Les "enfants de la Creuse et du Cantal" bientôt indemnisés ?
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Ils avaient été accueillis dans des familles en Creuse et dans le Cantal dans les années 60. Mais aujourd’hui, une proposition de loi vise à les indemniser. Le point avec Jean-Charles Pitou, président de l’association Génération brisée.
« Ils vont sans doute l’étudier en septembre, mais je ne sais pas vraiment ». Jean-Charles Pitou est président de l’association Génération brisée. Comme d’autres, cette association a plusieurs objectifs : le premier, c’est de rappeler les gouvernements successifs à leurs obligations. « Il paraît que les archives ont brûlé à la Réunion, du coup on ne sait plus vraiment combien d’enfants ont été “déportés” en France à cette époque ».
Vous savez, il n’y a pas de prix à la souffrance d’un enfant. Cette proposition de loi, c’est pour nous fermer les yeux, pour nous faire taire. Peut-être que les politiques attendent que nous, les enfants de la Réunion “déportés”, nous soyons tous morts pour nous indemniser ?
Cette époque, ce sont les années 60. Celles que l’on surnomme “Les trente glorieuses”. La Réunion est alors en pleine explosion démographique. Alors qu’ils sont interdits en métropole, des avortements et des stérilisations forcées sont pratiqués sans le consentement des patientes. En métropole, des départements comme la Creuse, le Cantal et quelques autres souffrent déjà d’une baisse démographique. L’idée est alors de déplacer des enfants, orphelins mais pas toujours, de la Réunion dans ces départements. « Oui, on nous a arrachés à nos familles. Oui, le mot n’est pas trop fort, nous avons été “déportés” », rappelle Jean-Charles Pitou.
Un projet de loiEt depuis des années, le président Pitou réclame, avec les autres associations, « une indemnisation pour nous, et pour nos enfants. Nous demandons à pouvoir voyager gratuitement pour aller à la Réunion retrouver nos racines. Ce qu’on demande, c’est 2 millions d’indemnisation par enfant “déporté” et 2.000 € mensuel net d’impôt ».
En février dernier, portée par la députée de la deuxième circonscription de la Réunion Karine Lebon, une proposition de loi (n°2191) a été présentée. Elle comporte, entre autres, la création d’une « Maison de l’accueil et de l’immigration » en Creuse, la création d’une commission, fixer une date de commémoration nationale, et ouvrir la voie à une prestation sociale.Mais pour Jean-Charles Pitou, « je préfère qu’ils donnent l’argent aux associations et aux enfants. Une maison, ca va coûter cher et ca ne va servir à rien. Qui va venir dans la Creuse pour se souvenir ? L’État a posé une plaque à l’aéroport d’Orly, mais personne ne la voit, cela ne sert à rien », insiste le président Pitou.
Jean-Charles Pitou a prévu de faire remonter toutes ces remarques et réflexions à la députée Karine Lebon dans les prochaines semaines.
Bruno-Serge Leroy
Pratique. Association Génération brisée. Contact : tél.06.07.88.81.15, ou par courriel : jean-charlespitou@gmail.com ; facebook.com/generation.brisee