Lenny Martinez au Tour de France : "J'attaquerai tous les jours sur les étapes de montagne, pour n'avoir aucun regret"

Sa sélection de dernière minute sur la Grande Boucle, ses rêves de victoire d'étape... Le Nivernais Lenny Martinez (20 ans) a profité de la première journée de repos du Tour de France, ce lundi 8 juillet, à Orléans (Loiret) pour répondre aux questions du Journal du Centre. La jeune pépite française dresse le bilan de sa première semaine de course. Il l'assure, on le verra à l'attaque en montagne !

C'est l'une des principales attractions françaises de ce Tour de France 2024. Atout surprise de la Groupama-FDJ dégaîné à la dernière minute par Marc Madiot, au lendemain des championnats de France disputés autour de Saint-Martin-de-Landelles (Manche) les 22 et 23 juin 2024, le Nivernais Lenny Martinez se sait scruté, observé, épié pour sa toute première Grande Boucle. Et particulièrement attendu, lui qu'on présente souvent comme la meilleure chance française pour briller sur les courses à étape à l'avenir. 

Quelques heures à peine après avoir en avoir fini avec une première partie de Tour éprouvante (160e du général, à 1h46'23 de Tadej Pogacar), qui l'a vu squatter quelques fois le gruppetto, et commettre une "erreur de jeunesse" sur l'étape du Galibier, mardi 2 juillet 2024, passant à l'offensive bien avant le moment préconisé par ses directeurs sportifs, Lenny Martinez a profité de la première journée de repos du Tour de France, lundi 8 juillet 2024, à Orléans (Loiret), pour dresser le bilan de sa toute première semaine de Tour de France.

La prochaine étape de montagne, mercredi 10 juillet, avec une arrivée au sommet du Lioran, intervient la... veille de ses 21 ans. Un bon présage ?

Lenny Martinez, comment résumeriez-vous votre première semaine de Tour de France, vous qui découvrez la Grande Boucle, à 20 ans ?

Cette première semaine sur la Grande Boucle était assez difficile. Mais je commence à m'habituer au Tour de France. Au départ, ça fait un peu peur le Tour, on sait que c'est la plus belle course du monde, mais j'ai vite pris mes marques au sein du peloton. Je suis un peu fatigué, mais satisfait de ma première semaine. Cette étape de repos me fera du bien.

Vous étiez programmé pour être leader sur la Vuelta, mais vous avez demandé à être présent sur ce Tour avec la Groupama-FDJ*.  Vous vous attendiez à une première partie de Grande Boucle aussi rude ?

Honnêtement, les sensations sont meilleures que sur la Vuelta, l'an dernier (ndlr : il avait porté le maillot rouge de leader pendant deux jours pour son premier Grand Tour). J'étais davantage fatigué à l'issue de la première semaine. Je sens que j'ai pris de la caisse, comparé à la saison dernière. Je suis fatigué, mais pas non plus "mort".

Vous aviez prévenu qu'on vous verrait parfois dans le gruppetto, dans la foulée d'un Tour de Suisse en demi-teinte. Vous n'y avez pas échappé, dans l'étape du Galibier, sur la 4e étape, notamment (mardi 2 juillet 2024). Comment vont les jambes après neuf étapes ?

Les jambes ne sont pas si mal que ça. Elles n'étaient pas top au début du Tour, mais je me sens de mieux en mieux, je commence à avoir de bonnes sensations. 

Le Nivernais Lenny Martinez (Groupama-FDJ) en action sur la cinquième étape du Tour de France, un chrono entre Nuits-Saint-Georges et Gevrey-Chambertin, vendredi 5 juillet 2024. 

On ne vous imagine pas boucler votre premier Tour de France sans prendre une échappée, vous l'attaquant né. Les étapes de montagne de cette semaine semblent être un merveilleux terrain de jeu pour vous, à commencer par l'étape du Lioran, mercredi. Avant les deux étapes pyrénéennes de ce week-end. 

En regardant le Tour de France à la télé, on pourrait penser que c'est plutôt facile de prendre une échappée. Mais non, c'est très difficile, surtout quand tu as beaucoup de gars qui veulent sortir. Ça roule très vite ; quelles étapes de montagne me correspondent ? Toutes celles où l'échappée aura une chance d'aller au bout, je dirais ! C'est souvent le peloton qui décide de son sort, mais j'essaierai chaque jour de sortir sur les étapes de montagne.

Je veux être acteur de ce Tour, dans les échappées, et essayer de décrocher une victoire d'étape. Peut-être que ça sourira, peut-être que je n'y parviendrai pas. Je veux au moins essayer, et ne pas avoir de regret. 

A-t-on plus de pression qu'un autre novice lorsqu'on découvre le Tour à 20 ans, dans la peau d'un jeune Français, qui plus est quand on est annoncé comme la future grande pépite ?

Non... (il soupire) Les gens ont peut-être beaucoup d'attente pour mon premier Tour de France. J'en ai aussi bien sûr, j'aimerais briller sur le Tour dès cette année, mais je sais que je suis encore jeune. J'ai été programmé sur la Vuelta, c'est une découverte pour moi la Grande Boucle. J'ai encore pas mal d'années devant moi pour faire de belles choses sur le Tour de France. 

Des coureurs aguerris comme David (Gaudu) m'apportent beaucoup d'expérience sur cette Grande Boucle, comme lorsque j'attaque trop tôt sur l'étape du Galibier (la 4e étape). J'essaierai de ne pas reproduire cette erreur à l'avenir !

En 2012, comme vous, un certain Thibaut Pinot disputait le Tour avec la FDJ en étant retenu à la dernière minute, palliant un forfait. Il était le benjamin, vous êtes le deuxième plus jeune au départ. Pinot avait gagné en solitaire à Porrentruy (et fini 10e du général). C'était la révélation de ce Tour. Un bel exemple à suivre pour vous !

C'est marrant, c'est vrai, cette similitude. 

Thibaut Pinot était arrivé sur le Tour 2012 comme moi, à la dernière minute. ! J'ai repensé à cette victoire d'étape de Thibaut à Porrentruy, et je me suis dit, "pourquoi pas essayer d'aller chercher une étape moi aussi ?" Ce sera compliqué d'en gagner une, mais il faut toujours y croire !

Ce maillot de meilleur grimpeur, qu'a ramené à Paris votre grand-père, Mariano Martinez, sur le Tour de France 1978, vous tient beaucoup à cœur. 

(il sourit) Oui ! Ça va être un peu compliqué cette année, mais pourquoi pas essayer de porter un jour ce maillot blanc à pois rouges. En se retrouvant dans la bonne échappée, et en jouant la gagne d'une étape, on peut marquer de gros points, et vite se prendre au jeu.

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Pour vous qui n'avez que 20 ans, votre deuxième saison professionnelle est excellente, avec cinq victoires, dont la Classic Var et le Mercan'Tour. Et vous voilà déjà sur votre premier Tour. Vous imaginiez un tel parcours en début de saison ou l'an dernier, quand vous passez pro ?

Non, je n'imaginais pas faire une telle année 2024 ! C'était un début de saison exceptionnel pour moi. Ce sera compliqué de faire aussi bien sur la deuxième partie de saison, mais je ne lâche rien. Je vais essayer de faire encore de belles choses.  

* "Lenny [Martinez] a exprimé sa volonté d'aller sur le Tour de France. C'est notre joker qu'on abat sur le tapis", confiait Marc Madiot, le manager général de la Groupama-FDJ, à nos confrères de l'Equipe, le 25 juin, quelques heures après la sélection surprise du jeune coureur nivernais pour sa première Grande Boucle.

Propos recueillis par Alexandre Mazel, à Orléans