Ladji Doucouré avant la rentrée du Clermontois Zhoya aux France Elite d'Angers : "On va voir un grand Sasha"
Ladji, comment va Sasha ?
Ça va. Il est prêt, il sera prêt pour ce dimanche ; ça suit son cours, ça suit son plan. Tout va bien.
Il n’a pas couru depuis début mars en Australie, pas fait les championnats d’Europe. Cela ne manque-t-il pas à sa préparation estivale ?
Non, cela manque aux gens. Dans le programme prévisionnel, il y avait les compétitions en Australie prévues à la place de la saison en salle, deux courses à faire avant les Europe, lesquels n’étaient qu’un point de passage. Dans notre planning, les France étaient plus importants parce que les Europe, à part marquer des gros points et un palmarès individuel, n’apportaient aucune valorisation pour le Jeux.
Et comme vous le savez, Sasha est un sniper ; il ne court pas partout. Dans la stratégie, on s’était dit au mieux on fait les Europe au pire cela n’a aucune incidence sur la préparation pour les Jeux. Cela ne plaît pas à tout le monde, mais on n’est pas là pour ça. On est là pour que ça plaise à Sasha et qu’il soit performant.
Vous bénéficiez d’un blanc-seing de la Fédération ?
En fait, les championnats de France, passage obligatoire, c’est 50 % de la qualification, et les autres 50 %, c’est le ranking de World Athletics. Les résultats de l’année 2023 (réalisation des minima et 6e aux Mondiaux de Budapest, ndlr) ont mis Sasha en athlète “prioritaire”. Quand tu as cette priorité, tu en profites et cela fait que la planification de la saison est différente. Le but, c’est d’arriver en forme pour les Jeux Olympiques. Et si c’est le cas, le contrat est respecté. On aurait été dans un autre cas de figure où il n’était pas prioritaire, les Europe devenaient une des priorités.
“Sasha, on ne sait pas où il en est, on ne le voit pas, et puis boum ! »
Ladji Doucouré
Les entraînements peuvent-ils remplacer la compétition ?
Non, il n’y a rien de mieux que la compétition. Après, cela dépend de ce que l’on cherche en compétition. Si c’est faire de la compétition pour être prêt pour la “grande compétition”, là oui. Et pour l’instant, il faut s’y préparer et avoir la dalle, créer du manque, être prêt à affronter les meilleurs, travailler avec les pics de forme. Sasha doit être là aux championnats de France et surtout à la période du 4 au 8 août. Quand tu es prioritaire, tu peux choisir deux pics de forme et pas trois. Et trois dans cette période-là, moi, je ne sais pas faire.
Sur le plan technique, qu’avez-vous travaillé ?
La première partie de course. L’année dernière, il a été vachement gêné par son orteil puis ses tendons d’Achille ont sifflé parce qu’on a changé de chaussures et la position de départ pour qu’il soit beaucoup plus saignant et rapide sur les haies parce qu’il fait partie de ces petits hurdlers en taille. Mais il a une qualité de souplesse remarquable et il a pris de la force. Maintenant, il faut contrôler tout ça pour faire de grosses performances. Il faut qu’à chacun des trois tours, il fasse moins de 13’’10. Il faut qu’il soit plus résistant, plus fort, que les premiers appuis soient plus performants.
A-t-il passé ces derniers jours des tests témoignant d’un état de forme compétitif ?
Il va arriver en forme ! Oui, il a passé des tests, et ils sont très positifs. On n’est pas inquiets mais on a envie de faire la surprise. Vous savez, les jeunes, ils aiment les storytellings : on ne sait pas où il en est, on ne le voit pas, et puis boum !
"Un deuxième pic de forme, aux Jeux"Selon vous, a-t-il définitivement réalisé la transition sur les haies 1,06 m ?
Il a passé le cap. Ses performances l’ont montré. Il peut courir vite avec des grands.
Aux France Elite donc, objectif triplé ?
Il a envie et ce serait bien. S’il fait un beau championnat, il valide aux yeux de tout le monde sa qualification et sa position prioritaire. Et il va le faire.
Et derrière, les Jeux ?
Non, les meetings de Paris, de Monaco, sans doute Lucerne puis les Jeux, le deuxième gros pic de forme.
Sasha serait-il fragile comme on l’entend parfois ?
Il joue le jeu de la vérité tandis que d’autres se cachent. Pas lui, c’est son côté anglophone. Du coup, il passe pour un mec fragile. Quand il dit “j’ai un peu mal au tendon d’Achille”, pour que cela ne s’aggrave pas avec l’intensité, on annule la compétition. D’autres, de peur d’être sanctionnés au niveau de l’image et des sponsors, vont mentir pour la faire, faire un faux départ. Sasha ne comprend pas ça ; la blessure, les pépins, ça fait partie du jeu au haut niveau.
Ressent-il encore une gêne au tendon ?
Non, il n’a plus mal, c’est fini, c’est passé fin mai. Mais c’était à dix jours des championnats d’Europe et on n’a pas pris de risque.
À quel Sasha s’attendre à Angers ?
On va voir un grand Sasha. Prenez bien votre dimanche !
Propos recueillis par Francis Laporte