Docteur en microbiologie, auteur de BD, apiculteur... Pierre Joly ne s'arrête jamais

Pierre Joly, 36 ans, publie Nyota, une BD qui raconte la naissance d’une étoile. Mais Pierre est aussi docteur en microbiologie. Et bien d’autres choses.

Pierre ouvre la porte. Téléphone à l’oreille. Il s’excuse. Coup de fil professionnel. Il tourne dans son salon, s’excuse encore. Le temps d’admirer ce corps de ferme, ancien entrepôt de brocanteur, retapé avec sa femme. Pierre raccroche.

Des bribes de conversation entendues, il ne s’agissait pas de BD. La raison pour laquelle nous venons aujourd’hui. « Ce n’est pas mon métier. » Pierre Joly est responsable scientifique. Docteur en microbiologie. Il cherche à remplacer les pesticides par des micro-organismes. Il en parle avec passion. S’agite. Se fait intarissable. C’est à cet instant, alors que le café coule dans la cuisine, que l’on se dit que la conversation va être difficile à canaliser.

On sent alors ce qui a pu animer l’envie d’écrire : la transmission. « Ah oui, c’est vrai. D’ailleurs, j’ai été professeur des écoles pendant un an. » Un concours passé pendant sa thèse, de peur qu’elle n’aboutisse pas. Mais canalisons, canalisons. Pierre a passé la première partie de sa vie en Bourgogne. Venu à Clermont pour les études à 18 ans.

Mais je suis auvergnat. J’ai épousé une Cantalienne, c’est dire… 

C’est pendant ses études qu’il rencontre sa compagne, scientifique, ingénieure à l’université de Clermont. Là qu’il rencontre également l’écriture. « Il y avait un concours de nouvelles. J’ai joué, j’ai gagné. » Une victoire remportée avec l’histoire d’un globule rouge lancé dans une course. Le globule d’un marathonien. « Parce qu’il a la course dans le sang, sourit Pierre. Mais attention, tout le circuit sanguin était exact. » Transmettre cette exactitude scientifique restera dans tous ses écrits.

Le temps de ses études, longues de toute évidence, Pierre obtiendra quatre 1er prix et une troisième place. « On se dit qu’il y a quelque chose. » Pierre publie alors deux romans chez Revoir, la maison d’édition de Mirefleurs. « Léa qui illustre ma couverture, connaît une maison d’édition, qui lit un de mes scénarios, qui connaît aussi… » Faisons grâce du jeu à cent bandes, cela s’appelle la naissance d’un réseau. Résultat?? Pierre Joly publie. Beaucoup. En BD, parce que le format lui plaît et parce qu’il est papa « depuis presque dix ans ». D’ailleurs, est-ce que ses enfants lisent ses BD?? « Oui… Mais quand elles arrivent à la maison, ils disent “mais on connaît déjà en fait.” »

La question reste posée : comment trouver du temps pour autant écrire, entre recherche microbiologique et vie de papa à domicile?? 

Le soir. Mais je ne suis pas un fou, je ne bosse pas tout le temps. Parfois je joue aux jeux vidéo ou je regarde Netflix. 

Comme on le pressent déjà, Pierre Joly n’est pas du genre à faire les choses à moitié. Un petit côté obsessionnel peut-être. Alors on tente la question : quels jeux vidéo?? « Alors moi, j’adore… Attends, le mieux c’est que je te montre. » Direction le dernier étage. Là, Pierre se plante devant un meuble suédois à multiples casiers. À l’intérieur de chaque, une console. « La game cube, je pense que c’est ma préférée. Je suis très Nintendo de toute façon. » On retrouve aussi des NES, des Super-Nes, toutes les Playstation « sauf la 5, j’attends un peu ». Certaines ne feraient pas pâlir le passé brocanteur de la maison. « Écrire des scénarios pour les jeux vidéo, ce serait génial. » Il faut laisser Pierre partir à l’école de son fils, avec son épouse. À son retour, il ira au jardin. « Je suis issu d’une famille d’apiculteur. On a quatre ruches ici. On fait 100 à 150 kg de miel par an. Je garde mon passé d’agriculteur. J’ai 25.000 bêtes. » Nous partons. Vite. Canaliser. Canaliser. 

Nyota et les surveillants des étoiles, de Pierre Joly, éd. Jungle, 48 p., 13,50 €

Simon Antony