Ce parc éolien de Haute-Loire montré en exemple par EDF Énergies Renouvelables
Elles ont suscité de très vives polémiques et entraîné des années de procédures devant le tribunal administratif et la cour d’appel lorsque le projet a été initialement autorisé dès 2004, il y a 20 ans. Aujourd’hui, force est de constater qu’elles font partie intégrante du paysage du massif du Mézenc. Mis en service en 2009, le parc éolien des Barthes vient de fêter ses 15 ans d’existence. Il est constitué de six éoliennes : trois sur la commune de Moudeyres et trois autres sur la commune de Freycenet-la-Tour, dont une excentrée à 1 km en direction du bourg.
« Un territoire à énergie positive »Situé dans le bois des Barthes et proche de l’étang du même nom, le parc éolien en a lui aussi gardé l’appellation. Les éoliennes ont une hauteur de 80 mètres pour le mât et de 115 mètres en bout de pale. La puissance de chacune est de 2 MW soit une puissance globale de 12 MW. La production annuelle d’électricité correspond à la consommation de 12.000 personnes environ. « 12.000 c’est beaucoup et c’est presque le nombre d’habitants de la communauté de communes. Vous êtes un territoire à énergie positive. C’est une vraie réussite », se réjouit Francis Audigier, responsable régional d’EDF Renouvelables.Les éoliennes fonctionnent jusqu’à la vitesse maximale du vent de 90 à 95 km/h (un anémomètre équipe chaque mat). Au-delà, l’éolienne se met en sécurité puis elle s’arrête. Même chose lorsque le système détecte la présence de givre. Enfin, il faut un minimum de vent (une vitesse d’environ 10 km/h) pour faire fonctionner l’éolienne.EDF Renouvelables (anciennement EDF Énergies Nouvelles, filiale d’EDF) montre en exemple ce parc éolien des Barthes. « Nous sommes aujourd’hui très fiers de ce site. Il est d’ailleurs mis en avant par le groupe EDF pour les Jeux Olympiques et les Jeux Paralympiques de Paris », explique Quentin Sicard, chef de projets à EDF Renouvelables. Concrètement, ce n’est pas l’électricité produite ici en Haute-Loire au parc des Barthes qui alimentera les JO, mais l’équivalent de la production en énergies renouvelables, qui sera réservée pour l’alimentation des JO.Invités sur le site jeudi dernier, les élus locaux, mais aussi les propriétaires des parcelles et les habitants des deux communes étaient conviés à fêter les 15 ans du parc. L’occasion pour les deux maires de rappeler le parcours difficile jusqu’à leur mise en service. « La genèse du projet, je l’ai suivi depuis le début. Aménager un parc éolien : ce n’est pas de tout repos ! », résume Jean-Marc Fargier, maire de Freycenet-la-Tour depuis 10 ans.Le maire de Moudeyres, Laurent Gentes, et le maire de Freycenet-la-Tour et président de la communauté de communes, Jean-Marc Fargier, ont symboliquement soufflé les bougies des 15 ans du parc éolien.
D’importantes retombées financières« Ce qui pose souci, c’est que les éoliennes, elles se voient et elles s’entendent… L’aspect acoustique a bénéficié d’un travail de confiance avec EDF Renouvelables, pour réduire la production lorsque le sens du vent pousse le bruit vers les habitations les plus proches », détaille encore le maire de Freycenet. Ravi de voir le parc ouvert aux habitants, il en est aujourd’hui un ardent défenseur. « C’est une source d’énergies renouvelables indéniable. On ne peut pas être contre tout. Les éoliennes sont importantes, c’est un marqueur pour le territoire. » Pourtant, les opposants n’avaient pas manqué de pointer du doigt l’élu. « On m’avait promis que plus jamais je ne serai élu à cause des éoliennes », note celui qui est devenu depuis président de la communauté de communes Mézenc Loire Meygal. Pour les collectivités locales, l’intérêt d’avoir des éoliennes est surtout financier. « Cela représente 120.000 euros de fiscalité pour le territoire », rappelle ainsi Francis Audigier. Une somme que se partagent surtout les deux communes et la communauté de communes, mais aussi et dans une moindre mesure le Département. Des sommes qui ont permis de concrétiser certains projets « comme l’espace numérique » relève le maire de Freycenet. Dès leur installation, « elles ont attiré beaucoup de monde au début, puis un peu moins », note aussi le maire de Moudeyres Laurent Gentes. Un impact touristique qui vient surtout en complément du remarquable site que constitue l’étang des Barthes.
Le parc éolien des Barthes se trouve à une altitude moyenne légèrement supérieure à 1.200 mètres, au cœur du plateau du Mézenc et juste à côté de l’étang des Barthes. Cinq des six éoliennes sont sensiblement dans le même axe et une sixième sur Freycenet, un peu en retrait à 1 km. Photo Lionel Ciochetto
« Les opposants nous avaient dit que les éoliennes feraient fuir les touristes. C’est l’inverse. » Par l’école de la nature, un millier d’enfants en moyenne chaque année viennent découvrir les éoliennes. « Il faut évoluer avec son temps. Nous sommes au cœur de cette transition énergétique », insiste Jean-Marc Fargier. Pour EDF, au-delà de la production actuelle du parc, c’est la concrétisation du projet qui est mise en avant. « Vous étiez parmi les premiers en Haute-Loire. Il y a eu une réunion publique entre les deux communes pour en débattre, c’était une première. Je n’ai jamais revu cela ailleurs, cette volonté de travailler ensemble », se félicite Francis Audigier, saluant au passage Raymond Gagne, l’ancien maire de Moudeyres.Quinaz ans après leur mise en service, les éoliennes de Freycenet et de Moudeyres ne font plus débat. Désormais, ce sont tous les nouveaux projets qui soulèvent la contestation, comme à Saint-Jean-Lachalm, aux Vastres ou à Pradelles. Habitants et élus ont pu pénétrer dans la salle à l’intérieur de l’éolienne, là où se trouvent les armoires de couplage au réseau électrique. Seuls les techniciens habilités peuvent grimper dans le mât.
Lionel Ciochetto
Rave-party. L’autre réalité du parc éolien des Barthes, c’est d’avoir été régulièrement choisi pour y organiser des rave-partys. En cinq ans, six soirées de ce type ont eu lieu au pied des éoliennes ou dans un pré juste à côté. La première free party s’est déroulée en mai 2019. « L’accès est aisé grâce aux pistes forestières. Le lieu est facile à trouver et il y a de la place pour garer les véhicules » analyse le maire Jean-Marc Fargier. La dernière rave party au pied de l’éolienne numéro 4 remonte à avril. « Le gros souci a été le bruit porté par le vent du sud pour les maisons juste en face, nous avons des habitants qui n’ont pas fermé l’œil de la nuit », déplore le maire de Moudeyres.
Le projet éolien de Pradelles à l’enquête publique cet automne
Parmi toutes les personnes présentes jeudi dernier pour célébrer les 15 ans des éoliennes des Barthes, on notait la présence du maire de Pradelles Alain Robert.Les quatre éoliennes prévues à Pradelles sont un peu plus grandes que celles des Barthes et leur rendement meilleur. Photo Lionel CiochettoSa commune a un projet éolien en cours porté par EDF Énergies Renouvelables. Comme à Freycenet et Moudeyres il y a 20 ans, ce projet suscite de vives oppositions. Il comprend la construction de quatre éoliennes dans la continuité des parcs ardéchois situés sur les communes de Lavilatte et surtout de Lesperon (29 éoliennes).
Un peu plus grande que celles des BarthesLe projet de Pradelles comprend quatre nouvelles éoliennes d’une hauteur de 142 mètres en bout de pale et d’une hauteur sur mât de 91 mètres (contre 115 mètres et 80 mètres pour celle des Barthes). Leur puissance et leur rendement sont améliorés par rapport aux éoliennes installées il y a 15 ans. Celles prévues à Pradelles auront en effet une puissance individuelle de 3 MW ; soit, avec deux éoliennes de moins qu’aux Barthes, la même puissance globale de 12 MW pour le futur parc de Pradelles. Soutenant le projet d’EDF Énergies Renouvelables sur sa commune, le maire de Pradelles Alain Robert a indiqué jeudi que l’enquête publique pour l’installation du parc éolien devrait avoir lieu d’ici cet automne. Pour sa commune, malgré les nombreux opposants et les avis partagés, l’enjeu est important, avec des recettes attendues très importantes, d’autant que les parcelles visées au bois de la Chabassole, à proximité de la RN 102, sont des terrains communaux. Pour les retombées économiques, ce ne sont pas les maires de Freycenet et de Moudeyres qui lui diront le contraire... Leurs retours d’expérience sur l’incidence financière sont largement positifs.