Alliance avec le RN : les élus LR et de centre droit de l'Allier disent "non"
Après le coup de tonnerre de dimanche soir, où le président de la République a annoncé la dissolution de l’Assemblée nationale après la large victoire du Rassemblement national aux élections européennes, c’est au tour du président du parti Les Républicains, Éric Ciotti, de secouer le paysage politique français en annonçant son souhait d’une alliance avec le parti de Marine Le Pen aux prochaines élections législatives.
Un nouveau coup de tonnerre, voire un séisme, qui a forcément des répercussions jusque dans le département de l’Allier dont les trois grandes villes, Moulins, Vichy et Montluçon, sont dirigées par des édiles LR, un exécutif départemental de centre droit, un député LR avec Nicolas Ray, et un sénateur de centre droit, Bruno Rojouan, rattaché au groupe LR du palais du Luxembourg mais non encarté.
Pour le sénateur Bruno Rojouan, " cette décision d’Éric Ciotti correspond aux souhaits de son électorat dans sa région. C’est une décision qui, bien évidemment, ne me correspond pas. Je ne suis pas encarté LR mais seulement rattaché au groupe au Sénat. Et moi, ma position, ma ligne directrice, mon engagement a toujours était de centre droit. Je le revendique et je ne changerai jamais. Et j’irai jusqu’au bout dans cette vision ".
Le maire de Vichy et vice-président du conseil régional Auvergne-Rhône-Alpes, Frédéric Aguilera, n’y va pas par quatre chemins : " Ciotti dehors?! Soit il démissionne, soit on le met dehors. Il faut que cela se fasse le plus vite possible, sinon j’en tirerais les conséquences… ". Et d’ajouter sur les réseaux sociaux, notamment son compte X : " Pas question d’accepter à droite les mêmes compromissions que la gauche avec LFI ".
Même constat pour le député LR de l’Allier, Nicolas Ray : " Je refuse cette annonce qui est isolée. Éric Ciotti m’a appelé ce matin vers 8 heures pour me demander mon analyse, je lui ai dit que j’étais défavorable et que cela allait à l’encontre de notre histoire. Je me suis engagé en politique à l’unité de la droite populaire et du centre, et on ne peut pas aller chercher de telle alliance. Je ne prends pas part à cette démarche. Il (Ciotti) a dit que c’était pour sauver des postes à l’assemblée. C’est insupportable d’entendre ça, c’est irrespectueux et c’est minoritaire, isolée, c’est un hold-up. Les Français ne supportent plus ces magouilles pour sauver des postes. J’ai fait deux marchés, hier et ce matin, les gens ne comprennent le choix de la dissolution et ils ont peur "
Romain Lefèvre, secrétaire départemental LR, candidat pour représenter sa famille politique dans la 2e circonscription, se dit " très surpris. Il n’est pas question de rentrer dans cet accord. Depuis dimanche, le téléphone sonne beaucoup. J’ai le soutien du maire de Montluçon, du président du Département, du sénateur Bruno Rojouan : si besoin, en responsabilité, je porterai une candidature locale. Je ne fuirai pas. Je veux avant tout que le territoire soit entendu, qu’il pèse ".
" Il ne s’agit pas de la position des LR, mais de Ciotti. Attendons la suite "Pierre-André Périssol, maire LR de Moulins, dit sa " stupéfaction devant l’annonce visiblement non concertée d’Éric Ciotti, concernant son souhait d’une alliance avec le RN. Je ne pense pas que ce spectacle puisse répondre au message adressé dimanche par les Français. Les Français attendent un projet qui puisse répondre à leurs attentes et leurs problématiques. Ils n’ont que faire des accords d’appareils politiques. À titre personnel, je ne me suis jamais retrouvé dans les valeurs et le programme du Rassemblement national ". L’élu n’envisage pas, pour l’heure, de quitter le parti gaulliste, " car il ne s’agit pas de la position des LR, mais de Ciotti. Attendons la suite ".
Les rédactions de l'Allier