[Cannes 2024] “L’Est de midi”, l’heureuse surprise d’Hala Elkoussy
Véritable fable ubuesque, L’Est de midi prend place dans un Moyen-Orient dystopique, où Abdo, un jeune homme fou de musique qui glane des sons de rue, tente d’échapper à un pouvoir autoritaire bouffon. Le film frappe tout d’abord par la création, rafraîchissante dans le palmarès Cannois, d’un univers totalement unique. Tourné en pellicule noir et blanc, il est fait de tapis et de bric-à-brac baroques qui meublent d’immenses hangars. Le seul exutoire reste la mer, présente uniquement dans les rêves des personnages et toujours accompagnée d’un superbe passage à la couleur, comme une promesse de liberté qui hante les histoires de la grand-mère d’Abdo.
Des fables pour endormir le peuple dans la grisaille, comme le fait le régime totalitaire en place, avec des contes et des spectacles de cabarets grotesques, mais aussi des histoires pour se sauver, car c’est grâce à l’invention d’un mystérieux trésor qu’Abdo libérera la population. Dans tout ce capharnaüm d’objets et de récits, on sent qu’Hala Elkoussy, artiste visuelle de formation, tente de faire tenir en deux heures, tous les éléments d’un univers mental qu’elle se construit depuis toujours, quitte à rendre son film confus. Un bémol que l’on pardonne facilement tant il est rare de percevoir à ce point, tout l’enthousiasme créatif d’une cinéaste.
L’Est de midi d’Hala Elkoussy avec Ahmed Kamal, Menha El Batroui et Omar Rozeik (Pays-Bas). Quinzaine des cinéastes.