Plus que la pluie, c’est le manque de chaleur qui gêne les jardiniers de Vichy
Ils vont bien tous les jours faire un tour dans leur jardin. Mais ça pousse trop lentement pour les jardiniers. La faute aux températures basses.
Voilà plus d’un mois que les saints de glace sont passés. Et pourtant, les jardins sont quasiment vides. Satanée météo.Et c’est encore plus compliqué dans les jardins qui bordent la voie ferrée, derrière la zone commerciale des Ailes. Un « havre de paix » pourtant pour le Vichyssois François, qui vient s’y ressourcer. Mais c’est un couloir de vent. Et le gel peut frapper tard.François et Jean-Paul trouvent un havre de paix dans leur jardin.D’ailleurs, François qui exploite une parcelle avec Jean-Paul, de Brugheas, a déposé des brise-vent, côté nord, devant les quelques pieds de tomates qu’il a planté. « Les feuilles jaunissent déjà », indique le jardinier.
Déterrer et replanter les tomates pour les mettre au soleilMohamed jardine depuis cinq ans sur cette parcelle.Plus loin, à une trentaine de mètres, Mohamed a carrément entouré son figuier d’une bâche, car il a déjà pris un coup de gel et l’arbre peine à repartir.À cause des caprices de la météo, Mohamed, qui jardine depuis cinq ans sur cette parcelle louée à l’association des Jardins familiaux de Vichy, Bellerive et sa région, a même déterré et replanté les pieds de tomates pour les « mettre en plein soleil ».Hélène cultive légumes et fleurs avec le même plaisir.
Si la pluie a retardé les plantations « car il était impossible de travailler la terre », explique Hélène, c’est bien le manque de chaleur qui gène le plus les jardiniers amateurs. D’ailleurs, ce début de semaine, cette Vichyssoise n’avait pas encore planté ses tomates qui attendent au chaud dans une cabane.« La terre est trop froide », confirme François. « J’ai mis deux pieds de courgette, ils n’ont pas pris », indique son confrère Jean-Paul.Deux tiers d'arums en moins cette année pour Armel.Armel, lui, c’est le persil qui n’a pas pris. Il a fallu que cet ancien plombier en resème, car il l’a « perdu ». « Je n’ai jamais vu une telle météo. Tout est en retard. D’ailleurs, il n’y a personne dans les jardins. On ne peut rien y faire. »Et il sait de quoi il parle. Armel, 94 ans, travaille ce jardin de l’avenue des Ailes depuis trente-trois ans. « Mais je préfère quand même ça à la sécheresse », ajoute le nonagénaire qui a planté ses tomates sous abri. Et c’est une réussite. Elles sont deux à trois fois plus hautes que ses collègues des jardins. Ce qui n’a pas marché toutefois à cause du froid : ses arums qu’il aime d’habitude à offrir à ses amis. « L’an dernier, j’ai eu 130 fleurs. Cette année, c’est deux tiers de moins », indique Armel.Armel voit ses premières courgettes apparaitre.En revanche, si la pluie gêne la progression des légumes, pour les mauvaises herbes, ou plutôt herbes indésirables, c’est tout le contraire : « Ça pousse bien de ce côté-là. J’ai beaucoup de liserons à arracher, sans oublier ce qui pousse derrière les grilles pour aller à une mare située à l’arrière de sa cabane », explique Hélène qui a semé des blettes et de choux blancs. Elle n’oublie jamais de planter ou semer des fleurs dans son jardin : « D’abord parce que j’aime ça. Et aussi parce que c’est parfait pour attirer les pollinisateurs. »
Malgré tout, les jardiniers s’adaptent et prennent leur mal en patience. Ils attendent des jours meilleurs pour profiter de leur production de légumes frais. Mais ils savent que c’est la nature qui commande.
Denis Lorut, photos François-Xavier Gutton