Le lycée Auguste-Aymard d'Espaly devrait bientôt fermer ses portes
« C’est un non-sens ! Nous n’arrivons pas à comprendre ». Depuis le 2 mai, et une réunion avec le rectorat de Clermont-Ferrand et les services de la Région Auvergne-Rhône-Alpes, le lycée Auguste-Aymard est dans la tourmente. La structure d’enseignement professionnelle devrait connaître sa dernière rentrée en septembre prochain avec un transfert total en 2027 à Charles-et-Adrien-Dupuy au Puy-en-Velay.
Le personnel en grèveCe lundi, afin de montrer son désaccord, sa colère et son incompréhension suite à cette annonce, la quasi-totalité du personnel enseignant, administratif et des agents de la Région (90 %), était en grève. « Tous les matins, nous aurons une assemblée générale pour savoir si nous poursuivons le mouvement », confie le collectif du personnel qui fait front commun.
Soudés, les employés du lycée professionnel le sont au quotidien et donc aussi dans la tourmente. « On nous a avancé l’argument de la baisse démographie pour justifier ce transfert, qui n’en est pas un », insiste l’ensemble du personnel. « Toutes nos filières vont être fermées. Deux Bacs professionnels dont on ne connaît pas les débouchés devraient être créés à Roche-Arnaud, lancent-ils, alors que les formations que nous proposons sont porteuses : Bac pro constructeur bois, ICCER (installateur en chauffage, climatisation et énergies renouvelables), CAP menuisier, métallier ».
Nous faisons presque du cas par cas car nous sommes un petit établissement, un endroit familial. Les élèves sont au cœur et le cœur de notre fonctionnement
Établissement à taille humaine, Auguste-Aymard accueille cette année, 120 lycéens venant de Haute-Loire, d’Ardèche, de la Loire, du Puy-de-Dôme et de la Lozère, « mais les services de l’Éducation nationale n’en comptent que 60. Ils ne tiennent pas compte des apprentis, par exemple. Pourtant, ils sont bien là au quotidien avec nous ». Et les professeurs en sont convaincus : « C’est parce que nous sommes petits que les élèves réussissent. Nous faisons presque du cas par cas, car nous sommes un petit établissement, un endroit familial. Les élèves sont au cœur et le cœur de notre fonctionnement. Que vont-ils devenir ? Ça fait 29 ans que je travaille ici, c’est impressionnant tout ce que les gamins vont perdre », insiste une enseignante.Afin de montrer leur colère, le personnel a déployé des banderoles sur les grilles de l’établissement ce lundi matin.
Et que vont devenir les professeurs et les contractuels* ? « Nous avons un collègue qui est à temps plein ici. Dès 2025 avec les premières années en moins, il sera à moins de 50 % et il n’y a pas de place dans les lycées environnants », insiste une enseignante.
Les enseignants de Haute-Loire de nouveau mobilisés contre le choc des savoirs mardi
Avec un taux de réussite atteignant plus de 80 % chaque année, des formations porteuses et des effectifs en hausse depuis au moins trois ans, le lycée professionnel se porte bien, d’où ce sentiment d’incompréhension. « Nous recevons des commandes de la municipalité, de l’école… Nous amenons de la vie à la commune », appuient-ils.
Si la rentrée de septembre prochain sera dès plus classique, les prochaines n’accueilleront aucun nouveau lycéen. Le personnel d’Auguste-Aymard manifestera aujourd’hui devant l’Inspection académique en espérant faire changer les choses.
Manuel Cladière
(*) Le personnel du lycée Auguste-Aymard est constitué de 25 professeurs, 4 agents administratifs et 9 agents de la Région Auivergne-Rhône-Alpes.
Quid des bâtiments du lycée
L’une des réalisations des lycéens suite à la demande de leur professeur de français qui souhaitait « un arbre de la connaissance ».Les bâtiments abritant actuellement le lycée professionnel Auguste-Aymard ont été construits en 1897 par la Société Alirol frères, spécialisée dans le textile. Installée rue Courrerie au Puy-en-Velay, la société utilise cet espace pour confectionner des articles d’habillement et de lingerie.
Puis, de 1920 à 1936, les locaux ont abrité une fabrique de dentelles mécaniques dirigée par Paul Laurent industriel à Vals. Un centre d’accueil pour les pupilles de la Nation a ensuite occupé les lieux dès 1939 avant qu’un centre d’instruction militaire ne lui succède.
L’histoire du bâtiment est ensuite floue. Peu ou pas de traces existent. Quand à son avenir, il est tout aussi brumeux : « Nous avons demandé, mais personne ne nous a rien dit », confie le personnel de l’établissement.