À Clermont-Ferrand, InspiRe se joue aussi en sous-sol : 39 millions d'euros sont investis dans les réseaux d'eau

Des bus, oui, mais pas seulement : les travaux estampillés « InspiRe » portent aussi sur la reprise des réseaux d’eau et d’assainissement. Près de 39 millions d’euros sont investis pour réduire les fuites. Et le chantier ne s’arrêtera pas en 2025 : la métropole de Clermont-Ferrand entend maintenir le rythme à travers son premier « Schéma directeur de l’eau potable ».

La scène avait interpellé passants et riverains, il y a quelques semaines, en centre-ville de Clermont-Ferrand : de vieilles canalisations en fonte, boursouflées, grignotées et rouillées au possible, avaient été déterrées et posées à même la rue, durant quelques jours, comme pour bien faire comprendre aux Clermontois l’intérêt des travaux en cours…

Car il faut le rappeler : les chantiers estampillés « InspiRe », menés actuellement sur le territoire de la métropole, ne visent pas seulement à créer deux nouvelles lignes de bus à haut niveau de service en sites propres. Il s’agit, aussi, de reprendre une partie des réseaux d’eau et d’assainissement. « Ce n’est pas systématique, on le fait quand c’est nécessaire », explique Christophe Vial, vice-président de Clermont Auvergne Métropole en charge du cycle de l’eau.

15 km de réseaux repris

Et ça l’est souvent. Sur les 27 km des futures lignes de bus B et C, les réseaux sont repris sur 15 km. « Avec InspiRe, on se situe souvent sur de grands boulevards, là où passent les plus grosses canalisations, donc c’est une opportunité de les reprendre », ajoute Muriel Burguière, directrice du cycle de l’eau à la métropole.

Si la rénovation des réseaux n’a bien évidemment pas commencé avec InspiRe (en moyenne, sept millions d’euros y étaient jusqu’ici consacrés chaque année), elle a clairement passé un cap : 39 millions d’euros TTC (11 millions pour le réseau d’eau potable, 21 pour l’assainissement, 7 pour le réseau d’eaux pluviales) sont investis dans le cadre d’InspiRe entre 2023 et 2025. Christophe Vial résume :

Nous n’avions jamais mené de travaux de renouvellement des réseaux de cette ampleur et dans ces délais

Un taux de rendement de 82,5 %

L’enjeu, derrière ces travaux ? Limiter les fuites et donc améliorer le taux de rendement. Il n’est pas spécialement mauvais sur le territoire des dix communes dans lesquelles la métropole gère l’eau potable (*) : sur 1.100 km de réseaux, il se situe à 82,5 %.

La métropole facturant in fine 12,7 millions de m3 d’eau à l’année à ses habitants, services et entreprises, cela veut dire que près de trois millions de m3 n’arrivent jamais à destination. Or tout cela a un coût :

« L’eau, il faut la transporter, depuis l’Allier ou la chaîne des puys, mais il faut aussi la traiter, ce qui a un coût énergétique et en termes de personnel : si on fait tout cela pour l’envoyer dans le sol, ce n’est pas pertinent »

Par ailleurs, les fuites ont aussi pour effet de raviner le sous-sol.

Un premier Schéma directeur de l’eau potable

La bonne nouvelle, c’est que « ce taux de rendement est globalement stable ces dernières années, ce qui veut dire qu’on parvient à maintenir notre patrimoine dans un état correct. L’objectif est de rester entre 80 et 85 %. »

Et de tendre même vers le haut de la fourchette : ce sera l’un des objectifs fixés dans le cadre du premier Schéma directeur d’eau potable de la métropole, qui vise à la fois à sécuriser l’approvisionnement en eau, à améliorer les rendements des réseaux ou encore la qualité de l’eau. Il doit être présenté, et voté, par les élus métropolitains, fin juin, « mais les travaux menés avec InspiRe anticipent finalement déjà ce schéma », commente Christophe Vial, sans en dire pour l’heure davantage sur son contenu.

Une nouvelle hausse des tarifs ?

Reste qu’il faut s’attendre à un investissement à la hauteur de l’enjeu : la métropole souhaite, notamment, passer de 0,7 % à plus de 1 % de réseaux renouvelés chaque année. Et augmenter à nouveau les tarifs pour les habitants du territoire, après plusieurs hausses ces dernières années ? Il faut là aussi s’y attendre, le budget consacré à l’eau étant financé en grande partie par les factures d’eau.

« Forcément, s’il y a un programme ambitieux, il y a une évolution des tarifs, répond Christophe Vial. Mais je rappelle qu’on est encore en-dessous de la moyenne nationale (4,10 € par m3 en 2024 dans la métropole de Clermont-Ferrand contre 4,30 € -derniers chiffres disponibles- en 2022 en France). Je pense que c’est une obligation : ces hausses ne font pas plaisir, mais si on ne fait rien, le jour où il y aura une crise, on nous demandera pourquoi nous n’avons rien fait. »

(*) Beaumont, Ceyrat, Clermont-Ferrand, Cournon, Durtol, Orcines, Pérignat-lès-Sarliève, Royat et Saint-Genès-Champanelle.

Arthur Cesbron