Avec le départ prochain de trois généralistes, cette commune du Puy-de-Dôme cherche des médecins de toute urgence
La moitié des habitants de Gerzat va-t-elle être privée de médecin généraliste ? C’est la situation à laquelle le maire, Serge Pichot, ne veut pas penser, ni se résoudre depuis qu’il a appris qu’un des cabinets de la ville allait fermer, le 14 août prochain.
Ce cabinet, c’est celui des docteurs Lécuyer, Rastoix et Martz. Le premier va rejoindre la médecine du travail ; la seconde s’arrêter début juillet durant plusieurs mois pour raisons familiales et ne reviendra pas ; la troisième qui pensait pouvoir rester, jette finalement l’éponge et devrait rejoindre un cabinet à Riom.
Un équilibre fragile« La situation a évolué en quelques semaines et a pris un tour critique », constate amèrement Serge Pichot, qui aurait aimé « être prévenu plus en amont. » « Au départ, seul un des trois associés devait partir et les deux autres s’inquiétaient de ne pouvoir faire face aux charges sans lui, explique le maire. Malheureusement, s’il existe des aides à l’installation, il n’y a pas grand-chose pour le maintien d’une activité en place, mais on avait imaginé des solutions avec la pharmacienne d’à côté, et les infirmiers. Mais là, avec le départ de trois médecins, la donne a totalement changé et nous sommes pris de court. »
Outre la patientèle qui sera privée de médecin, c’est tout un écosystème qui pourrait s’en trouver fragilisé : Gerzat compte trois pharmacies, dont une, juste à côté du cabinet médical, et un laboratoire d’analyses médicales. Trois praticiens qui partent, c’est un bon nombre de prescriptions en moins.
L'inquiétude monte« Le sujet occupe désormais chacune de nos réunions entre élus et j’ai reçu une délégation de Gerzatois à ce sujet », rapporte Serge Pichot. « On a des patients qui ne peuvent pas se déplacer, qui dépendent des visites à domicile, comment vont-ils faire ? », s’inquiète Élodie Gironde, infirmière libérale.
DilemmeLe docteur Martz, dernière à avoir annoncé son départ, en est bien consciente, mais ne pouvait humainement pas prendre en charge la patientèle de ses deux confrères, en plus de la sienne. « Qui prendre ? Qui refuser ? Et puis, je ne me voyais pas non plus travailler sans secrétariat (L’assistante médicale va partir, elle aussi : NDLR) et exercer seule, deux jours par semaine. Notre collaborateur, le Dr Langlat, qui exerce à mi-temps, ne pouvant pas me dire avant la fin de l’année s’il peut s’établir à plein temps à Gerzat. C’était beaucoup trop d’incertitudes. En allant à Riom, je pourrai continuer mes visites à domicile à Gerzat et la plupart de mes patients pourront faire les trajets sans trop de difficultés. J’espère qu’ils continueront d’aller chercher leurs médicaments et à faire leurs analyses à Gerzat. Je peux parfaitement transmettre les ordonnances à leur pharmacie pour que leurs prescriptions soient prêtes à leur retour », explique le médecin.
Elle ajoute encore : « Il y a beaucoup de burn-out chez les généralistes, je ne veux pas grossir la liste. »Du côté de la mairie, on avance dans deux directions : le recrutement de médecins et la création d’un centre de santé, rue Salengro ou à l’ancienne maison des associations, ce qui permettrait d’étoffer l’offre de soins.
Rien avant 2025« Nous allons mandater une agence du Pays basque spécialisée dans le placement de médecins formés en Espagne ou en Roumanie et qui a donné toute satisfaction à Saint-Rémy-sur-Durolle. Mais la procédure peut prendre entre 6 et 8 mois quand on aura trouvé un candidat, prévient Serge Pichot L’usage est d’offrir la gratuité des locaux professionnels, voire du logement, ce qui pose néanmoins un problème par rapport aux autres médecins de la commune, car nous ne sommes pas dans un désert médical », précise-t-il.
Quant au projet de pôle ou de centre de santé, c’est avec Filieris, une mutuelle du nord, très active dans les anciens bassins miniers, qu’il pourrait se faire « Nous avons fait valoir la tradition minière du Puy-de-Dôme et ils seraient partants. Ils doivent venir nous rencontrer. Si cela se fait, ils viendront avec une équipe de médecins salariés. »L’une et l’autre solution n’ont cependant guère de chance d’aboutir avant 2025 au mieux, laissant bon nombre de Gerzatois sans médecin traitant. Le maire prévoit d’organiser une réunion publique pour informer ses administrés de l'avancée du dossier.
Géraldine Messina