Cessons d’écouter la morale des déracinés
Que le peuple refuse de voter majoritairement pour la gauche, l’extrême-gauche ou le centre ne fait qu’accroître encore le mépris que ressentent les élites à son égard. Tribune de Philippe B. Grimbert.
« Puisque le peuple vote contre le Gouvernement, il faut dissoudre le peuple » disait en son temps le facétieux Bertolt Brecht. C’était mal connaitre notre cher président, seigneur et maître du en même temps qui s’acharne, lui, avec l’agilité qu’on lui connait aux deux tâches : la dissolution de l’Assemblée contiguë à celle de cet « âne qui se cabre, cet éternel mineur » qu’est le peuple, le bon ou le mauvais selon qu’il est virtuel, romanesque ou bien qu’il vote (mal).
Cette chose qui grossit à vue d’œil ou du moins d’élection puisqu’il n’y a plus que ces dernières pour l’éprouver, cette moitié de France qui s’abstient ou cette autre presque moitié votante mais qui vote rance, hier ouvrière, puis paysanne, puis cadre, fonctionnaire, rang C, rang B, retraités, le temps est venu malgré l’ampleur de la tache et de la tâche sinon de pouvoir totalement les dissoudre, du moins de les néantiser. A tous les déclassés qui viennent en grossir les rangs, à tous ces ahuris qui peinent à en finir avec la réalité, comme d’autres avec des punaises de lits, qui comptent les centimes dans les allées des supermarchés, qui font le plein une fois par semaine dans les stations-services des Zones d’Aménagement Commercial, qui osent souffrir moins de la fonte du permafrost que de celle de leur pouvoir d’achat, qui rechignent encore à aimer l’Autre comme la chance de leur terne existence, ou leur descendance anémique, il est temps de s’adresser durant quatre semaines, de leur faire l’aumône d’une pédagogie que les écoles de la république hélas ne dispensent plus le reste du temps.
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Les tenants vertueux ont pour cela ressorti leurs vieux oripeaux, ceux qui ont fait leur preuve et vous rhabille un Gilet Jaune égaré en soldat de la Wehrmacht. Habitant du peuple, (l’ancien), apprend-le, ta nostalgie est fasciste, ta précarité est nazie, tu t’extremedroitises sans le savoir comme Mr Jourdan faisait de la prose. Car il te manque depuis toujours cette chose qui ne s’apprend que dans les grands appartements et les grandes écoles de la nation : le sens du discernement, le bon goût en quelque sorte. Et cette chose-là ne s’apprend pas dans les zones pavillonnaires ou les territoires non pas perdus mais égarés de la France qui perd et, à vrai dire, qui nous fait un peu honte, ici et hors de nos frontières que nous souhaitons ouvertes pour qu’un autre peuple vienne laver les assiettes de nos bobuns, chercher nos enfants à la sortie de leur école privée et construire les logements sociaux où ils habiterons, près de chez nous, puisque nous somme ainsi faits, accueillants, cordicoles, partisans du (bien) vivre ensemble, que nous avons le sens de la décence, celle que contrairement à ce que pensait Orwell, le vieux peuple a depuis bien longtemps perdue. Ce même Orwell qui par ailleurs nous rappelait que si la gauche a toujours été anti-fasciste, elle n’a jamais été anti-totalitaire, toujours prompte à repérer le mal absolu sous ses couleurs brunes mais jamais chez Staline, Mao, Pol Pot et consorts, comme elle est aujourd’hui incapable de la repérer dans l’idéologie de La France Insoumise, préférant s’en tenir à ses bons vieux fétiches, ses anachronismes, recycler sa morale aux valeurs sûres du bien et du mal.
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