Après le succès à Perpignan, l'avenir de l'ASM Clermont passera par les jeunes
Sur le terrain d’un Perpignan probablement en surrégime et légèrement surcoté ces dernières semaines, Clermont s’est imposé en dépit d’une équipe remaniée et rajeunie. Ce qui en dit assez sur le chemin que doit suivre ce club, appelé à se réinventer pour retrouver les sommets.
En l’emportant (35-28) dans le cadre hostile d’Aimé-Giral, l’ASM a fait plusieurs pas en avant, qui lui permet désormais de regarder devant, sans plus se soucier de ce qui se passe derrière.
Ce résultat obtenu face à l’équipe la plus performante jusque-là de la phase retour du Top 14 est révélateur de plusieurs choses.
La première est certainement liée à la composition du groupe retenu par Christophe Urios, pour un match à l’extérieur, coincé entre la déception d’une demi-finale perdue face aux Sharks et terriblement énergivore, et la réception de Castres (samedi prochain, 17 heures), forcément déterminante dans le sprint final du championnat.
19 JIFF et 14 joueurs issus du centre de formationÀ la lecture de la composition d’équipe de l’ASM, beaucoup ont pensé à une sorte d’impasse, plus dans le but de se mettre en accord avec la règle des JIFF que la quête de révélations de nouvelles têtes. Le manager parlait lui de fraîcheur, de la nécessité de faire bouger les lignes et de mettre à l’épreuve la notion « d’équipe » qui lui est chère.
Le défi était de taille en se rendant à Perpignan, puisqu’avec 19 JIFF sur la feuille (sur 23), Clermont n’avait rien ramené jusque-là de ces trois déplacements avec autant de joueurs issus des filières de formation. Sans Fainga’a, Simmons, Lavanini, Lee, Sowakula, Moala, Delguy… autant de joueurs (blessés ou ménagés) prétendants au quinze type d’Urios, l’ASM a réussi ce qu’elle n’était pas arrivée à faire cette saison.
« Oui, c’est une marche de franchie, s’est réjoui le coach samedi à Perpignan. Chaque fois que l’on faisait bouger les lignes, on n’y arrivait pas. C’était ma faute sûrement, parce que les mecs étaient concentrés sur leur performance au détriment du lien collectif. On dépendait d’un tel, d’un autre. Aujourd’hui (ndlr : samedi), il manquait beaucoup de joueurs et on a réussi à avoir une équipe qui avait du sens ».
L’ASM a aligné à Aimé-Giral 19 JIFF mais surtout 14 joueurs issus de son centre de formation : Beria, Beheregaray, Lanen, Jedrasiak, Dessaigne, Yato, Jauneau, Darricarrère, Fall, Falgoux, Tixeront, Giral, Belaubre et Dzmanashvili. Une stat qui tord un peu le cou à la (mauvaise) réputation actuelle du club clermontois concernant son centre de formation. Encore une étiquette qui colle à l’image du club…
Christophe Urios n’a pas manqué de le rappeler samedi après la victoire à Perpignan. « Ça montre la qualité du travail du club, le travail sur la formation et ça montre le potentiel de ces jeunes. Nous sommes en phase de reconstruction, on tente de remettre l’ASM sur les rails. Pour moi, ça passe évidemment par des joueurs chevronnés, des mecs qui connaissent la musique, mais ça passe aussi par les jeunes ».
« Ils doivent participer à la reconstruction »Ce n’était pas une première, cette saison, de voir des jeunes issus de la formation et le résultat n’a pas toujours été probant.
« Ils ne prenaient pas le relais, explique Urios, parce qu’on ne les mettait pas toujours dans les bonnes conditions et on ne les a pas toujours bien utilisés. Là, je trouve que depuis que Baptiste (Jauneau) montre, eh ben que c’est Baptiste, je vois de bonnes choses avec ces jeunes mecs. C’est l’avenir du club, ils doivent participer à la reconstruction de l’ASM ».
On attendra encore un peu avant de parler d’une prise de pouvoir de la jeune classe clermontoise, mais le « petit exploit » réalisé en terres catalanes peut déjà avoir des vertus sur la prise de confiance de ces joueurs biberonnés du côté des Gravanches.
Christophe Buron