"Ce qui fait le plus plaisir, c'est qu'on a maîtrisé": comment les Crabos du CA Brive sont entrés dans l'histoire
Il y a d’abord eu les larmes. Celles qui ont coulé sur les joues des cadets Alamercery du CAB, battus de deux petits points dans leur finale (14-12), par une solide équipe de l’Aviron Bayonnais.
Mais elles ont vite séché avec la victoire pleine d’autorité, pleine de maîtrise, des juniors Crabos, tombeurs du Stade Toulousain par 23 à 15, hier. Co-entraîneur de cette équipe Crabos avec Régis Lespinas et Mayeul Duboisset, Jérôme Bonvoisin ne s’est véritablement détendu qu’au coup de sifflet final donné par M. Laloo.
« Le sentiment qui m’habite, c’est un sentiment de fierté, confie “Bonvoise”. Ce groupe n’a jamais rien lâché. Au-delà du titre, cette équipe a des valeurs. On a construit sur de l’affectif, de la générosité. Ce qui fait le plus plaisir, c’est qu’on a maîtrisé. Il n’y a pas trop eu de moments difficiles pour nous. Les Toulousains sont habitués à ce genre d’événement, pas nous. Cela fait quand même un moment qu’on courrait après un titre. On l’a?! Les Alamercery l’ont raté de peu, les Gaudermen étaient en demi-finale?! C’est bien pour la suite. »Les Brivistes ont laissé éclater leur joie au coup de sifflet final.
Face à un Stade Toulousain qui a l’habitude de passer au rouleau compresseur tous ses adversaires, quelle que soit la catégorie, les Brivistes ont tout simplement été énormes de sang-froid et de combativité pour aller chercher ce troisième titre dans cette catégorie après ceux de 1996 et 2011.
Si le succès est évidemment collectif, impossible de passer sous silence la prestation du demi de mêlée Anoa Laurent, auteur des deux essais corréziens en moins de cinq minutes, alors que Toulouse venait de passer devant au score pour la première fois depuis le coup d’envoi (9-10, 40e).
Sur le premier essai, il a surgi comme un diable de sa boîte pour marquer au pied des poteaux et récompenser le travail de sape de ses avants. Sur le second, il a mis dans le vent toute la défense toulousaine avec une vieille feinte de passe pour Omby pour mieux filer seul en terre promise.Les supporters brivistes avaient fait le déplacement en nombre.
« Être champion face à Toulouse c’est quelque chose de magique, concède le demi de mêlée. Je ne crois pas qu’il y a grand-chose de plus beau dans la vie. Mes deux essais, c’est d’abord le fruit du travail des copains. Sur le premier, on est crevé, mais on joue, on joue. Sur le deuxième, je viens juste récompenser la mêlée. Je n’avais plus qu’à aplatir. Depuis notre quart de finale, on ne réalise pas trop ce qui nous arrive. On ne revivra pas ça toutes les saisons. Alors on va bien en profiter ce soir. »
Jérôme Bonvoisin: "les garçons ont cru en leur destin et ils ont réalisé un truc fantastique"
Médailles de champion autour du cou, les Brivistes ont demandé à pouvoir garder leur maillot après avoir partagé un joli clapping avec leurs supporters. Demande acceptée par le président Bruno Marty : « C’est un oui, parce que vous êtes champions de France ». Et désormais à tout jamais dans la grande histoire du CA Brive.
Une seule et unique image suffira à résumer la détresse des cadets Alamercery, battus par Bayonne 14-12 hier à Casteljaloux, en lever de rideau du match des Crabos. Inconsolables Cette image, c’est celle de Quentin Devaud, le buteur briviste, inconsolable de longues minutes après le coup de sifflet final, au milieu de sa famille, après avoir manqué la pénalité de la gagne. Une pénalité pourtant difficile à passer dans les derniers instants du match, avec un vent tourbillonnant. Et s’il a bien eu au bout de son pied le titre de champion de France, difficile pour le buteur de supporter, à lui seul, la défaite. Car face à Bayonne hier, les Corréziens ont été trop brouillons et balbutiants en conquête, notamment en touche, pour mettre à mal une équipe qui a donc terminé la saison 2023-2024 sans la moindre défaite. L’entraîneur des avants Bertrand Brugeille qui a dirigé son dernier match avec Brive avant de partir à Périgueux posait un constat lucide après la rencontre. « On est tombé sur une belle équipe de Bayonne qui a su nous mettre en difficulté sur la touche. On a rectifié le tir en deuxième période. Après, les garçons ont été courageux jusqu’au bout. La finale se joue à un coup de pied qui passe à 10 centimètres. Ils peuvent se regarder dans la glace. »
Textes: Pascal Goumy et Benjamin Pommier
Photos : Stéphanie Para