Ça ne me donne pas envie de faire naître quelqu’un qui n’a rien demandé dans ce monde », liste la Brivadoise.
De son côté, Antoine, tourné vers l’environnement au quotidien, trouve « qu’on est trop sur Terre. Le bilan carbone de la population occidentale est énorme. »
Les conséquences physiques
Alexandra est cash : « L’accouchement, ça me dégoûte. » Tout comme le changement de corps. Les photos des femmes enceintes postées sur Instagram ne l’attendrissent pas. « Ça fait limite alien », lance-t-elle en souriant.
Antoine a une peur : que l’état de sa compagne se détériore si elle venait à accoucher. « Ce risque médical, qu’il lui arrive quelque chose, c’est une donnée que je prends en compte. Je ne sais pas si j’ai envie qu’elle prenne ce risque. »
Les retours des amis
Faire un enfant ou non?? Parfois, il suffit d’en discuter avec ses amis pour prendre une décision. Il est arrivé au Brivadois de demander à ses amis : « Tu regrettes maintenant que tu sais ce que c’est?? » Certains disent oui. « Il faut des amis comme ça. Ça nous conforte dans notre choix. » La naissance de jumeaux, les grossesses difficiles, les « injonctions à éduquer nos enfants d’une certaine façon, ce qui en fait des petits tyrans »… Les amis n’épargnent rien.
Maryne Le Goff