L'appartement servait de base arrière à un trafic de drogue à Clermont-Ferrand
Depuis huit ans, il vit chez cet homme de 76 ans. Ami de son père, le prévenu de 48 ans, s’est installé dans l’appartement du septuagénaire handicapé, rue Portefort, dans le quartier de La Gauthière, à Clermont-Ferrand. "Il lui fait les courses, tout... c’est un aidant", décrit son avocat Me Couderc.
C’est dans ce logement que les policiers en planque dans le quartier au moment de l’opération “place nette XXL” ont débarqué en avril 2024. A l’intérieur, jonchant le sol et posés sur la cuisinière, des sachets de résine de cannabis, d’herbe, quelques doses de cocaïne. Et des outils : une balance de précision et des sachets vides.
"J’ai ouvert la porte et je suis allé dans la chambre. La drogue n’était pas à moi."
Lors de l’enquête, le quadragénaire a mouillé les deux autres prévenus jugés, à ses côtés, vendredi 10 mai, à Clermont-Ferrand, pour trafic de stupéfiant. Devant les juges, il s’est plus ou moins ravisé. Élocution pâteuse, il est resté brouillon dans ses accusations qu’il a retirées puis qu'il a réaffirmées à la faveur d’une question du président qui a tenté d’y voir un peu plus clair. Ses déclarations resteront floues. Ce qui est limpide, c’est qu’il confirme avoir été dans l’appartement quand les policiers sont arrivés : "J’ai ouvert la porte et je suis allé dans la chambre. La drogue n’était pas à moi". Au RSA, s’il a accepté que les trafiquants s’y installent, c’est pour avoir un peu d’argent. Il n’a jamais vu un billet.
Les deux coprévenus, 18 et 19 ans, suspectés d’avoir fait du logement un lieu de ravitaillement, contestent avoir pris part au trafic. Le premier a été vu par un policier jeter un sac de sachets cannabis par la fenêtre de la cuisine ; le second a été repéré faisant des va-et-vient entre le point de vente, dans la rue, et le logement. Si la culpabilité de fait pas de doute pour la procureure - elle a requis de 18 à 36 mois de prison - les avocats des deux jeunes clermontois, se sont employés à tenter de démontrer que rien ne les accable : "On n’a pas fait de recherches d’empreintes, d’ADN sur les sachets" a pointé Me Chautard. "Ni sur le sac jeté par la fenêtre. Mon client n’avait ni argent, ni stupéfiant sur lui. Aucun témoin n’a été interrogé. Cette enquête a été faite de manière abracadabrantesque ! ".
"Cette enquête a été faite de manière abracadabrantesque ! "
Me Marcelot a plaidé, sur la même tonalité, soulignant, « l’illégalité de l’intrusion des policiers dans l’immeuble et l’illégalité des interpellations : on est dans Place nette et on va chercher des gamins pour chercher des infractions. Aujourd’hui, on vous demande de faire des exemples".
Relaxe et requalification des faitsLe quadragénaire a été relaxé de trafic de stupéfiant et condamné à un an de prison dont huit ferme pour détention de drogue. Les faits de trafic ont été requalifiés pour les deux autres : l’homme qui s’est débarrassé du sac écope de dix-huit mois de prison dont neuf ferme pour emploi de stupéfiant et le troisième purgera une peine de deux ans de prison dont un ferme pour transport de stupéfiant. Le trio est incarcéré.
Leïla Aberkane