Réformes des retraites : qu'en pensent les candidats creusois ?
Ana Pinson« Cette réforme était dans le programme d’Éric Zemmour. C’est la seule solution pour assurer la pérennité du système par répartition. Cependant plusieurs points font défaut dans cette réforme comme le manque de protection d’emploi des salariés de plus de 50 ans qui risquent de se retrouver au chômage sur une plus longue durée. La véritable prise en compte des carrières longues et de la souffrance physique, ainsi que celle des carrières souvent plus courtes des femmes avec des salaires moins élevés, reste également des points négatifs non résolus. Le régime spécial de la fonction publique n’étant pas concerné par cette réforme pose question sur l’effort républicain à fournir. Seuls cinq régimes spéciaux sur une vingtaine sont également concernés. Les projections budgétaires de cette réforme ne font pas état d’une nette amélioration des comptes. Ce qui laisse présager d’autres réformes à venir. De fait, ce qu’il manque davantage à l’équilibre budgétaire est le nombre d’actifs cotisants. Il est donc urgent d’identifier les solutions pour remettre de l’impulsion sur le marché du travail. »
Catherine Dumon« L’argent existe pour payer des retraites qui permettent à chacun de vivre dignement. Et c’est un droit légitime, après avoir travaillé des dizaines d’années, cotisé et fabriqué toutes les richesses, de cesser de s’user au travail. Depuis trente ans, tous les gouvernements, de droite comme de gauche, augmentent l’âge de départ et la durée de cotisation nécessaire. Chaque fois, ils promettent que c’est la dernière… jusqu’à la suivante. Pour les travailleurs âgés, c’est la double peine : les entreprises veulent s’en débarrasser, ils basculent vers le chômage dont les conditions sont elles-mêmes durcies. Les travailleurs pauvres deviennent des retraités très pauvres. Là encore, les travailleurs devront se battre pour imposer un droit à une retraite correcte pour tous. »
Valérie Simonet« La réforme des retraites a été une vraie catastrophe, tant sur la forme que sur le fond. Il n’est pas possible de passer de tels textes avec le 49.3 ! Si j’avais été élue, quand cette réforme a été proposée, j’aurais voté la motion de censure du gouvernement. Je pense que, sur un tel sujet, le travail n’est pas allé au bout des choses et que la solution miracle pour tous n’existe pas. Il était, surtout pour les plus jeunes, du devoir du gouvernement d’examiner toutes possibilités d’évolution législative, y compris une réforme sortant de la répartition intégrale, en proposant un socle commun de retraite par répartition et une fraction de retraite par capitalisation garantie par un fonds national contrôlé par l’État et géré de manière paritaire. On ne pouvait pas faire l’économie d’examiner, à tout le moins, cette piste sans dogmatisme. Le sujet des retraites reviendra plus vite qu’on ne le pense sur la table au regard de l’état catastrophique des finances de la France. »
Florence Verheyen Valade« La réforme des retraites… Encore un sujet passé en force en dépit de l’opposition du peuple. La seule retraite qui mériterait d’être révisée à la baisse, c’est celle de tous nos élus. C’est parfaitement indécent, deux poids, deux mesures. Une caste de privilégiés recyclables à volonté qui s’acoquine tant ils sentent bien le dégoût des électeurs pour la politique. »
Bartolomé Lenoir« Sur ce sujet, nous devons être clairs. Ceux qui ont un travail physique ou qui ont commencé à travailler jeune doivent pouvoir partir tôt et même à 60 ans. Je pense aussi à nos aînés que je croise tous les jours. Ils ont travaillé dur et leur pension doit être revalorisée. Emmanuel Macron nous laisse d’un autre côté une situation exécrable en ce qui concerne les finances publiques et il faut parler vrai. Ceux qui travaillent dans un bureau et qui ont commencé plus âgé devront partir un peu plus tard à la retraite. Il est extrêmement important d’avoir du bon sens et le sens des réalités car notre pays se retrouvera dans un état de faiblesse économique majeure si nous laissons filer nos dépenses publiques. Je pense particulièrement à nos entreprises qui ont besoin de voir leurs charges baisser pour recruter et diminuer le chômage dans la Creuse. En ce sens, comme il l’a été annoncé, l’audit de l’État nous permettra d’isoler toutes les dépenses inutiles qui handicapent notre économie. »
Jean-Baptiste Moreau« Pas de langue de bois ou de ni pour ni contre bien au contraire que j’ai entendu d’une candidate et pas la démagogie proposée par d’autres candidats, enfin pas tout de suite, enfin peut-être, enfin sûrement pas du tout. Les cotisants actuels cotisent pour les retraités actuels. Le nombre de retraités par cotisant augmente de façon importante de par notre démographie. Revenir à la retraite à 60 ans est une arnaque. Il faudrait réduire le montant des retraites ou augmenter le montant de cotisation, donc diminuer le salaire des actifs. Avec autant de retraités pauvres et une demande justifiée de hausse du pouvoir d’achat, c’est irréaliste. Il n’aurait pas fallu passer cette réforme au 49-3, c’est une erreur majeure, le Président aurait dû aller au vote. La réforme la plus juste était celle débutée en 2019, soutenue par la CFDT, la retraite par points. Il faudra retravailler sur cette retraite par points pour remplacer la réforme de simple report de l’âge qui n’a été ni comprise, ni acceptée. »
Catherine Couturier« J’ai toujours combattu cette réforme. En tant que députée, mais aussi dans la rue avec les Creusoises et les Creusois. 8.000 manifestants en Creuse, c’est un record. 75 % des Français étaient contre. Le Nouveau Front Populaire, s’il est au gouvernement, abrogera cette réforme dans les quinze jours. Puis progressivement, nous retournerons à la retraite à 60 ans. Mais il faut savoir comment vivent nos aînés à la retraite. Il est intolérable que 18 % des retraités creusois vivent sous le seuil de pauvreté. Nous proposons une revalorisation des minima retraites à la hauteur du Smic, financés par la progressivité de la CSG. Il nous faut penser au partage de la richesse. En France, nous avons 500 familles qui ont l’équivalent de 50 % du PIB, aucun Creusois n’en fait partie. De l’autre côté, nous avons 40 % des Français qui sautent un repas pour des raisons financières, et malheureusement je sais que de nombreux Creusois en font partie. Je me bats pour que nous puissions tous vivre dignement. »
(*) Nous avons donné une limite de 1.000 signes à chaque candidat pour chaque réponse.
Retour en images sur une mobilisation contre la réforme des retraites inédite en Creuse