La plus vieille association nationale de défense et de protection de l’âne organise une journée spéciale pour eux
Adada est la plus vieille association nationale de défense et de protection de l’âne, de tous les ânes. Créée à Ambert en 1968 par Raymond Boissy, l’objectif était d’abord de réhabiliter l’âne afin d’éviter sa disparition. En 1999, Marinette Panabière reprend le flambeau et devient présidente. À 84 ans, cette dernière œuvre toujours pour l’association.
Dans ma vie, je voulais faire trois choses : avoir des tresses de rasta, visiter une prison et avoir un âne. J’ai réussi à faire les trois
Son dernier souhait est allé bien au-delà de ses espérances. "Je ne pensais pas en arriver là aujourd’hui", admet la présidente.
Et pour cause, le refuge Adada, situé à proximité d’Ambert, accueille aujourd’hui plus de 300 ânes, bardots et mulets. Récemment, 22 bêtes ont été récupérées de Gaza. Pour s’occuper de ces équidés, dix bénévoles et neuf soignants sont à l’ouvrage, dont Célia Bost. Cette dernière a été embauchée en CDI via le service Parcours emploi compétence (PEC).
"Je change l’eau, je les nourris, je donne les soins nécessaires, j’accompagne l’âne…"
Un travail qui demande beaucoup de patience et d’amour.
Pour Marinette Panabière, un soignant doit être doux et affectueux, mais aussi "honnête. S’il a le moindre souci, il doit prévenir l’équipe pour ne pas trahir notre confiance". La présidente choisit donc précautionneusement les membres de son association. "L’âne doit se sentir bien. Il a besoin d’affection et que l’on respecte ses besoins. Dans tous les cas, les animaux ont besoin qu’on les respecte", se reprend-elle. Un âne vit en moyenne 30 à 35 ans. L’association fait donc en sorte que chaque animal soit cajolé jusqu’à sa mort ou son départ dans une autre famille.
Au total, 647 ânes ont déjà été adoptés. Lorsqu’un particulier adopte un âne, celui-ci s’engage à respecter certains termes. La nouvelle famille doit apporter des soins à l’animal, ne doit pas se séparer de lui d’une quelconque manière, envoyer des photos à l’association, etc. Les animaux sont tous éduqués, castrés et soignés. L’association débourse près de 650.000 euros de soin par année. Une somme onéreuse, pourtant nécessaire à la plénitude des protégés de l’association.Malgré la qualification idiote de l’âne, ce dernier est particulièrement intelligent et prudent. Il ne s’aventurera jamais dans un endroit qu’il considère comme dangereux. "Un âne n’est pas têtu. Il l’est seulement lorsqu’il ne comprend pas. Il n’est pas nécessaire de le brusquer", certifie la présidente d’Adada.
"On dresse un cheval, on éduque un âne"
Les membres de l’association s’appliquent donc à mettre à l’aise et accompagner correctement l’animal au refuge. Jessica Todesco est soigneuse depuis 1 an et demi dans la structure. "Il y a quelques années, je travaillais dans une clinique vétérinaire à Paris. Au fil des années, on a fini par perdre le contact humain ; c’était l’usine. J’ai quitté ce post, témoigne-t-elle. J’ai soigné des chiens, des chats, des cochons d’Inde et des hamsters, mais jamais des ânes. C’était aussi un défi pour moi de m’occuper de ces animaux, explique Jessica Todesco. Je n’ai plus du tout la même routine qu’avant. Ici, on est tout le temps dehors, on développe une vraie complicité avec l’âne et surtout on suit son évolution." La jeune femme poursuit : " Certains ânes ont vraiment changé depuis leur premier jour au refuge. Ils se sont sociabilisés. Ici, on développe une vraie complicité avec l’âne"
Depuis 2008, Adada est reconnue d’utilité publique. Cette reconnaissance est un gage de sérieux et de crédibilité pour la présidente. Mais pour réussir à l’obtenir, celle-ci n’a cessé de travailler, même lorsqu’elle a obtenu sa retraite. « Je suis un peu partout. Je m’occupe des papiers, des rendez-vous, des animaux…, énumère-t-elle. Cela devenait compliqué de tout gérer alors j’ai embauché deux personnes à l’administratif et un responsable pour m’aider », admet l’octogénaire.
La journée de l'âneDepuis le confinement, l’association peine à trouver des financements. Pour tenter de remédier à cela, elle organise la journée de l’âne samedi 22 juin à Ambert. Les membres de la structure présenteront une exposition de tableaux et de cartes postales, proposeront des démonstrations de massage sur les équins et asins, et entre autres, une visite du refuge. Une journée que Marinette Panabière espère fructueuse pour le bon fonctionnement de l’association et le dorlotement de ses petits protégés aux grandes oreilles.
Margaux Lamy