Le Tour de France s'offre un bain de foule à Aurillac
Le long du cours Monthyon, en face des bus des équipes, Marceau, 3 ans, se baladent au côté de son père, Eymeric. « Je l’ai retiré de la crèche, c’est la première fois qu’il vient voir le Tour. » Plus loin, boulevard du Pont-Rouge, l’Ehpad de La Louvière a sorti des chaises. Les résidents sont aux premières loges pour suivre le défilé de coureurs : « Ils ont assisté au passage de la caravane, ils ont tous eu des casquettes. C’est un moment de fête », sourit le directeur, Gwendal Le Berre.
De 3 ans à plus de 90 ans, tout le monde était aux aguets, jeudi 10 juillet, autour du village départ d’Aurillac, pour apercevoir un cycliste, partager un souvenir, récupérer un autographe… Petit maillot de la Red Bull Bora sur le dos, un enfant sur sa draisienne pose à côté de Primoz Roglic. « Regarde-moi », l’appelle son père.
Bardet le local, Pogacar le préféréPlus loin, un fan tend un bidon à signer à Romain Bardet : « C’est pour mon neveu. » Évidemment, l’Auvergnat était attendu devant son bus. « On cherchait des accréditations mais on n’en a pas trouvé », plaisantent Alexis, Victor et Nicolas derrière la barrière. Plus chanceux, Yann, 12 ans, a pu s’approcher de Romain Bardet et réaliser un selfie avec le champion local.Photo Jérémie Fulleringer
Mais, même en terre auvergnate, le bus le plus entouré reste celui de Tadej Pogacar.
C’est notre coureur préféré, c’est le plus fort
Après plus d’une heure et demie d’attente, la tunique jaune pousse le rideau et apparaît devant la foule qui scande son nom, l’interpelle pour une photo ou un autographe. Le Slovène signe des cahiers et maillots de jeunes supporters, puis file vers le podium protocolaire.
Guillaume Martin a son fan clubIl y trouve Jocelyne, imperturbable, parfaitement équipée avec sa chaise de camping le long des barrières. Depuis plus de deux heures, elle garde une place pour Claude et Didier, son mari et un ami, Didier. Les Normands ont délimité l’espace avec des banderoles Cofidis : ils soutiennent Guillaume Martin et le font savoir, accrochant à travers la ville des portraits du coureur qu’ils ont connu gamin.Photo Pierre Chambaud
« J’étais fleuriste à Sainte-Honorine-la-Chardonne (Orne) et on sponsorisait son club de vélo, à Condé-sur-Noireau, explique-t-elle. On le connaît depuis toujours?! » Et pas grave si le Tour passe loin de la Normandie : le trio le suit sur cette Grande Boucle. Au Lautaret, à Orléans, au puy Mary et à Villeneuve-sur-Lot. À chaque fois, ils chassent les autographes du champion et les distribuent.
Cela marche. Guillaume Martin les reconnaît et prend de longues minutes pour signer des bobs et des photos préparés à l’avance. C’est une exception, l’un des seuls, avec le Français Valentin Madouas, à s’arrêter aux abords du podium protocolaire. La plupart passe, visage fermé, laissant les spectateurs déçus.
Des encouragements pour tous les coureursAuprès des bus, une maman rassure son enfant : « Il se prépare pour sa course, mon cœur. » Mais la chasse offre aussi des moments drôles comme cette jeune fille qui voulait faire signer Aranburu et son maillot de champion d’Espagne sur son album avec les vignettes des coureurs. Manque de chance, c’est encore Oier Lazkano, son prédécesseur, qui porte le maillot distinctif sur cet album. « Soy aqui », reprend Alex Aranburu en pointant le bon portrait, avant de le signer. La petite chasseuse d’autographe est heureuse.
C’est la magie du cyclisme, de ce sport exigeant où le public encourage tout le peloton et où les champions sont accessibles. Anthony Turgis, vainqueur à Troyes, Wout Van Aert, Warren Barguil, Giulio Ciccone… Tous ont le droit à leurs encouragements au moment de passer devant le public jusqu’à la ligne de départ.
Un dernier décompte. « 10, 9, 8, 7, 6, 5, 4, 3, 2, 1… C’est parti. » Le Tour quitte le Cantal. Il laisse derrière lui plein de petits souvenirs et une belle ligne de sa grande histoire écrite mercredi, dans les monts du Cantal.
Mathieu Brosseau