Bene Bono : la foodtech qui lutte contre le gaspillage alimentaire
En intervenant en amont de la chaine de valeur, Bene Bono, un service de courses engagé, entend combattre pleinement et durablement le gaspillage alimentaire en France et en Europe. La startup, qui a sauvé plus de 2 100 tonnes de produits en 2023, contribue à offrir un revenu supplémentaire à ses fournisseurs partenaires tout en offrant la possibilité aux Français de faire de leurs courses un acte engagé.
" Parmi toutes les salades cultivées, quelle est la proportion qui est mangée par vous et moi et quelle est la part qui est gaspillée ? ", interpelle le journaliste Hugo Clement dans le dernier épisode de la série " Sur le Front ". La réponse a de quoi laisser pantois : une laitue a 57 % de chances de finir à la poubelle. Diffusé lundi 10 juin sur France 5, le documentaire revient sur les nombreuses défaillances de l'industrie agroalimentaire. Des pertes significatives qui, selon Sven Ripoche, peuvent survenir tout au long du cycle de vie des produits. " D'abord lors de la production, c'est-à-dire au sein de l'exploitation agricole. Puis durant la phase de transformation, par exemple lorsqu'une usine met en boite ou transforme l'aliment. Le gâchis peut également arriver lors de la distribution, dans les supermarchés et enfin, pendant la phase de consommation à domicile ou de restauration collective ", détaille le co-fondateur de Bene Bono, une entreprise qui propose des paniers de fruits et légumes bio et français sauvés du gaspillage.
Pourtant, si les initiatives anti-gaspillage ont le vent en poupe depuis près d'une décennie - un phénomène notamment dû à l'adoption des lois Garot (2016) et AGEC (2022) - nombre d'entre elles ne se concentrent que sur l'aval de la chaine de valeur et ne peuvent donc répondre aux diverses problématiques que rencontrent les agriculteurs. C'est pourquoi Grégoire Carlier, Claire Laurent et Sven Ripoche imaginent une équation simple : de bons produits sauvés du gaspillage jusqu'à 40 % moins chers.
" 5 à 10 % de chiffre d'affaires, c'est ce qui fait la différence entre une exploitation qui tient la route et celle qui périclite "Pour ce faire, ils choisissent de s'intéresser à l'amont de la chaine : à savoir la transformation et l'exploitation des légumes. A ce niveau de la chaine de valeur, la localisation des lieux de production est un réel frein aux systèmes alternatifs émergeants depuis quelques années (Too Good to Go ou Phenix, pour n'en citer que deux). " En général, les exploitations agricoles ne sont pas vraiment implantées dans des zones assez accessibles pour permettre à tout un chacun de passer pour récupérer le surplus ", précise Sven Ripoche. D'autant que lorsqu'il s'agit d'écarts de tri (légumes ne correspondant pas aux standards de l'alimentation humaine de par leurs formes, calibre, etc), cela ne se compte pas en dizaines de kilos mais plutôt en centaines. " Il faut avoir en tête que pour l'agriculteur, ça correspond à 5 voire10 % de sa production qui peut finir à la poubelle. 5 à 10 % de chiffre d'affaires, c'est ce qui fait la différence entre une exploitation qui tient la route et celle qui périclite ".
Dès 2020, après avoir quitté leur emploi respectif et testé le projet auprès de voisins pendant la période de confinement, Grégoire Carlier et Sven Ripoche, bientôt rejoints par Claire Laurent, s'attèlent à développer un vaste réseau de producteurs (bio et français). Un process qui repose sur la coopération. Les agriculteurs et coopératives avertissent chaque semaine la start-up des quantités de produits à sauver, les lots sont ensuite rachetés puis revendus " jusqu'à 40 % moins cher qu'en magasin bio ", promet l'entreprise. Un argument non négligeable pour de plus en plus de Français asphyxiés par l'inflation. " Ça c'est toute la genèse de Bene Bono ", résume Sven Ripoche. Et même si les produits ont potentiellement des formes atypiques, leur goût et leur aspect, eux, restent scrutés à la loupe par les équipes qui revendiquent ne vendre aucun produit hors saison, comportant des défauts évolutifs (moisissure, flétrissement, surmaturité, ...) ou cultivé hors sol.
Rapidement, la marque étend sa gamme pour proposer, en plus des fruits et légumes, divers produits secs salés ou sucrés, mais également des articles non alimentaires (hygiène, beauté et entretien), tous sauvés du gaspillage. Si au départ, l'entreprise base sa stratégie de croissance sur son développement géographique : " au début c'était Paris intramuros, petite couronne, grande couronne, puis on s'est étendus à d'autres régions en France et maintenant en Europe, puisque Bene Bono est aussi disponible en Espagne ", elle fait également de la communication un pilier pour se faire connaitre et partager sa vision. Ainsi, on retrouve sur le site internet de l'entreprise et surtout sur ses réseaux sociaux, des contenus pédagogiques pour s'y retrouver entre les DLC (date limite de consommation), les DDM (date de durabilité minimale) et les différents labels agroalimentaires. Bene Bono propose également des astuces et recettes pour limiter son gaspillage et cuisiner ses fonds de frigo.
Bene Bono : une entreprise socialeEn quatre ans, l'entreprise enregistre une croissance record. Désormais, une centaine de collaborateurs travaillent pour Bene Bono qui sauve près de 90 tonnes de produits par semaine. Ajouté à cela qu'elle comptabilise désormais plus 30 000 clients, entre la France et l'Espagne.Rien d'étonnant donc à ce que l'entreprise, forte de ces nombreux succès, ait opéré sous les meilleurs auspices sa première levée de fonds en janvier 2024. Un tour de table de 10 millions d'euros qui lui permettra, entres autres, de développer de nouvelles fonctionnalités et poursuivre l'optimisation de ses process logistiques. " On espère également réduire notre empreinte environnementale en mettant en place un système de consigne sur les sacs et les emballages, ou encore la livraison des paniers en vélos cargos et en véhicule électrique ", complète Sven Ripoche.
Engagé pour la planète, Bene Bono l'est sans aucun doute. Mais loin de vouloir s'arrêter là, l'entreprise s'investit aussi pour les Hommes. Dans plusieurs villes de France comme Lyon, Toulouse, Lille ou Marseille, les paniers sont préparés par Nouvelle Attitude et Andes, des entreprises d'insertion par l'activité économique. En parallèle, la start-up s'appuie également sur l'aide d'ESAT (Établissement et service d'accompagnement par le travail). " Bene Bono a aussi une ambition sociale ", conclut le co-fondateur.
Cet article a été publié initialement sur Big Média Bene Bono : la foodtech qui lutte contre le gaspillage alimentaire