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Июнь
2024

Édouard Louis et Geoffroy de Lagasnerie : “2024 pourrait devenir une nouvelle date majeure de la politique progressiste en France”

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Dimanche, lors des élections européennes en France, le Rassemblement national a réussi à capter 31,3 % des suffrages exprimés, un score décrit comme historique pour le parti d’extrême droite de Marine Le Pen et de Jordan Bardella. Quand Emmanuel Macron, suite à l’effondrement de son parti, a annoncé la dissolution de l’Assemblée nationale, nous avons eu peur. Beaucoup d’entre nous se sont inquiétés : qu’allons-nous devenir si l’extrême droite venait à s’emparer de l’appareil d’État ? Des amis nous ont écrit, angoissés : faudra-t-il quitter la France en cas de victoire du Rassemblement national ? Si le RN fait des scores toujours plus impressionnants à chaque élection, qu’en sera-t-il la prochaine fois – une prochaine fois aussi soudaine, abrupte, aussi proche de nous ?

Ces peurs sont évidemment légitimes, et nous les partageons. Mais nous voudrions poser le problème autrement : et si, au fond, ces élections anticipées étaient une bonne nouvelle ? Et si le récit médiatique nous installait dans une torpeur qui nous empêchait d’agir et de nous mobiliser ?

Avant hier, la gauche elle aussi a gagné

Il nous semble en effet que le récit médiatique dominant fait largement écran à une autre interprétation possible de la séquence politique que nous traversons. Car la gauche a réuni, et il est important d’insister là-dessus, presque 34 % des voix : 13,8 % pour le parti socialiste, 9,9 % pour la France Insoumise, 5,5 % pour les Verts, 2,4 % et 2 % pour le Parti communiste et le Parti animaliste, d’autres voix encore pour des formations politiques plus petites.

Il n’y a donc pas que l’extrême droite qui a remporté cette élection. Avant hier, la gauche elle aussi a gagné. Elle a dépassé, en nombre de votes, le score de Bardella. Ne nous laissons pas voler par le récit médiatique ce que nous pouvons aussi revendiquer comme une victoire. Ne laissons pas le champ médiatique mettre une fois de plus l’extrême droite au centre de nos préoccupations et des dynamiques politiques, parfois avec une sorte d’excitation suspecte et malsaine, un frémissement devant ce qui pourrait advenir si le Rassemblement national arrivait au pouvoir.

“Et si les élections anticipées étaient l’occasion d’écarter enfin les députés macronistes de l’Assemblée ?”

Il y a donc une autre manière de raconter ce qui se passe en France depuis l’élection européenne du 9 juin, et qui potentiellement peut redonner de l’espoir à toutes celles et tous ceux qui appartiennent au camp progressiste : et si les élections anticipées étaient l’occasion d’écarter enfin les députés macronistes de l’Assemblée, qui depuis plusieurs années mènent une politique violente de destruction sociale, en dépit de toutes les formes de protestation, et en dépit de tous les mouvements sociaux ? N’avons-nous pas une chance inespérée de nous débarrasser d’eux trois ans plus tôt? Et si ces élections représentaient enfin une possibilité pour la gauche de donner un débouché à ces mouvements et à ce désir largement partagé d’une vie meilleure ? Et si ces élections nous permettaient d’affaiblir l’extrême droite, non pas en dépit de sa montée en puissance, mais au contraire en tentant de retourner cette dynamique en notre faveur ? 

Comme le rappelait François Ruffin après l’annonce de la dissolution de l’Assemblée nationale, c’est parfois dans les moments de péril et de menace que la gauche s’est emparée du pouvoir : c’est ce qui s’est passé avec le Front populaire dans les années 1930. C’est parce que la peur et le risque étaient présents qu’un retournement des énergies politiques, même éphémère, a pu s’opérer. Le risque de l’extrême droite a pu constituer, à certains moments, non pas une entrave, mais une voie, une opportunité pour la gauche. Et cette opportunité a engendré des progrès sociaux dont nous bénéficions encore aujourd’hui, presque cent ans plus tard : les congés payés, la diminution du temps de travail, etc… 

Pourtant, ces reformes révolutionnaires du Front populaire n’ont été possibles que grâce à des choix stratégiques : elles n’ont pu advenir que parce que les gauches de l’époque se sont alliées. C’est parce que les gauches à ce moment ont cessé de s’autodétruire, de s’enfermer dans des mécanismes mortifères et narcissiques, même l’espace de quelques mois, que des avancées immenses ont été réalisées, qui continuent près d’un siècle plus tard, de rendre la vie plus vivable pour des millions d’individus.

Si nous partons de l’idée que la gauche est forte aujourd’hui, qu’elle n’a jamais été aussi haute depuis longtemps, que nous pouvons gouverner d’ici quelques semaines, nous comprenons immédiatement comment, malgré les réticences légitimes, notamment à l’endroit du PS, toutes les composantes de la gauche ont raison de s’unir lors des élections législatives des 30 juin et 7 juillet.

Car même s’il ne durait que 1, 2, ou 3 ans, ou même six mois, le Front populaire constitué pour l’occasion pourra être l’occasion de mettre en place des réformes qui continueront d’améliorer l’existence dans 80, 90, 100 ans, qui sait ? comme cela a déjà été fait.

Il ne s’agit pas de créer une alliance magique, parfaite ou éternelle, mais de gagner quelque chose, tout de suite, et d’empêcher l’extrême droite d’accroître son pouvoir.

En fait, il faudrait sortir de l’opposition classique entre la gauche d’union et la gauche qui refuse l’union : en politique, il faut penser dynamiquement, et jamais par abstraction. Peut-être qu’il existe des moments dans lesquels l’union est une démarche contre-productive, qui favorise les forces les moins radicales et les plus conservatrices, et d’autres dans lesquelles elle permet des victoires concrètes et des basculements historiques. Nous pensons que l’élection qui vient fait partie de cette deuxième catégorie.

“Mais s’unir, cela ne veut pas dire être d’accord”

On entend parfois dire, d’une manière trop automatique pour que cela soit vrai, que l’union est impossible à cause des désaccords. Mais s’unir, cela ne veut pas dire être d’accord. Cela ne veut pas dire renoncer à la radicalité ou à certains combats spécifiques que d’autres ne veulent pas mener à l’intérieur de l’union. S’unir, cela veut dire au contraire créer la possibilité du désaccord : c’est en effet à condition de gagner les élections que les désaccords pourront être exprimés entre les Insoumis, les Verts et les Socialistes. Ou plutôt, c’est si nous gagnons et seulement si nous gagnons que nos désaccords pourront avoir des effets politiques positifs, et créateurs. Nos désaccords cesseront alors de s’inscrire dans le seul espace du langage et ils ouvriront de nouveaux droits et de nouveaux progrès dans le champ politique de la même manière que l’expression des désaccords entre les macronistes, les Républicains et le Rassemblement national, qui ont gouverné ensemble ces derniers mois et qui se reconnaissent souvent comme faisant partie d’un même ensemble opposé à la gauche, a amené le gouvernement de Macron à être toujours plus inventif dans la destruction du droit social, à aller toujours plus loin dans la violence de classe et dans la guerre aux pauvres. Les désaccords du gouvernement avec le RN et les Républicains ont été, en bref, tristement fructueux : ils ont conduit ce gouvernement à toujours plus se droitiser.

Ne pourrions pas, de notre côté, créer les conditions pour des désaccords de gauche qui nous permettront d’aller plus loin à gauche ?

Toute personne qui participe à des manifestations sait que nous y trouvons côte à côte des Écologistes, des membres de La France insoumise, des communistes, des militants du NPA, et même parfois du Parti socialiste. Si nous sommes dans la rue ensemble, c’est bien qu’il existe une sensibilité commune, ou au moins une volonté de résister à des mêmes forces réactionnaires. Comment pourrait-on nier qu’il existe, à l’intérieur des différents courants politiques de gauche, une possibilité de rédiger un programme de mesures d’urgence à prendre dans un ensemble de secteurs : la santé, l’école, les salaires, la culture, le droit d’asile… Personne n’y retrouverait la totalité de ce pour quoi il se bat, certes. Mais justement : cette plateforme serait un point de départ – un espace possible d’expression des désaccords et des débats.

Depuis un certain nombre d’années, nous entendons et lisons souvent des slogans antifascistes lors des manifestations et des rassemblements. Mais “Siamo tutti antifascisti” (“nous sommes tous antifascistes”, ndlr ) ne peut rester à l’état d’un slogan que l’on scande. Cette déclaration est une injonction éthique et pratique. Elle doit prendre une forme réelle dans un contexte donné. Aujourd’hui nous avons une possibilité d’offrir une forme positive à l’antifascisme, non pas seulement en empêchant l’extrême droite d’accéder au pouvoir mais en contribuant à l’écriture d’une nouvelle page de l’histoire des forces de gauche. Ce n’est pas uniquement contre l’extrême droite que nous devrions manifester, mais pour ce nouveau Front populaire, qui aujourd’hui à les moyens de la victoire. Ne passons pas à côté de cette opportunité historique : après 1936, l’année 2024 pourrait devenir une nouvelle date majeure de la politique progressiste en France.

Édouard Louis, écrivain et Geoffroy de Lagasnerie, philosophe




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