De nouveau déplacés, des Gazaouis contraints de dormir dehors
Le nouvel ordre d'évacuation de l'armée israélienne adressé lundi aux secteurs est de Khan Younès et de Rafah concerne environ 250.000 personnes, a indiqué l'Unrwa, l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens.
Il y a près de deux mois, un ordre similaire avait déjà entraîné des déplacements massifs depuis Rafah, que l'armée israélienne avait présenté comme le dernier bastion du mouvement islamiste Hamas, qu'il est déterminé à anéantir depuis l'attaque du 7 octobre.
"Nous ne savions pas où aller et nous n'avons pas assez d'argent pour acheter une nouvelle tente", a témoigné Ahmed al-Najjar, un homme de 26 ans habitant Bani Suheila, une localité concernée par l'ordre d'évacuation.
Les températures tournent autour des 30 degrés à travers le territoire palestinien, où l'accès à l'eau, à l'électricité ou à la nourriture est très précaire.
"Nous avons dû passer la nuit dans la rue et cela a augmenté notre stress. Ce matin nous avons décidé de retourner à la maison. Il n'y a nulle part où aller. Ce qui doit arriver arrivera", ajoute, résigné, Ahmed al-Najjar.
Des témoins ont rapporté de nombreuses frappes à l'est et au sud de Khan Younès.
L'armée israélienne a dit y avoir visé le secteur d'où ont été tirés lundi quelque 20 projectiles vers le territoire israélien, ciblant notamment des "infrastructures terroristes".
"Pas de place"
Quelque 80% des habitants de la bande de Gaza, soit 1,9 million de personnes, sont désormais déplacés, selon la coordinatrice humanitaire de l'ONU pour le territoire, Sigrid Kaag, qui s'est dite mardi "vivement préoccupée" par les nouveaux ordres émis par l'armée israélienne.
Depuis le 7 octobre, l'offensive israélienne sur Gaza a tué 37.925 Palestiniens, en majorité des civils, selon des données du ministère de la Santé du gouvernement de Gaza, dirigé par le Hamas.
L'attaque de ses commandos sur le sol israélien a entraîné la mort de 1.195 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP établi à partir de données officielles israéliennes.
Israël n'a pas indiqué s'il y aurait de nouveau une opération d'envergure dans le sud de Gaza mais ses ordres d'évacuation sont généralement un préambule à d'intenses combats.
Bien que des victimes continuent d'affluer, l'hôpital européen de Gaza à Khan Younès a commencé à transférer des patients vers un autre établissement car il est situé dans une zone à évacuer.
Sur un bout de terrain à al-Mawasi, sur la côte à l'ouest de Khan Younès, des centaines de déplacés se demandent de quoi demain sera fait.
"Il n'y a pas de place, ni pour nous ni pour aucun déplacé", se désole Bakri Bakri, 39 ans.
"Aucun repos"
Abdullah Muhareb raconte qu'il a déjà pris la route, d'un endroit à l'autre, lorsque les forces israéliennes ont visé Khan Younès, en décembre.
"Nous avons déjà beaucoup souffert, nous avons vécu longtemps sous des tentes à al-Mawasi", dit ce Palestinien de 25 ans.
Puis, au retrait de l'armée, sa famille et lui sont rentrés chez eux.
"Il y avait beaucoup de dégâts à cause des bombardements, mais nous avons arrangé la maison et avons réussi à nous reposer", dit-il à l'AFP.
Après les nouveaux ordres d'évacuation, "on est repartis", se désole-t-il.
"On ne sait pas où aller. On est retourné là où nous étions à al-Mawasi mais nous n'avons pas retrouvé l'endroit car il y a beaucoup de déplacés", témoigne-t-il.
"Nous avons dormi dans la rue sans abri, sans nourriture, sans eau. Il y avait des bombardements autour de nous", ajoute M. Muhareb, qui n'a "plus l'énergie" pour cette "guerre barbare qui ne permet aucun repos".