"Les politiques ? On ne les intéresse pas" : Les SDF de Clermont-Ferrand évoquent les prochaines élections
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Comment votent les personnes sans-abris ? Pour y répondre il faudrait d’abord savoir qui ils sont et combien ils sont. Eux en tous cas sont tous convaincus : « Les politiques ? On ne les intéresse pas ».
Si certains politiques tentent malgré tout de s'intéresser aux sans abri, la tâche est compliquée. Marion Canalès, adjointe au maire de Clermont-Ferrand chargée de l’économie sociale et solidaire avoue son ignorance : « C’est une population que nous connaissons peu. Autant nous connaissons les détenus, dont 34 % ont voté aux dernières européennes, autant nous connaissons très peu les sans-abri. » Et Géraldine, qui tient un bureau de vote à Clermont-Ferrand (Elle n’a pas souhaité préciser) de confirmer : « On ne les reconnaît pas forcément, mais on peut se faire une idée. Et je n’ai pas l’impression d’en avoir vus beaucoup ! »
"Tous pourris !"La seule solution est d’aller les rencontrer avec d’abord Arnaud qui fait la manche rue Blatin, à Clermont-Ferrand. SDF ? Non ! Il a son logement. On ne saura pas où, mais tout va bien. Politiquement, il s’y connaît. « Tous pourris. » Et aux européennes, il a voté. Pour qui ? La réponse n’est pas claire, mais ça n’était pas pour Macron ! Quel bureau de vote ? « Clermont ! » Ça n’est pas un bureau de vote, mais nous n’avons pas relevé. C’est lui qui termine en disant qu’il revotera aux législatives « mais pas pour Macron ! »
Plus haut, à Chamalières, Dominique fait la manche dans la commune depuis des années. Il se présente comme le petit-neveu de Raymond Peynet, le dessinateur des amoureux. Son histoire politique est déjà ancienne : « J’ai croisé Giscard avec Danièle Gilbert dans le parc de la mairie. » Et pour ce vote, il a son avis sur la question. Il dit d'ailleurs suivre la campagne sur son téléphone portable. « Mais je ne pourrai pas voter. Des histoires de papiers. Mon assistante sociale s’en occupe, mais ça traîne. » Et puis il a d’autres soucis avec une expulsion en cours. Du coup, les législatives ne sont pas une priorité. Papiers, information, mobilisation, ou tout simplement intérêt, tous ceux que nous avons croisés avaient une bonne excuse. Bref, les SDF seront peu nombreux dans les isoloirs. D’où sans doute l’explication de l’affirmation du premier que nous avons interrogé : « Les politiques ? On ne les intéresse pas. »
Arnaud Vernet