"Évacuation dans la terreur et la panique" : les Gazaouis quittent Rafah avant un "massacre" annoncé
"L'armée encourage les habitants de l'est de Rafah à se déplacer vers les zones humanitaires élargies", a indiqué l'armée israélienne dans un communiqué, lundi 6 mai au matin.
Le Croissant-Rouge palestinien a indiqué que "des milliers" de personnes quittent l'est de Rafah après des frappes aériennes israéliennes sur la zone. "Les habitants évacuent dans la terreur et la panique", selon Ossama al-Kahlout, un responsable du Croissant-Rouge dans l'est de Rafah, précisant que les zones désignées abritaient environ 250.000 personnes.
"Massacre"L'armée israélienne a confirmé avoir "commencé une opération d'ampleur limitée pour évacuer temporairement les personnes résidant dans l'est de Rafah", estimant quant à elle à "environ 100.000" le nombre de personnes concernées.
Rafah, à la lisière sud de la bande de Gaza, est transformée en un gigantesque camp de réfugiés abritant, selon l'ONU, 1,2 million de Palestiniens, soit la moitié de la population du territoire, pour la plupart des déplacés.
Les derniers bastions du Hamas seraient dans Rafah, selon le Premier ministre Benjamin Netanyahou, qui a promis de lancer cette offensive quelle que soit l'issue des négociations indirectes menées par le Qatar, les Etats-Unis et l'Égypte. Celles-ci visent à imposer une trêve associée à la libération d'otages retenus à Gaza en échange de prisonniers palestiniens.
La présidence de l'Autorité palestinienne a appelé Washington à empêcher un "massacre". Le président américain Joe Biden devrait s'entretenir dans la journée avec Benjamin Netanyahou, selon la Maison Blanche.
Sans considération pour les captifs
Dans un communiqué, le Hamas a averti Israël que ses préparatifs d'offensive terrestre sur Rafah ne font aucun cas du sort des otages retenus dans la bande de Gaza et menacent des centaines de milliers de civils dans le territoire palestinien assiégé. Israël prépare son attaque "sans prendre en considération la catastrophe humanitaire en cours dans la bande de Gaza ou le sort des captifs", qui y sont retenus depuis leur enlèvement le 7 octobre dans le sud d'Israël.
Le Haut-Commissaire de l'ONU aux droits de l'homme, Volker Türk, a, lui aussi, dénoncé l'ordre d'évacuation donné par Israël. "C'est inhumain. C'est contraire aux principes fondamentaux du droit international humanitaire et du droit international des droits de l'homme", a-t-il déclaré.
L'Égypte, qui s'est beaucoup investie comme pays médiateur pour rechercher un accord de trêve, a mis en garde contre "les dangers" d'une opération militaire israélienne à Rafah. Dans un communiqué du ministère des Affaires étrangères, le pays appelle Israël à "faire preuve d'une retenue maximale et éviter davantage d'escalade, à un moment très critique" pour les discussions sur une trêve.
Avec AFP