Kévin Vauquelin présenté par son ancien coach : "On a tout de suite vu que c'était un gros, gros talent"
Pouvez-vous décrire le parcours de Kévin Vauquelin ?
Je l'ai connu tout jeune. Il est arrivé à Bourges à 16 ans, en provenance de sa Normandie natale. On a tout de suite vu que c'était un gros, gros talent. Il y avait beaucoup de travail à faire dans tous les domaines. Il a évolué chaque année toujours plus fort. Il a été champion de France sur route juniors. Il a été triple médaillé sur les championnats du monde juniors sur piste. Il était à deux doigts de faire les Jeux olympiques sur piste, il y a trois ans.
Il est ensuite passé professionnel. Il a tout de suite eu de gros résultats et maintenant, à 23 ans, il est vainqueur d'étape sur le Tour. C'est une ascension fulgurante que j'ai eu la chance de suivre à ses côtés. J'étais encore à ses côtés jeudi dernier quand il se fait battre pour trois secondes sur les championnats de France de contre-la-montre. C'est beaucoup d'émotions de le voir là. C'est le début d'une belle aventure chez les professionnels.
Êtes-vous surpris de le voir gagner sur le Tour ?
(Rires) Non, je ne suis pas surpris. Depuis quelques années, j'ai pris l'habitude de dire qu'il ne me surprend jamais. Je le connais presque par cœur. Je sais qu'il a un orgueil de champion. Les trois secondes du chrono, il les avait dans la tête. Il n'admettait pas de se faire battre, même par un champion comme Armirail. Il a tout fait pour être champion de France sur route, il n'a pas réussi. Je savais qu'il allait sur le Tour pas pour le classement général, c'était vu avec l'équipe. L'objectif, c'était de gagner une étape. À la première occasion, il met au fond. C'est incroyable. Que ce soit lui qui débloque le compteur de l'équipe (il s'agit de la première victoire sur un Grand Tour pour Arkéa-Samsic, NDLR), c'est aussi un signe. L'équipe l'accompagne depuis trois ans, c'est super pour tout le staff et tous les coureurs d'Arkéa-B&B Hotels.
Quand vous l'avez fait venir au pôle, vous imaginiez-vous avoir un coureur capable de gagner sur le Tour ?
Non, ce serait mentir de dire que la voie est toute tracée dans le monde professionnel quand on récupère des jeunes à 16 ans. C'est vrai qu'on a vite vu avec Sam (Samuel Monnerais, alors son collègue au pôle France de Bourges) que c'était un coureur pas comme les autres. Il avait les qualités pour réussir à haut niveau, mais ce n'est jamais facile. Ses qualités physiques ne suffisent pas. Pour réussir, il faut aussi un mental. Et ce mental, il l'a. C'est un gros travailleur. Il a envie de réussir. Il est prêt à faire tous les sacrifices nécessaires pour réussir. Le voir gagner aujourd'hui, ça récompense tout le travail effectué ces dernières années par lui et son entourage.
Recueilli par Ludovic Aurégan