Le motard était mort après avoir heurté une voiture qui avait tourné sans clignotant, dans le Puy-de-Dôme
Le trentenaire qui s’avance vers la barre, l’air inquiet, est un chauffeur de poids lourd expérimenté. Un routier exemplaire, même, au vu du nombre de kilomètres avalé durant sa carrière sans le moindre pépin. Malgré tout, il a fallu une seule erreur de sa part pour qu’un homme perde la vie et que la famille de celui-ci bascule dans la tragédie.
C’était le 4 mai 2020, vers 5 h 30 du matin, dans la zone de Ladoux, à Cébazat. Le prévenu se rend dans l’entreprise de transport qui l’emploie au volant de sa voiture, une Renault Mégane. Après avoir franchi un rond-point, il ne lui reste plus qu’une ligne droite avant d’atteindre sa destination.Le parking est situé à gauche de cet axe. Pour y pénétrer, l’employé doit donc tourner et couper la voie inverse. Ce qu’il fait, sans mettre son clignotant. Un motard qui le suit, surpris par sa manœuvre, heurte alors le flanc gauche de la Mégane.
Le motard projeté contre un candélabreLe choc est d’une extrême violence. La moto finit sa course dans le grillage d’une clôture. Son pilote est projeté conte un candélabre en métal. Malgré tous les efforts des secouristes pour le ranimer, il succombe. Ce Puydômois, âgé de 48 ans, se rendait lui aussi à son travail dans une entreprise de la zone."Quand cela a tapé, je me suis figé, je ne comprenais pas ce qui arrivait", raconte le prévenu, la voix voilée par l’émotion. La victime est elle aussi décrite comme très prudente sur la route. Au point de modifier son itinéraire, les matins, afin d’éviter une autre route, trop dangereuse pour les motards…
"Cela a été un drame qui perdure toujours pour sa famille", évoque Me Lionel Duval, avocat de sa compagne. La scène de l’accident a été captée par une caméra de vidéosurveillance. Les images montrent clairement le défaut de clignotant de la part du conducteur."La victime n’a pas pu anticiper qu’il allait changer de trajectoire", gronde Anne-Claire Garraud au parquet.
"On pense que ne pas mettre son clignotant est une faute peu importante. Pourtant, si. Une personne a perdu la vie à cause de cela."
Elle veut douze mois de prison avec sursis à l’encontre du routier et une suspension de permis de six mois.Me Arthur Martel, en défense, demande au tribunal de considérer d’autres éléments que ce défaut de clignotant. "Qu’est-ce que mon client a pu voir et ne pas voir dans son rétroviseur ?", interroge-t-il. Et de souligner que les commandes lumineuses de la moto étaient désactivées lorsque celle-ci a été examinée, après l’accident.Mais pour la justice, il est évident que le motard n’a commis aucune faute. Charles Gouilhers, président de l’audience, prend soin de le rappeler lorsque la peine tombe : huit mois de prison avec sursis. Le permis du routier n’est pas suspendu afin "qu’il conserve son emploi et sa capacité à rembourser les victimes".
Olivier Choruszko