Stages des élèves de seconde dans le Puy-de-Dôme : "On fera mieux l'année prochaine"
« Dans un contexte de tension du marché du travail et de nécessité pour notre jeunesse de construire des projets d’orientation réalistes, le Medef s’est engagé à contribuer à la mise en œuvre de cette initiative gouvernementale qui s’inscrit dans l’ambition portée par Patrick Martin de rapprocher toujours plus l’entreprise de l’école ».
Claude Vincent, président du syndicat patronal dans le Puy-de-Dôme, relaie volontiers le message national de son organisation. Et il insiste sur ce qui, à l’échelle locale, a été concrètement mis en œuvre.
Comment avez-vous incité les entreprises à accueillir les stagiaires de seconde ?
En faisant passer un message clair à nos adhérents. « Ce sont vos salariés de demain, faites leur aimer votre métier, votre entreprise ». À la fin de chacun de nos mails, il y a la mention, « accueillez des stagiaires ».
Et cela fonctionne ?
On ne va pas se mentir, cette année, c’est compliqué. Les entreprises ont été prévenues très tard, vers le mois de février, et l’on parle de stage de quinze jours, pas d’une semaine ! C’est parfois compliqué à organiser. Surtout dans les petites entreprises.
Ce sont elles qui ont le plus de difficultés à accueillir ces jeunes ?
Oui. Les grands groupes en ont pris, ils se sont organisés. Les derniers chiffres que j’ai montrent que seulement 40 % de jeunes ont trouvé un stage. Car, en effet, dans les petites structures, c’est compliqué.
Vous donnez l’exemple au Medef du Puy-de-Dôme en accueillant un stagiaire…
Oui. Et c’est pour cette raison que je comprends les problématiques des petites entreprises. Le Medef, c’est quatre salariés. En une semaine, nous aurons montré tous les postes à ce lycéen. Il faut que l’on réfléchisse cet accueil autrement.
Les entreprises accueillent aussi des stagiaires de troisième. Elles ne vont pas être tentées d’arbitrer parfois entre les troisièmes et les secondes ?
Ce n’est pas ce que me disent les entreprises. Elles ne se plaignent pas. Et disent au contraire que c’est normal de le faire. Et puis, ces stages ne se déroulent pas au même moment de l’année. Par contre, il y a du travail à faire des deux côtés. Du côté des entreprises pour les accueillir au mieux, mais aussi pour développer des outils plus performants pour les offres par exemple, comme du côté de la préparation des élèves en classe sur la question des savoir-être en entreprise.
Vous dirigez les entreprises vers quelle plateforme ?
Celle nationale, « 1Jeune1solution », mais surtout, nous avons la chance d’en avoir une régionale : « Nos emplois, nos talents ». Il faut vraiment qu’elle monte en puissance.
Côté Éducation nationale, vous êtes aussi présent ?
Tout à fait. Des lycées vont organiser un accueil pour les élèves qui n’auront pas de stages. Nous incitons nos adhérents à participer, à aller présenter leurs activités. Nous valorisons tout ce qui peut rapprocher le monde éducatif du monde économique, agir sur l’attractivité d’un côté, mais aussi acculturer les jeunes tout en bénéficiant de ce regard des nouvelles générations.
« Cette idée des stages des élèves de seconde est excellente mais la mise en place pour juin 2024 est effectivement compliquée. On fera mieux l’année prochaine ! ».Mickaël Paccaud est conseiller régional Auvergne Rhône-Alpes en charge de l’excellence éducative et le président d’Auvergne-Rhône-Alpes Orientation (ARAO), l’association qui propose une information publique et gratuite sur les métiers et l’orientation scolaire comme professionnelle.
En ce qui concerne les stages de seconde, « la Région est ainsi en capacité de mettre à la disposition des familles comme des entreprises et des collectivités une offre de services complète. En amont pour conseiller les jeunes et leurs familles sur les choix de métiers et les entreprises où postuler. Et puis, très concrètement, pour la recherche de ces stages, en relayant les offres des entreprises sur nos supports ».
La Région a ainsi signé un partenariat avec le syndicat patronal Medef « pour travailler main dans la main avec les entreprises. Elles font face, pour beaucoup, à des pénuries de main-d’œuvre, elles ont besoin de communiquer sur leurs métiers et sur leurs offres de stages, d’apprentissage ou d’emploi ». Pour casser les préjugés et faire naître des vocations, notamment dans l’industrie ou l’artisanat, ou pour attirer de nouveaux profils, comme dans les métiers du numérique. « Nous avons les outils pour cela. C’est gagnant-gagnant », insiste Mickaël Paccaud.
Les offres de stagesEn plus du relais des offres sur le site d’Auvergne-Rhône-Alpes Orientation, la région met aussi à disposition sa plateforme « Nos talents nos emplois », avec un onglet spécifique « stage découverte ». Elle vient en complément de celle de l’État « 1jeune1solution ».
Mais, reconnaît Mickaël Paccaud, « nous avons un gros travail à faire sur le digital pour améliorer notre efficacité et notre visibilité. Mais je le redis, ce qui compte, c’est notre adaptabilité, notre agilité. Sur tous les sujets, y compris celui des stages de seconde. Nous ferons mieux l’année prochaine ! »
Cécile Bergougnoux