Un bis repetita se jouera-t-il au premier tour des législatives dans la circonscription Thiers-Ambert ?

En 2022, le Rassemblement national créait la surprise en s’invitant au deuxième tour des législatives dans une circonscription historiquement ancrée à gauche. Le scrutin de 2024 va-t-il aller dans le même sens ? Une seule certitude : les candidats en lice sont les mêmes, à une exception près.

Dans la cinquième circonscription du Puy-de-Dôme, il se murmure que les jeux sont déjà faits. Certains osent même voir le match rendre son verdict en un tour unique. Le député sortant André Chassaigne est vu par beaucoup comme le grand gagnant de ce nouveau scrutin. Le Nouveau Front populaire et un nombre de candidats restreint par rapport à la dernière fois pouvant lui profiter. Et pourtant. Les résultats des élections législatives de 2022 prouvent qu’un retournement de situation peut vite arriver.

Le député communiste lui-même en a conscience, et ne minimise pas sa campagne express en  comptabilisant pas moins de 18 réunions publiques en neuf jours.

Au lendemain du deuxième tour des législatives en 2022, j’avais déjà alerté sur la montée du Rassemblement national. C’est assez nouveau dans la circonscription. C’est la manifestation d’un vote de colère contre la politique d’aujourd’hui. Le RN est considéré par beaucoup comme une alternative.

C’est dans ce contexte que tous les candidats se sont lancé à bras-le-corps dans cette campagne "en responsabilité", tous bords politiques confondus. Que ce soit Véronique Bastet pour Renaissance, Yves Courthaliac pour Les Républicains, Gabrielle Capron pour Lutte ouvrière ou André Chassaigne pour le Nouveau Front populaire, ils veulent tous "faire barrage au Rassemblement national" incarné par Brigitte Carletto. "Ma candidature n’est pas un projet politique mais une réaction face à la montée de l’extrême droite", justifie la candidate de la majorité présidentielle Véronique Bastet.

Du côté du Rassemblement national, s’il y a deux ans sa présence au second tour était une surprise pour elle aussi, pour cette nouvelle candidature, Brigitte Carletto a musclé son jeu. Même si, de son aveu, elle ne souhaitait pas repartir. "Je pensais que je pouvais passer la main, comme je suis toujours active au niveau professionnel", confie-t-elle. C’est finalement la volonté de faire « barrage à l’extrême gauche » qui l’a décidée. Et surtout, "la confiance que j’ai en Jordan Bardella pour redonner de la grandeur à la France et mener les réformes qu’il veut faire".

Si en 2022, lors du second tour, l’intégralité des communes de la circonscription a placé André Chassaigne en tête, c’était loin d’être le cas au lendemain des élections européennes en juin dernier. Seule une commune, Grandval, n’a pas plébiscité le président du parti bleu marine. Un score qui inquiète dans les alcôves de certaines mairies. 

Preuve, s’il en fallait une, que l’enjeu de ces élections dépasse bien largement les circonscriptions en elles-mêmes. Car pour Thiers-Ambert, le passage de neuf à cinq candidats devrait, en théorie, profiter au député sortant, reste encore à savoir dans quelle proportion. Et ce qui semble être une évidence dans la cinquième du Puy-de-Dôme, ne le sera pas nécessairement dans le reste de la France.

Sarah Douvizy