C'est quoi le béhourd léger, ce sport loin d'être une activité en mousse ?
Jusqu’à il y a deux ou trois décennies, pour (re)jouer aux chevaliers, il fallait s’armer… lourdement ! Et pour cause : cuirasse, heaume, gorgerin, cotte de mailles, protections diverses : la panoplie pour coller à l’équipement d’un chevalier, preux ou pas, du Moyen Âge, pouvait atteindre une trentaine de kilos. Et ce, sans parler du bouclier, de l’épée ou de la lance…Pratique du béhourd léger à Champeix, fief du béhourd en France
Heureusement pour Maëlle, Louka, Marine, Elouan, Guillaume et les autres, en l’an de grâce 2024, à Champeix, leur équipement, même s’il reste massif et encore un peu impressionnant, pèse bien moins lourd. Dans l’enceinte du gymnase du Marchidial, ils préparent leurs attaques, règlent leurs coups, adaptent leur défense. Ici, ils pratiquent le béhourd léger.
Le béhourd, késako ?
Le béhourd léger, qu’est-ce que c’est ? Pour lever le voile sur cette pratique, héritée de l’art du combat du Moyen Âge, mais adaptée aux moyens très contemporains, il suffit d’assister à l’un des entraînements (selon les catégories d’âge et niveaux, il y en a une dizaine par semaine), au gymnase du Marchidial, à Champeix. Équipés des pieds à la tête, les pratiquants semblent avoir des fourmis dans les jambes et dans les mains, pressés d’empoigner leur épée et de se défouler. Pour les faire évoluer, Guillaume, l'entraîneur, ne boude jamais un duel avec les plus jeunes. Le béhourd léger (ou Modern Sword Fighting, que l’on pourrait traduire par "combat à l’épée moderne"), est un sport d’opposition, le plus souvent en duel. Le but du "jeu" ? Accomplir des touches avec son arme, une sorte de lance ou épée, en mousse assez rigide, tout en esquivant celles portées par son adversaire. Une discipline sportive assez récente, qui s’inspire du béhourd, sport de combat comme à l’époque médiévale, mais en armure et en équipement dit lourd.
120 combattants au tournoi de béhourd
En provenance des pays de l’Est"Le béhourd léger est une activité qui vient des pays de l’Est. Cela peut être pratiqué par tout le monde, adultes comme enfants. Garçons et filles", souligne Guillaume Andrieux, entraîneur des Écuyers du Marchidial et créateur du club champillaud en 2016. S’il permet de faire entrer en jeu du matériel de protection, en plastique rigide et des armes sécurisées, facilement manipulables, le béhourd léger implique aussi un certain nombre de règles, précises, que tous les pratiquants ne sauraient ignorer. Sur le bord du terrain, chaque combat est apprécié et arbitré par cinq juges. Alors qu’il est justement en train d’en expliquer les règles, Guillaume Andrieux, sans doute habitué aux belligérants et mercenaires de tout poil, esquive une tentative de coup porté par le petit Elouan, à peine 7 ans.
Attention ! Je n’ai pas d’équipement. Pas d’équipement, pas d’attaque
lui adresse-t-il comme un rappel. Elouan, a fait une première séance d'initiation mercredi dernier. A priori, il reviendra ! Ici, pas de place au "no limit" qui a particulièrement le vent en poupe ces dernières années. Sur le parquet du gymnase, transformé en grande salle d’armes, plusieurs pratiquants s’adonnent à des joutes, avec application. Et le plus sérieusement du monde.
Se défouler, en toute sécurité et prendre du plaisirL’intention et l’application des chevaliers du XIe siècle ne semblent pas flétries. Ni tombées dans l’oubli. S’ils n’ont évidemment pas l’objectif de sauver leur peau, les combattants ont celui de sauver la face, parfois, et de se défouler, surtout !
"C’est ça qui donne rapidement le virus. Et qui fait que l’on accroche. C’est une activité engagée. Mais on a vite un shot d’adrénaline. C’est ludique et physique. La dépense est là. Et la satisfaction aussi"
résume l’entraîneur, également président de la Fédération française officieuse de la discipline. Au béhourd léger ça tape et ça tape même fort… mais sans se faire mal. Et c’est sûrement la plus appréciable des différences avec nos ancêtres médiévaux. Les plus récalcitrants ou dubitatifs pourront sans doute aller se faire une idée, ce week-end, lors du tournoi européen du Marchidial, organisé à Champeix. En joue !
Marie-Edwige Hebrard