Candidat RN en Corrèze, Valéry Elophe distille les marqueurs idéologiques de son mouvement

L’extrême droite se nourrit de symboles. Ce n’est pas par hasard si Valéry Elophe, candidat RN sur la deuxième circonscription, a choisi de faire sa première réunion publique à Malemort, mercredi 19 juin 2024.

" Nous sommes sur les terres de la candidate d’Emmanuel Macron, Frédérique Meunier", députée sortante LR (non Ciotti) et ancienne maire de Malemort (2014-2017).

"C’est l’échec de sa mandature, poursuit l’élu régional, responsable départemental du RN. Le 9 juin, les Malemortoises et Malemortois l’ont sanctionnée sans équivoque en plaçant très largement Jordan Bardella en tête dans leur commune." L’adversaire est clairement désignée.

D'autres réprésentants locaux du "camp national"

Aux européennes, la liste RN a rassemblé 33,54 % des exprimés sur la circonscription de Brive. " L’urgence, c’est l’alternance, c’est maintenant et avec nous", clame une banderole, accrochée aux murs de la salle des fêtes de Malemort.

Alors, oui, il a fallu rajouter des chaises, mais l’assistance n’a pas dépassé la cinquantaine de personnes. Parmi elles, Maïtey Pouget, candidate sur la circonscription de Tulle-Ussel, mais qui n’animera aucune réunion publique ; ou Thierry Dumas, candidat des Patriotes aux législatives de 2022.

En Corrèze, il incarne la convergence du "camp national". Il anime le Club souverainiste, qui se définit comme une "plateforme de rassemblement pour tous les patriotes authentiques" (*).

"Merci d’être venu" dit, en l’accueillant, le candidat ; " les circonstances l’exigent ", lui répond sobrement Thierry Dumas. Même s’il cherche à élargir sa base électorale en adoucissant son discours, le RN garde ses connexions avec la droite de la droite.

Le Cada de Beyssenac instrumentalisé

Devant l’assistance, Valéry Elophe défend le programme "équilibré" de son mouvement : baisse de la TVA sur les carburants, sur "les produits du quotidien", abrogation de la réforme des retraites, "injuste et coûteuse", avec un âge de départ à 60 ans "pour ceux qui ont commencé à travailler avant 20 ans. Pour les autres, ce sera 62 ans".

Peut-être parce que la presse est là, pas de huées quand il cite François Hollande ou le Nouveau Front populaire qualifié "d’assemblage hétéroclite". Pas de référence directe aux notions de "grand remplacement" ou à la "priorité nationale", les marqueurs idéologiques du RN.

Ils sont bien là, entre les lignes. "Le centre pour demandeurs d’asile de Beyssenac (Cada, ouvert en 2023, NDLR), c’est le cas typique de faire en sorte que des migrants clandestins viennent dans nos campagnes, assure le candidat. Les habitants se font traiter de xénophobes parce qu’ils critiquent ce centre. Ils ne supportent plus que le fruit de leur travail, leurs impôts, sert à donner des logements, alors qu’ils ont du mal à se soigner. Les nôtres en premier !"

Le migrant mieux traité que le modeste retraité français, c’est une des polémiques banalisées par le RN depuis des années.

Au jeu des questions-réponses, apparaissent aussi des failles. "Comment comptez-vous récupérer les 10 milliards d’euros versés au pot européen par la France, alors que c’est le groupe PPE (centre droit) qui est majoritaire Bruxelles ?" "Par la négociation et la volonté", abrège Valéry Elophe, en 41e position sur la liste Jordan Bardella aux européennes.

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Éric Porte

(*) Un candidat Reconquête, Gilles Oguinena, est en lice sur la circonscription de Tulle-Ussel.