Le Puy-en-Velay : les tours de l’église des Carmes sortent enfin de leur échafaudage
Le maire du Puy, Michel Chapuis, toujours un peu hésitant dès lors qu’il s’agit d’évoquer un délai, avait fini par lâcher avec ironie, lors d’un récent conseil municipal : « Je vous donne rendez-vous à la messe de Noël à l’église des Carmes terminée ! » Si cette même phrase prononcée par le passé lui avait valu des railleries au regard des différents rebondissements du chantier, cette fois, les travaux de l’église Saint-Pierre des Carmes semblent véritablement en bonne voie.
Le sommet des deux tours désormais parfaitement visiblePassés les derniers soubresauts liés à un problème de volume de pierres pour terminer le chantier, les entreprises Fabien Michel (Saint-Pierre-Eynac) et Demars (de Marcilly-le-Châtel, dans la Loire) ont réalisé un énorme travail pour rebâtir, pierre après pierre, rangée après rangée, les deux tours octogonales afin de redonner à l’église son aspect de 1860.Enfin dégagés de leurs toitures de protection, les deux sommets des tours octogonales laissent apparaître beaucoup mieux la progression des travaux de l’église et les balustres. Photo Lionel CiochettoDepuis plusieurs semaines déjà, les grands chapiteaux et les toitures de protection blanches qui couvraient les deux échafaudages des tours, ont été démontés. Ils ont laissé apparaître les nouveaux balustres en pierres sculptées qui délimitent le sommet de chacune des tours de l’édifice. Ces derniers, avec leurs motifs répétés de rosace, rappellent ceux qui équipent la façade principale, au-dessus de la porte d’entrée, repeinte en bleu au printemps.Des travaux d’étanchéité restent à réaliser sur la tour sud. Photo DRLes deux entreprises avaient repris le chantier en avril 2022, arrêté depuis la rentrée 2020 après les dernières livraisons de pierres. Comme Le Compagnon, l’entreprise Fabien Michel réalise une découpe et une taille des blocs (de 12 à 18 tonnes, en provenance de Turquie) dans ses ateliers. Une fois exactement à la forme et aux dimensions voulues, les pierres ont été installées sur les deux tours à reconstruire depuis la corniche. Si les matériaux turques n’avaient pas la teinte souhaitée, elles ont fait l’objet d’une « passe d’une première couche de patine à la chaux hydraulique et pigments naturels », indique l’entreprise Demars sur son site internet. Le rendu est réussi, mais on observe toujours une différence avec les pierres bâties par la précédente entreprise, qui laisse supposer qu’une deuxième patine sera appliquée.
Des travaux lancés à l’été 2017 pour 18 mois…Pour mémoire, les travaux sur l’église des Carmes a débuté en juillet 2017. L’entreprise Le Compagnon a initialement entamé le chantier avec la démolition partielle et la reconstruction des deux tours, ainsi que la rénovation complète de la façade. Le chantier a bien commencé, les pierres d’Indonésie, de la bonne teinte, arrivaient par container d’abord en quantité. Mais leur livraison s’est ensuite faite au compte-gouttes, suite à un changement de réglementation. Les deux tours de l’église sont désormais bien avancées au niveau des maçonneries. Photo DRCe manque de matière première a plombé le chantier et l’entreprise a été liquidée. Pour bien mesurer le retard pris sur les travaux, il faut se souvenir qu’à l’été 2017, on avait prévu de finir le chantier en 18 mois. En début d’année 2019, on espérait encore une livraison à l’automne de cette même année… Si les opérations se terminent cet automne, ils auront duré plus de 7 ans. C’est long, très long. Quant à la dimension financière de la rénovation de l’église des Carmes, l’addition finale reste encore à poser, avec toutes les lignes. Mais le surcoût s’annonce comme le retard : colossal.
Lionel Ciochetto