Habitat, Oxybul, Etam... Quels sont les effets de ces fermetures sur l'activité du Centre Jaude à Clermont-Ferrand ?

Il y a eu Habitat, Maisons du monde, Minelli. Il y aura, dans les prochains mois, Oxybul, mais aussi Etam et IKKS. Ces fermetures, effectives ou annoncées, laissent une impression tenace : l’activité du Centre Jaude (1 et 2) serait en berne.

Vraiment?? La réalité semble bien plus nuancée. Si l’on prend la vision d’ensemble, elle peut même surprendre : « Entre mai 2023 et mai 2024, le flux de visiteurs (13 millions en 2023) est en hausse de 1,9 % et le chiffre d’affaires cumulé de tous les magasins a augmenté de 10 % (son montant en euros reste confidentiel, NDLR) », affirme Cyril Beauquier, patron du restaurant Le Dôme à Jaude 1 et président du Groupement d’intérêt économique (GIE) des commerçants de Jaude.

Les travaux, quels effets ?

Deux chiffres qu’il convient à la fois d’expliquer et de relativiser. Le flux de visiteurs ? Il serait donc en hausse mais les consommateurs ne sont, aussi, plus forcément les mêmes qu’avant. La faute sans surprise aux travaux qui parsèment Clermont-Ferrand, mais pas seulement. « Tous les centres commerciaux constatent un changement dans les déplacements des consommateurs, qui privilégient la proximité et donc les centres près de chez eux, ce qui ne nous pose pas de problème car la population est dense dans le centre de Clermont », poursuit Cyril Beauquier, quand Laetitia Bobel, vice-présidente du GIE et de la boutique Yves Rocher, appuie :

Et puis il y a l’effet des travaux : oui, certains consommateurs extérieurs à Clermont-Ferrand viennent moins, mais il faut quand même relativiser et sortir de cette spirale négative, ce n’est pas impossible de venir en ville?! On a aussi récupéré des gens de Royat et Chamalières qui ne veulent plus traverser Clermont, à cause des travaux, pour se rendre à Aubière.

La hausse globale du chiffre d’affaires gomme aussi de profondes différences. La restauration, la beauté, la culture et les loisirs se portent au mieux, tout l’inverse du prêt-à-porter, même si le secteur occupe encore une grande partie des deux galeries commerciales.

"Des loyers trop élevés"

Illustration : ici, dans cette parfumerie, on assure « ne jamais avoir eu autant de clients »?; là, dans cette enseigne de prêt-à-porter, on déplore une fréquentation en baisse et on accuse les travaux. « Nous avons d’autres magasins de l’enseigne en dehors de Clermont-Ferrand, à Aubière ou Riom, et les clients les privilégient pour éviter les chantiers du centre-ville », assure cette gérante de magasin, déplorant au passage « des loyers trop élevés » appliqués par le groupe Klépierre à Jaude.

Reste que l’effet de ces travaux semble surtout s’ajouter à un contexte national défavorable pour certaines marques de prêt-à-porter, entre essor de la seconde main et concurrence à bas prix sur internet. Des difficultés déconnectées de Jaude, considère-t-on également du côté du GIE des commerçants :

« Si on analyse les fermetures à Jaude ces derniers temps, il n’y a que deux indépendants (Il caffe di parma et Wylder)?; pour les autres (Maisons du monde, Habitat, Minelli, Comptoir des cotonniers…), ce sont les effets de changements de stratégie des grandes enseignes avec des fermetures partout en France »

Des ouvertures en mai

D’Habitat à Minelli, ces vitrines vides ou rideaux fermés renvoient malgré tout une image négative, même si Jaude ne compte finalement que treize locaux vides sur 123. « Il y a toujours eu un turnover à Jaude, même s’il se voit certes un peu plus en ce moment, et il faut quelques mois avant qu’une boutique soit reprise », commente Laetitia Bobel, qui souligne en parallèle l’arrivée récente d’Intersport, de deux boutiques de lingerie (Tezenis et Intimissimi) et du nouveau concept d’Adidas. « On reste très attractif car on a la plus grosse offre du Massif central. » Le magazine Sites commerciaux a même placé Jaude à la 14e position des centres commerciaux, en France, en termes de fréquentation. Seuls des centres du grand Paris, de Lyon, Lille et Montpellier le précèdent.

Etam ferme cet été, IKKS dans l'attente

La liste des fermetures s’allonge à Jaude 1. D’abord avec Etam. L’enseigne est présente à travers deux boutiques dans le centre commercial : si, au rez-de-chaussée, Etam lingerie reste, le magasin consacré au prêt-à-porter, au 1er étage, va lui fermer mi-juillet. La raison?? « Rationalisation économique : le loyer est peut-être un peu élevé par rapport au chiffre d’affaires que peut faire aujourd’hui ce magasin », justifie Fabien Chaput, directeur régional de la marque.

Une autre boutique emblématique de la galerie va aussi disparaître dans les prochains mois : IKKS. Selon nos informations, le point de vente est concerné par le Plan de sauvegarde de l’emploi (PSE) annoncé par le groupe en début d’année, qui sera synonyme de fermeture de 77 magasins en France. Aucune date n’est toutefois annoncée.

Arthur Cesbron