Le projet de réaménagement du plan d'eau présenté comme alternative à la baignade ne satisfait pas les Ambertois

C’est un sujet qui a provoqué des remous au sein de l’assemblée d’une cinquantaine de personnes réunies à la salle Ambert en scène jeudi soir. Les Ambertois étaient conviés à une présentation, suivie d’un débat, autour d’un scénario d’aménagements alternatifs à la baignade, envisagés par la municipalité. "Nous avons eu de nombreux problèmes avec les cyanobactéries et des normes d’autorisation de baignade qui ont été fortement baissées par l’ARS", introduisait Guy Gorbinet, maire d’Ambert.

Interdiction définitive de la baignade ?

Cette réunion publique avait pour objectif de recueillir les observations et pistes d’améliorations des habitants. Mais la présentation du projet n’avait pas encore commencé que des voix s’élevaient déjà dans le public.

"Donc l’arrêt définitif de la baignade, pour vous, c’est acté ?"

Le maire a donc redonné les arguments qui, selon lui, justifient cet arrêt : "Chaque année, nous devons engager des maîtres-nageurs qui ne travaillent que quelques jours puisque la baignade finie par être interdite. C’est un coût pour la mairie. De plus, le fait d’avoir une plage est considéré comme une incitation à cette pratique. Si quelqu’un ressort malade, c’est la responsabilité du maire." Par ailleurs, les analyses de la qualité de l’eau coûtent 5.000 euros à la Ville chaque été.

Des arguments qui n’ont pas convaincu le public. "Est-ce qu’on ne peut pas envisager d’autres solutions pour garder ce loisir ? Par exemple, en installant des bulleurs pour oxygéner l’eau, ça ne devrait pas coûter très cher", avançait une autre Ambertoise. Une solution technologique qui avait été étudiée parmi d’autres, selon la municipalité, mais qui n’a pas été retenue.

"Nous n’avons pas écarté la baignade d’un revers de la main. Mais il a fallu se rendre à l’évidence. En revanche, ce plan d’eau reste intéressant, on ne veut pas le reboucher. L’objectif désormais, c’est d’y remettre de l’activité."

Après avoir calmé temporairement les tensions, Colin Drouin, paysagiste d’État et Margaux Fouquet paysagiste au sein de l’association Pari des mutations urbaines ont pu présenter le projet envisagé pour le plan d’eau.

"Au-delà de la baignade, nous avons élargi le champ de recherches au rôle écologique et social du plan d’eau."

Les deux spécialistes ont notamment rappelé les spécificités de ce plan d’eau. "Rappelons qu’il a été artificiellement créé dans les années quatre-vingt-dix dans un but touristique. Le fond est situé environ trois mètres au-dessus de la nappe de la Dore", précisait Margaux Fouquet.

Quels aménagements pour le plan d’eau ?

Création d’îlots, platelage en bois traversant la végétation, sous-bois ombragés… le projet de réaménagement du plan d’eau d’Ambert se dessine. (Visuel : Pari des mutations urbaines)

Après le diagnostic, place aux propositions. "L’idée, c’est d’abord de remblayer certaines berges pour les remodeler en pentes douces, propices au développement de la végétation", poursuivait Colin Drouin. Ces "banquettes" permettront à des plantes hélophytes (semi-aquatiques) de s’y développer, offrant une large palette végétale. Un platelage en bois sera installé sur la partie sud du plan d’eau pour une immersion au plus près de ces plantes hélophytes. Certaines parties du canal seront élargies afin de créer deux îlots traversés par des chemins de promenade. Enfin, un bosquet de saules et d’aulnes sera aménagé pour proposer une promenade en sous-bois ombragés.

L’exposé terminé, après avoir été plusieurs fois interrompu, un autre habitant a pris à son tour la parole.

Je trouve votre projet très sympa, le côté balade nature, c’est bien, c’est tendance. Vous avez fait un vrai travail, il faut le reconnaître. Mais est-ce qu’il n’y a pas la possibilité d’installer un système de jets d’eau pour les enfants ?

Le maire, Guy Gorbinet lui a répondu par l’affirmative et confirmait que cela pouvait entrer dans la réflexion.

Mais c’est bien là le seul soutien affirmé que le projet a pu trouver dans l’assistance. Obsédés par la question du maintien de la baignade et de la plage, plusieurs participants sont revenus à la charge, faisant abstraction des éléments qui leur avaient été présentés quelques minutes auparavant. Preuve, s’il en fallait une, que devant l’attachement des Ambertois à ce lieu, les porteurs de ce projet de réaménagement n’ont pas fini de naviguer en eaux troubles.

Thomas Loret