Réforme du "Choc des savoirs" : des profs de Moulins refusent "d'étiqueter les élèves"
Parents d’élèves et personnels des établissements scolaires de l’agglomération de Moulins étaient conviés à échanger sur le "Choc des savoirs", mercredi 5 juin. À la Maison des associations. Peu se sont déplacés.
Pourtant, pour la quinzaine de personnes présentes, en grande majorité des professeurs, l’heure est grave. La réforme voulue par Gabriel Attal, qui s’appliquera à partir de la rentrée prochaine, "modifie en profondeur la philosophie du collège" en France.
"Les élèves seront triés, parqués, assignés dès la 6e à des groupes de niveau, dont ils ne pourront sortir que difficilement", explique Vincent Présumey, secrétaire départemental de la Fédération syndicale unitaire de l’Allier. Ainsi, "fini le brassage social", et "l’entraide entre élèves de différents niveaux, qui était bénéfique aux plus en difficulté comme aux plus à l’aise à l’école", d’après les professeurs présents.
Les petits sixièmes "sans repères"Plusieurs d’entre eux se montrent aussi révoltés quant au sort des plus jeunes, à leur rentrée en 6e. Ils seront "totalement déphasés" : "Alors qu’ils ont besoin de repères, on multiplie encore leur nombre de professeurs et de classes. Leurs professeurs principaux ne les connaîtront plus aussi bien". Des problèmes organisationnels sont aussi pointés : groupes surchargés, trop peu de professeurs, de salles de classe. Certains collèges prévoient des groupes identiques pour les cours de maths et de français, "comme si un élève bon en calcul l’était forcément aussi en orthographe."
En raison d’options particulières qu’ils souhaitent conserver, certains collèges de l’agglomération devraient appliquer la réforme "a minima" à la rentrée, selon plusieurs professeurs. Voire ne pas l’appliquer du tout…
Quelques jours après la rentrée, une nouvelle réunion sera organisée pour les profs et parents d’élèves, le mercredi 11 septembre. L’objectif sera de faire un premier bilan de la mise en place du "Choc des savoirs", et de s’organiser pour s’y opposer.
Emeric Enaud