Après la crise sanitaire et malgré l'inflation, la saison des mariages garde un air de fête dans l'Allier
Après les turbulences sanitaires, le mariage retrouve son rythme de croisière. Dans l’Allier et comme partout en France, le printemps marque le retour de la saison où l’on se dit « oui ». Une période synonyme de pic d’activité pour les professionnels de l’événementiel.
À Ébreuil, le Gourmet Fiolant dénombre 135 mariages prévus en 2024. « On a retrouvé une activité normale, affirme Didier Coutard, le président de la SAS qui emploie 25 salariés sans compter les extras. On fait entre 130 et 140 mariages, par an, en moyenne. »
Châteaux et sites prestigieuxDes mariages célébrés entre Allier et Puy-de-Dôme, avec pour la plupart d’entre eux des châteaux ou des domaines prestigieux choisis pour la réception. Ils offrent souvent l’opportunité de loger sur place les plus proches invités et de soigner le cadre des festivités.
« On est dans l’ère du digital, constatent Alexandre Humbert et Mickaël Favier, co-gérants des Tabliers Rouges qui travaillent uniquement avec des extras. Les couples veulent avoir de belles photos, montrer la cérémonie sur les réseaux sociaux. C’est le rêve d’une vie pour certains. »
Basée à Isserpent, l’entreprise réalise une trentaine de mariages par an dans l’Allier, le Puy-de-Dôme et la Loire avec des demandes sur des sites d’exception comme le chalet impérial Clermont-Tonnerre, à Vichy, où un couple a rassemblé ses convives fin avril. « Pour 2025, on a 70 % de nos dates quasi-assurées de mai à septembre, c’est-à-dire que le contrat est signé ou en cours, assurent les traiteurs. Ça, c’est chouette ! »
Des mariages plus nombreux qu'avant la crise sanitaireLa reprise tend à se confirmer sur les relevés de l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee). En 2023 comme en 2022, 242.000 mariages ont été célébrés en France, qu’il s’agisse de primo mariages ou de remariages. Alors que la crise sanitaire liée à la propagation du Covid-19 avait marqué un coup d’arrêt en 2020 avec un nombre de célébrations historiquement bas (154.581), l’activité a rebondi. Elle a atteint en 2022 et en 2023 un niveau plus élevé qu’avant la crise sanitaire, 2019 pouvant tenir d’année de référence avec 224.740 unions.
Ce sursaut peut s’expliquer par « un report de certains mariages annulés en 2020, selon l’Insee. Le rattrapage n’est cependant que partiel : le déficit des mariages en 2020 n’est pas compensé par les niveaux de 2022 et 2023. »
L'inflation, une nouvelle invitéeEntre-temps, un nouveau nom s’est glissé sur la liste des invités : l’inflation. Les professionnels expliquent procéder à des économies de production, afin de ne répercuter qu’en partie la hausse des coûts des matières premières, des énergies et des carburants sur leurs tarifs.
« On a augmenté de 10 à 15 % les prix de nos menus et vins d’honneur depuis août 2023, explique Didier Coutard, membre de la Fédération des charcutiers-traiteurs de l’Allier. On n’a pas le choix, sinon on coule. On essaie de gérer les stocks au plus juste, d’avoir un peu moins d’heures supplémentaires, le fournisseur qui fera le meilleur prix… On cuit beaucoup la nuit en heures creuses et on investit dans du matériel fait pour ça. »
La facture de la réception comprenant le service peut s’élever de 70 à 80 € par personne, et jusqu’à 150 € selon les budgets, les menus et les prestataires choisis. Pour les boissons, des couples décident de se débrouiller par eux-mêmes afin de faire un peu d’économie.
Des entreprises s'adaptent« Le mariage reste malgré tout une parenthèse dans la vie des personnes », estime Jean-Baptiste Nicolas, gérant de La Cuisine artisanale de Brugheas qui livre des repas à domicile toute l’année et répond aussi à des demandes pour des mariages. « Les clients continuent de se faire plaisir malgré l’inflation. C’est différent de la consommation quotidienne. On a des couples qui nous demandent aussi des repas sans service, mais ce n’est pas nouveau. Il n’y a pas eu de changement dans les demandes de mariages. Dans le fonctionnement de l’entreprise, oui. »
Depuis août 2023, la société composée de 27 salariés est fermée le dimanche hors événement particulier comme le 24 décembre qui tombait en toute fin de semaine en 2023. « Trouver des personnes qui veulent travailler les dimanches est devenu très compliqué aujourd’hui. Fermer ce jour-là est un moyen de fidéliser les salariés avec lesquels on travaille. On avait un peu d’appréhension sur la réaction des clients, mais ce changement a été bien perçu. »
Texte Estelle DissayPhotos Renaud Baldassin