Quand est-ce qu'on retourne en "handi'scothèque" dans l'Allier ?
Le Press Club à Yzeure a organisé avec l’association Je peux le faire une soirée spéciale « handi’scothèque », ouverte à toutes les personnes porteuses de handicap quel qu’il soit. Pour une soirée sûre, sans risque et encadrée spécifiquement. Mais pas moins folle ! A refaire.
« Cette soirée, c’est la meilleure de l’année ! », lance Rodolphe Alliod, patron de la boîte de nuit Le Press Club à Yzeure.
Et ce grand gaillard de rajouter : « Émotionnellement, c’est chaud pour moi. C’est tellement touchant. Ils veulent te prendre dans les bras, te remercier, te confier qu’ils n’ont jamais pu entrer dans une boîte de nuit, qu’ils suivent toutes les publications du Press sur Instagram et qu’ils ont toujours rêvé d’entrer dedans. On avait tous les âges [de plus de 15 à 70 ans], tous les handicaps. On a passé [entre autres] trois fois "Clic clic pan pan", c’était l’émeute ! Il n’y a rien de plus beau ».
Mercredi 12 juin, 300 personnes (la jauge peut aller jusqu’à 500) ont dansé sur le dancefloor, parents, enfants, accompagnateurs de nombreuses structures, de l'Allier et de la Nièvre (voir plus bas).Photo Philippe Chaux
Et on se lève de son fauteuil !« À un moment, des éducs ont levé des personnes de leur fauteuil pour qu’elles puissent danser ».
Trisomique, aveugle, paraplégique, autiste… Qu’importe ! C’est la troisième fois que Rodolphe Alliod organise un événement « handi’scothèque ». La première, c’était en 2016, pour, notamment, fêter les 10 ans du service d’accueil de jour d’Horizon d’Yzeure, avec l’association Voir ensemble.
« J’ai adoré ! Et puis je l’ai refait en 2018. Je peux l’organiser deux fois par an, sans problème. Mon établissement est aux normes pour les personnes handicapées, pour une fois que ça sert ! Après le Covid, j’ai cherché une association avec laquelle travailler ».
Sans succès… jusqu’à il y a un mois : « Ma fille, qui a 20 ans, qui est trisomique, me confie qu’elle a très envie de sortir en boîte », raconte Catherine Chaux, présidente de l’association moulinoise Je peux le faire. Ça fait “tilt” : « Peut-être que c’est le cas pour d’autres ! J’ai proposé à l’asso, qui a tout de suite suivi. Et j’ai appelé Rodolphe, personnage au grand cœur ».Photo Press club
Photo Philippe Chaux
Comme une "vraie soirée", mais bien encadrée“Je peux le faire” a offert à manger. Et le Pressclub tout le reste, « parce que ça n’a pas de prix » : « Le DJ, les boissons sans alcool, le serveur, je fais le videur à l’entrée. Tout est comme une vraie soirée ».
À part qu’elle dure de 18 à 21 heures (« ils étaient chauds pour plus longtemps ! ») et qu’elle est dédiée : « On m’a reproché de ne pas les avoir “intégrés”. Très concrètement, à une soirée classique, ce serait difficile d’amener vingt à trente personnes en fauteuils, dont certains sont tétraplégiques. S’il y a des bagarres, le moindre problème… je ne voulais pas non plus qu’ils se sentent épiés. Je n’aurais pas accepté des moqueries ». Catherine Chaux acquiesce : « Pour les parents, un environnement sécurisé est rassurant. Cette soirée était incroyable, j’en souris encore ».
Un « p’tit truc en plus », dans l’Allier !
Photo Philippe ChauxPhoto Philippe Chaux
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Venus de l’Allier et de la Nièvre
Ont dit « oui » et ont pu emmener du monde : d’Yzeure, citons les structures de l’association Voir Ensemble (Saaas 03, Les Charmettes, foyer médicalisé la Pyramide), GEM TSA 03 Le Beau soleil, la Maison d’accueil spécialisée, le centre de post-cure du CHS. De Moulins, l’internat socio-éducatif médicalisé pour adolescents, la Villa Marguerite, l’Ehpad Villars accueil.
Et puis de plus loin ! De Bellerive-sur-Allier, le foyer de vie, le foyer d’accueil médicalisé le Bois du Roi, l’IME l’Aquarelle. Le centre de rééducation de Bourbon-l’Archambault, La Maison Bleue de Saint-Pourçain-sur-Sioule, l’Esat et le foyer d’hébergement de Saint-Hilaire, les foyers de vie d’Ébreuil, Moulins-Engilbert et de Saint-Pierre-le-Moûtier, le foyer d’hébergement Paul-Bert de Decize, le foyer Marizys de la Machine… Sans oublier des personnes qui ne sont pas dans des établissements spécialisés.
Face à ceux qui se sont « étonnés », « mal à l’aise », de ne pas voir les structures de l’Unapei Pays d’Allier participer à l’événement et qui nous l’ont fait savoir, le directeur général Christophe Teyssandier s’inscrit en faux. Quand on lui demande s’il a « interdit » à ses équipes d’y aller avec des résidents, il nous répond : « Beaucoup de résidents des établissements de l’association sont venus, par leurs propres moyens, la soirée s’organisant en dehors de nos horaires ».
Mathilde Duchatelle