La Seine n'est pas encore baignable, mais à Bâle ou à Vienne, on peut déjà nager en ville
Des milliers de nageurs voguant au gré du courant en plein centre-ville. Paris en rêve depuis longtemps, Bâle l’a fait. La ville suisse de 173.000 âmes propose chaque été à ses habitants et touristes de se rafraîchir directement dans le Rhin. Une pratique très populaire, aussi installée dans plusieurs pays d’Europe.
Il est ainsi possible de se baigner en ville à Munich, à Vienne dans le Danube ou encore dans le port de Copenhague au Danemark. "En Europe du nord, les pratiques de baignade en rivière, y compris dans les villes, ont mieux survécu qu’en France. Probablement parce qu’il y a un autre rapport à l’eau, la culture de la baignade en eau froide est notamment restée très présente dans les pratiques de santé", estime Julia Moutiez, spécialiste de la baignade en ville, architecte et chercheuse au sein du laboratoire CNRS du CRH-LAVUE.
Au-delà de l’aspect culturel, d’importants travaux d’assainissement ont permis à ces villes de garantir une qualité de l’eau suffisante aux baigneurs. Mais "les contextes urbains ne sont pas comparables" à Paris, explique la spécialiste. "Paris est une mégalopole très urbanisée, très dense. La problématique pour maintenir la qualité de l’eau est plus complexe qu’à Munich ou à Bâle." Et même dans ces villes, la baignade peut être interdite en cas de fortes intempéries.
"On ne peut pas tout contrôler"Malgré les investissements pharaoniques réalisés dans la capitale avant les Jeux olympiques, il est donc difficile de savoir si les épreuves prévues dans la Seine pourront s’y tenir. "Les dispositifs techniques ne suffiront jamais entièrement à parer une mauvaise météo. On découvre aussi avec ce projet de retour de la baignade qu’on ne peut pas tout contrôler, il y a toujours une part d’aléatoire", tranche Julia Moutiez, qui souligne néanmoins que rendre possible la nage dans la Seine serait un véritable atout pour Paris après les Jeux, en termes d’attractivité. "Si le plan baignade marche, cela permettra de mettre en scène l’image d’une ville avec une grande qualité environnementale et une grande qualité de vie, puisque la baignade devient de plus en plus un indicateur de la qualité de vie."
Sophie Bardin