Belgique : l’interdiction de la publicité, première étape vers un bannissement des jeux d’argent ?
Le Ministre belge de la Justice, Vincent Van Quickenborne, a statué sur la possible interdiction de toute publicité favorable aux jeux d’argent sur des installations en ligne et terrestres, à l’exception de la Loterie nationale. Aux yeux des exploitants légaux de jeux en ligne, la proposition semble maladroite, comme si seul devait en réchapper un […]
Le Ministre belge de la Justice, Vincent Van Quickenborne, a statué sur la possible interdiction de toute publicité favorable aux jeux d’argent sur des installations en ligne et terrestres, à l’exception de la Loterie nationale. Aux yeux des exploitants légaux de jeux en ligne, la proposition semble maladroite, comme si seul devait en réchapper un monopole d’État.
Cette façon de procéder par décret est doublement mal perçu, d’autant qu’à l’autre bout de la chaîne, la sanction ne se fait jamais attendre : en janvier 2022, notre site jeuxdcasino.org constatait la mise au ban de 30 nouveaux sites de jeux pour les opérateurs non-détenteurs du Sésame de la précieuse licence de la Commission Belge des Jeux.
Refus de la publicité et blacklisting éloignent d’un compromis
Ces règles négatives, de la part de l’État belge, coupent court à l’établissement d’un dialogue, en vue d’un encadrement juridique consenti par les acteurs. L’association des opérateurs belges Bago plaide pour cette approche collaborative, afin de trouver un modus vivendi qui satisferait les deux parties.
Par la liste noire, ces casinos en ligne sont frappés d’anathème et privés de fournisseurs d’accès internet. Les joueurs pris en flagrant délit sont signalés et paient des amendes.
En termes de réputation ou « publicité négative », être illégal renvoie à toute l’imagerie du soupçon de pratiques mafieuses, type blanchiment d’argent. Un établissement stigmatisé aura grand mal à espérer un retour en grâce. Il peut aussi se faire héberger à l’étranger et attirer des joueurs vers des pratiques interlopes, sans surveillance ni protection.
La frontière ténue entre jeu légal et illégal
L’association des opérateurs belges Bago rappelle au gouvernement qu’il est difficile pour les joueurs de faire la distinction entre les opérateurs légaux et illégaux.
Dans cette approche culturelle, le jeu serait considéré comme nocif par essence. Van Quickenborne parle de deux Belges sur trois tentés par le « démon du jeu » une fois par an, rythme contradictoire avec la notion « d’addiction ».
Plaidoyer du Bago : un tiers des opérateurs sur la sellette
Selon les opérateurs belges associés, un opérateur sur trois sur les réseaux sociaux en Belgique ne détient pas de licence. Si on y ajoute l’interdit publicitaire, on supprime le moyen élémentaire de générer des revenus : la publicité, et donc de chercher à se mettre à jour quant à la législation : un site bien en vue rapporte plus, génère plus de revenus de la publicité et par conséquent, est plus disposé à s’acquitter d’impôts… Le droit à la publicité donne des gages d’entrée dans les normes de sécurité et de fiabilité.
Par nature, la publicité pousse-t-elle à la surconsommation ?
Si ces sites litigieux restent sans revenus commerciaux, il est certain qu’on assistera à une augmentation radicale du nombre de consommateurs non protégés jouant chez ces opérateurs sans licence.
Pour combattre le risque que les sites ne glissent dans l’illégalité, il faut qu’en contrepartie, il existe une voie légale « royale » qui donne envie aux propriétaires de se conformer parce que, pour eux, c’est « rentable ». L’accès à la publicité, certes, contrôlée, permet de percer, dans la jungle concurrentielle.
L’image négative de la publicité est celle d’un matraquage aussi agressif qu’incitatif. Mais l’inverse est également vrai, lorsqu’on parle de campagne de prévention et de promotion des bonnes pratiques.
Les opérateurs parient sur l’autorégulation
L’association des opérateurs fait trois reproches majeurs à l’État dans cette accélération des sanctions :
- Elle met en exergue que l’État n’a pas consulté l’industrie du jeu avant de formuler son projet d’interdiction.
- Elle dit ne pas être certain que, dans cette décision d’interdit publicitaire, la préoccupation pour le consommateur soit centrale. À preuve l’exonération de la Loterie Nationale.
- Ensuite, le milieu des jeux offre de multiples moyens pour que les joueurs se fixent des limites de dépenses et prennent des pauses auto-imposées.
Les opérateurs légaux exploitant des algorithmes et de l’intelligence artificielle pour identifier les comportements de jeu problématiques émergents : il existe ainsi une liste EPIS [d’auto-exclusion]. Cela s’appelle le « jeu responsable« , dont les clauses sont mises en place dans tous les pays. Le Bago propose d’imposer un devoir de surveillance sur l’ensemble du marché légal en Belgique.
Des pas de géants à faire vers une démarche concertative
Le grand défi, pour le Bago, semble d’abord de capter l’attention de l’administration et que celle-ci accepte de composer avec les intérêts privés. Beaucoup tient des perceptions négatives :
- du monde du jeu,
- de l’action présumée de « lavage de cerveaux » de la publicité, ensuite.
L’action de l’État est celle d’animer les différentes branches professionnelles pour réguler le marché. Si elle permet aux opérateurs ayant commis des fautes bénignes de réintégrer la partie, tous les acteurs s’en trouveront gagnants, pour le mieux-être des joueurs et un assainissement des pratiques.