De nouveaux records pour la Pastourelle de Salers, « pépinière » du trail français

Il y a le volet sportif, la victoire d’un champion du monde, la révélation de Valentin Joachim. Mais à Salers, la Pastourelle revendique un bilan qui dépasse le sport, avec près de 6.000 participants sur le pays de Salers.

Et ça grimpe, encore. On aurait pu penser la Pastourelle à un sommet, en 2022 lors des championnats de France de trail mais non : le nombre d’inscrits continue à monter, années après années.

Au sortir de l’édition 2024, Philippe Barrière, organisateur, revendique ainsi 5.692 inscrits sur toutes les épreuves, du trail à la randonnée. Le Challenge, qui consiste à enchaîner le parcours de 60 kilomètres le samedi, et le parcours du relais de 30 kilomètres le dimanche, fait le plein avec 200 participants, pour sa deuxième année d’existence. La Buronnière, format de 10 kilomètres réservé aux femmes, cartonne en passant la barre des 300 inscrites.

Sportivement, l’épreuve parvient toujours à attirer un coureur Élite : cette année, c’est Sylvain Court qui est revenu, après sa performance de 2010, et le titre de champion du monde qui a suivi. Sur le 60 kilomètres, Valentin Joachim a tapé dans l’œil de tous les suiveurs : rafraîchissant, ce tout jeune coureur adepte des réseaux sociaux, qui documente sa préparation et ses épreuves en vidéo sur Internet, a réalisé une vraie performance en battant notamment un Ugo Ferrari, athlète élite auto-proclamé Duc de Savoie et locataire régulier du top 30 sur les 170 km de l’UTMB, l’épreuve référence de la planète trail.

« On est une pépinière du trail Français », savoure Philippe Barrière, un statut qui doit beaucoup à l'oeil aiguisé de Philippe Propage, cadre de la team Kiprun et fin connaisseur du secteur. Philippe Barrière s'en amuse, montre une photo du coach avec un certain Thomas Cardin, double vainqueur de la Pastourelle, sacré champion d'Europe à Annecy quelques jours après la course et posant avec la cloche qu'il avait reçue en guise de trophée à Salers.Le mythique Dawa Sherpa est revenue sur la Pastourelle.

Le 60 kilomètres inaugurait d’ailleurs un changement avec une incursion dans la haute vallée de l’Aspre, au Fau. « C’est une grande satisfaction, commente Philippe Barrière. On a eu un accueil très chaleureux, ils ont tout géré seuls. » L’épreuve a aussi renforcé son attache dans le secteur de Saint-Martin-Valmeroux, en y envoyant les concurrents du challenge, le dimanche : « On est la manifestation du grand pays de Salers ».

L’intérêt est aussi arithmétique : impossible de faire cohabiter tout le monde le même jour sur les mêmes sentiers. Avec autant d’inscrits, il faut multiplier les parcours, pour éviter les bouchons au sommet du Cantal. Une foule qui trouve de quoi profiter en dehors des courses : 181 personnes se sont inscrites aux différentes animations proposées par la cave de Salers, la coopérative de Saint-Bonnet, le repas de la transhumance ou encore la visite de la ferme Al Païs.

Philippe Barrière a fait un petit tour des partenaires : l’office du tourisme note qu’en plus des inscrits, les accompagnateurs viennent également et consomment le week-end de la course, mais également avant et après. Les Gîtes de France ont enregistré un taux de remplissage de quasiment 100 % sur les 105 hébergements du secteur.

« 92 départements français étaient représentés, dont la Corse et La Réunion, s’enthousiasme Philippe Barrière. On a réalisé une enquête de satisfaction, avec 1.900 réponses, un tiers ne connaissait pas le pays de Salers, 96,5 % veulent revenir en pays de Salers, dont 28 % pour les vacances. » Plus de 50 % des répondants ont consacré plus de 150 € pour le week-end.

Malgré cela, la date de l’édition 2025 de la Pastourelle n’est pas connue. L’organisation essaye de placer l’épreuve autour du jeudi de l’Ascension ou du lundi de Pentecôte, pour avoir un long week-end et organiser l’ensemble des épreuves sur deux jours, et pas uniquement le samedi. L’an prochain, les deux journées tombent très tard, à cheval entre mai et juin, au moment où les vaches seront à l’estive.

L’objectif est de continuer à lier l’épreuve à la fête de la transhumance, de travailler avec l’ensemble du tissu local. La course traversant une montagne habitée, avec une activité économique forte liée à l’agriculture, « on est conscient qu’on ne peut pas faire la Pastourelle sans avoir le milieu agricole avec nous. On va aller à sa rencontre, avant de fixer une date, en concertation avec tous les acteurs ».La date sera scrutée dans le monde du trail : la Pastourelle rayonne désormais bien au-delà du cirque de Récusset.

Pierre Chambaud