Qui se cache derrière l'homme au micro ? Franck Marret, la voix de la course à pied, mais pas seulement
"Attends, je vais te faire rire !" Quand ça commence comme ça, avec Franck Marret, il vaut mieux avoir quelques minutes devant soi. Avec ou sans micro, l’animateur thiernois parle. Souvent. Et même beaucoup. Et toujours avec enthousiasme. Qu’il adore partager. C’est une figure du "mundillo" thiernois, qu’on ne présenterait presque plus. Quoi que…On le sait roi de l’animation.
Mais qui sait qu’il en était aussi le petit prince ? Entendez par-là dès son plus jeune âge. Et quand on parle "d’animation", voyez plutôt… Lui-même ne s’en cache pas. "Oui, j’étais un peu turbulent. Même très turbulent. J’en ai fait voir à mes instituteurs. J’en revois encore certains parfois, ils gardent de moi un souvenir impérissable."
Une affiche au collègeD’abord au centre A, puis aux Molles. L’enfant de la rue de Lyon, "né à Vichy sans que je sache pourquoi", verra ses parents très souvent convoqués à l’école. Une école, "qui ne m’aimait pas" (rires). "Je m’en fichais royalement. Ensuite, je suis allé à Audembron, puis au Pontel. Alors là, du “je-m’en-foutisme” à l’état pur, je ne faisais que le strict nécessaire. Avec mon copain Fougasse (Stéphane Fogarolo ndlr), on ne faisait que des conneries." Raconté par Franck Marret lui-même, endossant presque son costume de "comédien" qu’il aime revêtir souvent aujourd’hui, la verve fait son effet.Sans idée de futur, mais avec des capacités inutilisées, le titulaire d’un "bac moins deux" s’est néanmoins découvert une passion, à défaut d’être "attiré par un métier". En marge de l’obtention, tout de même, d’un diplôme en filière professionnelle liée à la comptabilité, Franck s’illustre derrière un micro. "En 4e, je suis tombé sur une affiche au collège, où il était inscrit : “Tu veux faire de la radio, appelle ce numéro”. Par curiosité, j’y suis allé, je me suis dit que parler dans un micro ça pouvait être sympa. C’était une sorte de radio municipale."
On m’a montré des techniques, et de fil en aiguille je me suis passionné pour ça. J’ai fait des remplacements pour des émissions, et c’était parti. Mais je n’en avais jamais parlé à mes parents, j’avais trop peur de leur réaction.
Le boute-en-train se serait-il canalisé ?
Un peu comme tous ces comiques qui faisaient rire leurs camarades dès leur plus jeune âge, Franck anime la vie des gens. "La radio m’a amené à faire des boums, souvent à Escoutoux, et on ne pensait plus qu’à ça, sourit-il. J’avais une quinzaine d’années." Le tout, avec le matériel rudimentaire de l’époque. "Une platine, une table de mixage, je passais deux ou trois disques, je parlais au micro, ça n’avait ni queue ni tête ! On se débrouillait pour prendre la chaîne hi-fi des parents, des copains… "
Les boums, les bals…Une belle époque tout de même. "Et après j’ai commencé à acheter un premier truc, c’était une paire d’enceintes Jamo, et au bout de deux soirées elle était explosée, parce que ce n’était pas trop fait pour (rires). Même les amplis chauffaient." À 17 ans, le voilà chargé de l’animation pour les commerçants de Thiers. Tous les samedis, et les vacances, il diffuse des messages publicitaires via une sono répartie sur l’ensemble du centre-ville. Puis il vivra une aventure en Grèce, comme GO au Club Med, qui ne lui laissera pas un souvenir fabuleux.
De retour en France, Franck travaille pour une sono-mobile, multiplie les bals, mais doit se résoudre à trouver un travail. Secrétaire-comptable, il enchaîne alors les aventures professionnelles, jusqu’à se retrouver à l’EPF-SMAF, qu’il quittera en 2019, pour vivre pleinement de sa passion, non sans crainte.
J’avais peur, car pour moi c’était un second métier passionnant que je faisais depuis 25 ans, avec 50 à 60 animations par an, et en le faisant au quotidien, je pensais perdre cette passion. Et finalement, ça s’est avéré infondé.
Avec désormais à son catalogue, des animations culturelles, artistiques, commerciales, professionnelles, et sportives, évidemment. Surtout la course à pied. Parce que depuis 1999 et sa rencontre avec Momo Aabouda, avec qui il allait courir après avoir arrêté de fumer, Franck est devenu un puits de science concernant les coureurs et les courses de la région.
Créer du lien, avec une voix qu’il doit protégerUne maîtrise, liée aussi à beaucoup de travail, et de sensibilité. "Moi ce qui m’intéresse, c’est créer du lien, j’aime ce contact. Il y a un échange d’énergie qui m’apporte une sensation de bien-être, car c’est du bonheur d’échanger avec les gens, même si les relations ont changé en 30 ans. Les gens sont beaucoup plus agressifs."Il y a 30 ans, Franck n’avait peut-être pas non plus la même voix, qu’il doit protéger aujourd’hui, à 53 ans. Son outil de travail fatigue un peu plus vite, "et se casse rapidement désormais", avoue-t-il. Une voix, véritable identité, au timbre apprécié, qu’il a appris à apprivoiser. "On n’aime jamais entendre sa propre voix. Mais je m’en suis fait une amie." En même temps, difficile de ne pas être ami avec Franck Marret.
Alexandre Chazeau