A Europavox, entre dégoût de l'extrême droite et espoir de la gauche
Ne mentons pas, à 20 heures, beaucoup de festivaliers étaient sur leur téléphone pour regarder les menus des food trucks, ce dimanche soir. L'estomac a ses raisons que la politique ne connaît pas.
Pourtant, pendant l'après-midi, les discussions autour des élections émaillaient les travées. Mais nous ne sommes pas sur un suffrage présidentiel, avec une révélation quasi hollywoodienne du résultat. Non. Et il s'agit d'un premier tour.
Il y a tout de même ce groupe. Jeune. Très jeune. Pour briser le cliché. Eux avaient les yeux rivés sur un smartphone, en groupe. Et immédiatement, le cri surgit. "Fait chier." Tout simplement. Et tout de suite, l'espoir reprend le dessus.
On a jusqu'au 7 juillet. C'est maintenant que le combat commence.
Doucement, le frisson circule. Chacun prend connaissance. Certains désabusés. "A quoi tu t'attendais. "D'autres, comme Stéphanie, refusent : "On ne peut pas faire comme si c'était normal." D'autres dansent, sans musique, dans la fosse. Des électeurs historiques de gauche, heureux de voir leur parti reprendre du poil de la bête. "Tout est encore possible."
On se doutait bien que le public d'un festival ne ressemblait pas au vivier des votants RN. Surtout un soir où la tête d'affiche s'appelle Shaka Ponk. D'ailleurs, Frah, le chanteur, avait tenu une longue litanie anti-RN, jeudi, au festival Garorock.
A l'heure où ces lignes sont écrites, on attend la montée sur scène du groupe. La première à se présenter devant le public s'appelle Olivia Ruiz.
La chanteuse dont la famille maternelle est d'origine espagnole débute son show en chanson. Mais dès le troisième morceau : "Cette chanson dit que nous faisons partie de la même famille, quelle que soit notre culture, quels que soient nos origines. Un hommage à la différence, tristement d'actualité. Elle s'adresse à toi, à toi, à toi..." Foule en délire. Fin du morceau. Deuxième couche : "On compte sur vous pour aller voter dimanche. On compte vraiment, vraiment, vraiment sur vous."
Simon Antony