Eau, électricité, transports, déchets... Comment le CA Brive est entré en mêlée pour réduire son impact sur le climat

Comme toutes les pratiques sportives en extérieur, le rugby est impacté par le dérèglement climatique. Du côté du CA Brive, on s’adapte et surtout on s’active pour réduire son impact sur le climat.

Des pauses fraîcheur après 20 minutes de jeu, quand le match se déroule sous une forte chaleur, ce qui n’arrive que rarement quand, en Pro D2, on joue à 21 heures, les deux tiers de la saison.

Des horaires d’entraînements avancés tôt le matin, afin que les joueurs ne souffrent pas de la chaleur dont il a été prouvé qu’elle peut fragiliser les organismes et favoriser les blessures.Il a été prouvé que la chaleur peut favoriser les blessures.

Encore plus lorsque ces entraînements se déroulent sur un terrain synthétique, où par grand beau, la température au niveau des crampons peut atteindre les… 60 degrés selon Dominique Schenck, le responsable de la préparation physique au CA Brive.

Comme tout le monde, les clubs de rugby professionnels doivent s’adapter au changement climatique. Étant entendu que pour le plus important, les horaires des matches, ce ne sont pas eux qui décident, mais la Ligue Nationale de Rugby et le diffuseur TV, en l’occurrence Canal +.

Lesquels vont sans doute être amenés dans les années à venir à plancher sur leurs calendriers, notamment concernant les phases finales qui se déroulent au printemps, période généralement chaude, ce printemps 2024 étant l’exception qui confirme la règle : des études démontrent que la pratique sportive sur l’année pourrait être amputée de deux mois sur l’année à la période la plus chaude.

Du côté du club professionnel briviste, on essaie avant tout de réduire son impact sur l’environnement au travers de plusieurs actions menées dans le cadre de la Responsabilité sociétale des entreprises (RSE) dont est chargé Louis Fovet. « On a créé une commission RSE en 2019 où figurent cinq piliers majeurs, dont l’environnement. On se rend compte que c’est une préoccupation de plus en plus forte des entreprises et que dans le même temps, les lois sont de plus en plus contraignantes, notamment avec le décret tertiaire qui veut imposer aux infrastructures sportives de réduire leurs émissions de carbone à hauteur de 60 % d’ici à 2050. »

Différentes actions ont été mises en place. Parmi elles, le tri des déchets. « Avec la Ville de Brive et le syndicat des ordures ménagères (Sirtom), on a mis en place une politique de tri dans tous les espaces du club, y compris dans les bureaux. On a créé une brigade verte au niveau de l’école de rugby. Deux heures avant un match, un agent du Sirtom vient sensibiliser les jeunes au tri des déchets. On fait ça avant les matches pour que le grand public voit les jeunes ramasser les déchets et qu’il y ait une prise de conscience chez les adultes. »Les bouteilles en plastique d'eau minérale ont disparu au profit des gourdes.

Pour réduire les déchets plastiques, les bouteilles d’eau minérale ont été remplacées par des gourdes et des rampes à eau ont été installées au sortir des vestiaires du terrain d’honneur et du terrain synthétique.

« La saison dernière, cela nous a permis d’économiser 2.250 bouteilles en 15 matches de Pro D2. »

L’eau est également au centre des préoccupations environnementales du CAB. « Dans le cadre d’une charte avec notre partenaire Suez, nous sensibilisons nos jeunes de l’école de rugby sur la ressource en eau. Dans le vestiaire des pros, nous avons également des panneaux rappelant qu’une douche ne doit pas durer plus de 3 minutes, sachant que parfois, ils prennent deux ou trois douches dans une journée. Les trois minutes sont d’ailleurs une recommandation faite au niveau de la FFR. » Par ailleurs, tous les robinets du Stadium ont été équipés de mousseurs et des économiseurs d’eau installés dans les toilettes.Chaque jour, 150 kg de linge sont lavés au centre de performance.

Cette volonté d’économiser l’eau se retrouve sur la partie laverie. « Chaque jour, il y a 150 kg de linge lavés. Les intendants ont juste à mettre le dosage de produit et la quantité d’eau est calculée par la machine à laver. »

Le CAB va également faire des économies d’électricité, grâce aux panneaux photovoltaïques installés sur la quatrième tribune qui entrera en fonction cet automne, ainsi que sur le toit du futur centre d’hébergement.

« La toiture de la tribune sera équipée de 550 modules photovoltaïques. Ils généreront une puissance de 230 kW qui permettra d’assurer une grande partie de nos besoins énergétiques. C’est un investissement pour le club, mais nous savons que d’ici quelques années, il nous rapportera. Sur l’année prochaine, la production d’électricité des panneaux permettra d’écraser 91 % des coûts de consommation du Centre de performances. »

La nouvelle tribune du Stadium sera équipée de panneaux photovoltaïques qui permettront de couvrir la majeure partie des besoins énergétiques du CAB.

Ces panneaux ne joueront pas sur l’éclairage des terrains, dont le coût est supporté par la Ville. « L’idéal serait d’avoir un éclairage led, mais c’est un investissement énorme pour la Ville. En attendant, on a fait le nécessaire auprès de la Ligue pour pouvoir réduire notre impact. Dans le temps, on allumait les lumières trois heures avant le match. Maintenant, ce n’est qu’une heure avant et on éteint 30 minutes après la fin du match. Quand c’est possible, on ne l’allume qu’à la mi-temps.

Le CAB s’est aussi engagé dans une démarche de mobilité durable. « On a créé une page Facebook, (CA BRIVE covoiturage) pour inciter le public à se déplacer en bus ou à remplir les voitures pour venir au Stadium ou pour suivre les matches à l’extérieur. Les transports, c’est 80 % des émissions dans le sport professionnel. » Toujours dans ce chapitre, Brive envisage que son équipe professionnelle effectue un déplacement en train. Cela pourrait être pour Soyaux ou plus probablement pour Aurillac, où il n’y a pas de correspondances.Habitué au bus, le CAB pourrait effectuer un déplacement en train la saison prochaine.

« D’autres le font, pourquoi pas nous. Vannes se déplace souvent en train à l’aller et en bus au retour. Le Racing le fait, l’UBB le fait », précise Xavier Ric, le directeur général du CAB. Des parkings vélo, trottinettes devraient être créés la saison prochaine.

Le CAB a mis des clauses avec les food trucks et les principaux traiteurs en charge du réceptif pour que ceux-ci s’engagent à trier leurs déchets que 30 % des produits employés soient d’origine locale.

On sait qui sera à la tête du restaurant de la quatrième tribune du Stadium de Brive et c'est loin d'être un inconnu

Le club a été champion de France des économies d’énergie sur les bureaux de moins de 5.000 mètres carrés, grâce à la réfection des huisseries et au passage aux leds dans 80 % des espaces de bureau. Plus les usages des salariés, éteindre les ordinateurs, les lumières…

À terme, le CAB espère pouvoir établir son bilan carbone. « C’est un budget et cela demande du temps. Mais c’est un objectif pour pouvoir mettre une stratégie détaillée sur la partie environnementale », estime Louis Fovet, qui a participé à la commission RSE de la LNR.

« Je suis en contact avec beaucoup de clubs. Certains sont vraiment précurseurs. Il y a des échanges, un partage des bonnes pratiques entre les clubs de Top 14 et de Pro D2. »

La mise en place à la rentrée d’un fonds de dotation, ouvert dès la rentrée aux sociétés comme aux particuliers, permettra à Brive d’aller encore plus vite dans son projet RSE et donc dans ses actions pour le climat.

Pascal Goumy